Liste des groupes Hard Rock Snake Eye III

Snake Eye, le plus français des groupes de hard US, est enfin de retour, Je l’attendais de pied ferme celui là, porté par l'intérêt suscité par la qualité de leurs prestations, que ce soit sur scène ou sur support. Pour moi, Snake Eye est synonyme de rythmiques tranchantes et surtout de valeur sûre de la scène française.

Le fabuleux « Ritual Instinct » devait imposer le nom de Snake Eye au delà de nos frontières. Le groupe avait d’ailleurs laissé le soin de la promotion au label américain Kiven Records, marquant une période assez longue durant laquelle la formation s’est faite relativement discrète sur les scènes hexagonales pour des raisons que seuls ses membres connaissent. Il était donc temps de se remettre à composer afin de ne pas trop vite se faire oublier par les fidèles de la première heure et, qui plus est, en rallier de nouveaux à sa cause. Nos prières ont donc été exhaussées, comptant sur Brennus pour réussir ce nouvel assaut tant attendu et distribuer sa troisième offrande, sobrement intitulé « III ».

Le premier album avait jeté un pavé dans la mare, le second avait confirmé un véritable potentiel professionnel, le troisième album devait donc être l’album charnière qui pourrait sacrer Snake Eye au rang de chef de file dans un style peu pratiqué sur notre beau territoire. Armé d’un line-up légèrement différent, on retrouve le fabuleux Boban Milojevic au chant, secondé par les machines à riffs que sont Xavier Paladian et David Atlan. Notre petit monde est secondé par l’implacable section rythmique composée du bassiste Yvan Ramantsoa, dernier à avoir intégré les rangs du groupe, et Dom Morroni derrière les fûts. Après avoir dévoilé un peu l’intimité du groupe, nous allons nous pencher sur la frimousse du tout nouveau rejeton pour voir s’il est également tout beau.

La première écoute nous montre un « III » beaucoup plus orienté Hard US/AOR que son prédécesseur. Je vous rassure, la qualité des compositions n’a pas changée,de même que l’ingéniosité et la mise en place du riff-qui-tue, dont Xavier Palladian reste l’homme de la situation. Pas de mauvaise surprise donc, vous apprécierez ce « lll », surtout si vous êtes un inconditionnel des rythmiques typées qui ont jadis fait le succès des formations US telles que Ratt, Skid Row (... et j’en passe bien sûr…).

Les compositions sont-elles encore plus fougueuses que sur le second essai ? Nos frenchies nous offrent des compositions toujours aussi séduisantes mais cependant un peu moins spontanées si on devait les comparer à « Ritual Instinct ». Peut être doit-on y voir une volonté de contrôler et de calibrer davantage sa musique.

Les capacités vocales Boban Milojevic, au demeurant chaudes et puissantes, restent exquises et envoûtantes. L’écriture est implacable même s’il demeure cette étrange impression de réchauffé. Pourquoi se priver des ingrédients qui avaient fait le succès du précédant opus ? L’effet de surprise reste tout de même relativement moins efficace cette fois.

Cela ne veut pas dire l’album soit mauvais, loin de là! On retrouve le riff capable de vous faire headbanger un vieux mormon dépressif atteint de paralysie faciale. Le groupe sait faire vibrer la corde sensible que chacun possède, en particuliers les indécrottables qui sont restés encrés dans les 80’S.

Et c’est l’énergique et bien nommé « Resurection » qui aura la charge d’ouvrir cet album. L’amateur ne sera pas désappointé, l’anglais reste toujours la langue de prédilection, nous offrant le cocktail désormais habituel d’énergie à l’état brute, de compositions efficaces refrains imparables, le tout servi dans un style reconnaissable. Du riff fleurant bon le hard, « si t’en veux, y’en aura », et ce, tout le long de l’album. « Freak » saura d’ailleurs vous en convaincre… Bon titre, mais assez convenu, certains critiqueront peut être ce refrain qui sombre dans la facilité.

Au premier abord, ce "III" sera rassurant pour les amateurs, alors que d’autres pointeront une certaine asepsie due à l’absence de prises de risque.

Mais il n’y a pas d’album d’AOR/FM sans la présence de balades sucrées, la sincérité des sentiments les plus profonds s’étaleront sur « Turn Arround », dont le solo pourrait être un vibrant hommage à Vito Bratta, qui, je vous rassure, n’est pas mort… Notre soliste a toujours son jeu à tomber par terre et semble avoir étoffé d’avantage son jeu, délaissant son shred carré au profit de l’expressivité.

Avec « Highway To Love » on remonte d’un cran, toujours énergique et dans la veine des autres compostions, légèrement emphatique laissant apparaître une autre influence chère à notre groupe : Danger Danger. Encore un titre qui nous conforte dans l’idée que Snake Eye a gonflé son « lll » en y concentrant le meilleur de l’Aor. Ne cherchez pas l’originalité... Snake Eye mise sur l’efficacité.

D'autres compostions semblent elle aussi un peu anémiées, « Never Enough » se montre un peu décevant, en deçà des capacités d’un groupe de cette trempe. « Take Me Back » et « Live To Die » possèdent un matériel intéressant, attention toutefois à l’écriture qui peut donner un schéma un peu trop redondant.

Il y a donc du bon, du moyen mais aussi des titres efficaces tels que le couillu et dynamique « Cry For Mercy » permettant de mesurer l’influence qu’a pu avoir le génial Whitesnake sur notre combo. « Make It » est, pour moi, le titre phare de l’album, excellent et inspiré, renfermant toute la fougue et le talent du groupe. Un titre capable de vous botter magistralement le cul lorsqu'il sera jouer en live …

Passons maintenant au son, grâce à une production de très bonne qualité, une puissance généreuse émane de ce "III" tout en restant claire. je trouve cependant que la basse et la guitare rythmique semble avoir été trop mixée en retrait.

Objectivement, il s’agit donc d’un bon album, à la fois énergique,technique, sublimé par une émotion singulière et sincère, apparaissant toutefois un poil moins spontané que son prédécesseur. Ce « III » est composé de titres séduisants, taillés pour la scène. Un album qui ne pourra pas laisser l’amateur de Hard US des 80’S de marbre, mais avec peu d’agressivité et d’audace ont aurait pu avoir la galette française de l’année !!! Peut-on désormais placer ce groupe comme valeur sûre ? Pour moi oui, mais c’est maintenant à vous de juger…