Pour ceux ne connaissant pas encore
Auri, sachez que ce projet est en fait le fruit d’une idée originale de Troy Donockley, de
Tuomas Holopainen (tous deux dans
Nightwish) et de Johanna Kurkela, l'épouse de Tuomas. A l’origine, cette idée de second projet en parallèle avec
Nightwish existe depuis 2010, mais il leur a fallu attendre le premier congé sabbatique de
Nightwish en 2017 pour que le trio puisse avoir le temps d’enregistrer ce premier album éponyme enregistré aux « Real World Studios » de Peter Gabriel où le seul point commun identifiable entre
Nightwish et
Auri reste l'utilisation éventuelle de la cornemuse irlandaise par Troy Donockley. Par ailleurs, il faut savoir que le nom du groupe est basé sur un personnage féminin de "The Kingkiller Chronicle" de Patrick Rothfuss, ce qui fait qu'une partie du contenu et des paroles des chansons sont inspirées de son livre.
A l’évidence, il convient de préciser qu’
Auri n’est absolument pas un groupe de
Metal malgré quelques touches reconnaissables du style musical et de l’influence de Tuomas où le principal intéressé appelle de lui-même sa musique comme étant du « Celestial
Metal » ou de la musique «
Rabbit Hole » (qui pourrait être définie comme étant une chose inconnue, mentalement dérangeante évoquant le terrier animal dans Alice au pays des merveilles).
Ce faisant, lorsque l’on écoute les chansons créées par le groupe, on se rend compte que ce projet est une seconde nature pour ces musiciens puisque lesdits morceaux constituent un langage musical passionnant et distinctif restant véritablement difficile de catégoriser en utilisant des termes et des définitions de genres existants. Comme les membres du groupe vous le diront eux-mêmes, ce n'est pas une musique qui peut être décrite uniquement avec de simples mots, puisque la première chose qui vient à l'esprit en les écoutant demeure plutôt une cascade d'adjectifs.
Indubitablement, si l’auditeur ferme les yeux en laissant la musique remplir la pièce dans laquelle il se trouve, le monde entier disparaît en l'emportant dans un paysage imaginaire et immersif, quelque part entre le rêve et le réveil, surtout grâce à ce chant envoûtant donnant aux chansons une ambiance plus immédiate et plus proche de la réalité en agissant comme un pont entre les superbes morceaux instrumentaux surnaturels et l'impact émotionnel des paroles. Bref, le résultat est un mélange de musique qui semble authentiquement directe, mais aussi épique et cinématographique.
Après cette longue, mais nécessaire introduction, il est temps de passer au contenu avec le magnifique morceau d’ouverture intitulé "The Space Between" qui commence par un rythme percussif pour ensuite passer sur un rythme moyen avec un refrain et un passage symphonique épique couplés de mélodies folkloriques jouées à la flûte, le tout accompagné de la voix merveilleuse de Johanna Kurkela ; tandis qu’avec "I
Hope Your World Is Kind", l’atmosphère change immédiatement puisque la chanson est vraiment mélancolique et rappelle un peu les ballades de
Nightwish, sans les riffs de guitare bien évidemment.
Dans ce registre de ballades, "
Desert Flower" et "
Night 13" ramèneront l’auditeur dans le giron Folk et le balançant entre les gammes moyen-orientales et occidentales. Indéniablement, si la première citée demeure un morceau court (voire presque un interlude), avec un duo émotionnel entre Troy et Johanna et une mélodie triste au violon ; la seconde, elle, résume parfaitement la mission de l'album, avec de belles paroles qui suivent la mélodie du piano et des guitares acoustiques qui donnent le ton. Au fur et à mesure que la chanson prend de l'ampleur, il n'est pas difficile d'imaginer qu'elle puisse un jour être utilisée comme bande sonore pour une séquence de film d’action.
Vous l’aurez compris, ce disque coule comme le vent et serpente comme une rivière à travers ses nombreuses et belles chansons qui évoquent chacune des émotions différentes à l’instar de "
Savant", un véritable chef-d'œuvre atmosphérique abondant en expérimentations et en chemins non conventionnels, là où "Skeleton
Tree" peut l’accompagner dans la catégorie des musts de cet ouvrage. En effet, celle-ci possède un son légèrement macabre à l’instar du pays des morts ou comme un arbre avec des racines dans le monde souterrain mythique. Par ailleurs, la mélodie époustouflante de l’alto en fait l’une des chansons les plus hypnotiques de l’album. Cette obscurité continue dans "Underthing
Solstice", une chanson très mélancolique avec des orchestrations très belles et puissantes grâce aux notes envoûtante de l’orgue d'église.
Du reste, "The Name of the
Wind" est un chef-d'œuvre symphonique avec des cordes montant en flèche qui donne du crédit aux capacités de Tuomas en tant que compositeur talentueux. Cette description peut également convenir à "
Aphrodite Song" et la piste finale "
Them Thar Chanterelles" puisque toutes trois mettent fortement l'accent sur les prouesses vocales de Johanna, bien que les talents de Tuomas et de Troy ne puissent être négligés. Enfin, "See" demeure grandiloquente et très épurée avec des mélodies teintées du Moyen-Orient.
En définitive,
Auri est une œuvre magnifiquement mystérieuse de ces musiciens expérimentés. Elle n’a rien à voir avec la technique du jeu ou l’ostentation puisqu’elle est plutôt un voyage dans notre propre imagination où la mélodie et le silence créent à la fois des aperçus fugaces et des visions puissantes d’autres lieux et de sentiments familiers. Indubitablement, cela semble à la fois idyllique et surnaturel et le groupe avait absolument raison de dire que ce n’est pas une musique qui peut être décrite avec de simples mots. Parfois, il suffit de fermer les yeux, d’augmenter le volume, de baisser les lumières et de laisser le son vous raconter le reste de l’histoire.
Bref, ce trio a réussi à réunir une collection de chansons à la fois évocatrices et concises et fort heureusement, ce ne fut pas un « One Shot » puisque Tuomas avait annoncé lors de la sortie de ce premier jet qu'ils avaient l'intention de poursuivre en parallèle avec
Nightwish ; et cette révélation fut confirmée trois ans plus tard avec la sortie d’un second opus, mais ça, c’est une autre histoire !
Merci Jo pour ta chronique ! La première écoute avait été faite en parallèle d'une autre activité et ne m'avait pas vraiment donné envie d'y revenir, ce qui a désormais changé en lisant ton papier.
J'ai toutefois une remarque de relou à te faire
: "ce n'est pas une musique qui peut être décrite uniquement avec des mots, puisque la première chose qui vient à l'esprit en les écoutant demeure plutôt une cascade d'adjectifs". Les adjectifs ne sont pas des mots ? ^^ Au vu de ce que tu décris juste après, ce ne serait pas plutôt des images qui viennent à l'esprit ?

Voilà voilà, mon quart d'heure tatillon est terminé, je te laisse tranquille et te remercie de nouveau pour l'envie naissante de me plonger vraiment dans cette oeuvre
@Ensiferum93 : Bien vu! Je voulais écrire "de simples mots" et j'ai omis d'écrire le mot "simple"!
)
Va savoir pourquoi?! Pourtant je me suis relus! (J'ai l'air d'un con maintenant
Merci de me l'avoir fait remarquer je corrige immédiatement!
Je suis bien content que la chronique puisse t'avoir redonné l'envie de te plonger dans ce disque très envoûtant! Merci pour ton retour en tout cas! Cela fait plaisir!
Ps : garde ton côté tatillon car sans cela, ce n'est plus toit à fait toi
... et puis ça me fait toujours sourire 
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