Jason Richardson est un des guitaristes les plus talentueux de la scène de metal moderne. Aux côtés de figures telles que Lee McKinney, Mark Holocomb ou encore Tim Henson, le musicien est un modèle d’innovation et de fantaisie, un précurseur en termes de technicité et de mélodicité dans un monde aussi imaginaire qu’intriguant. Révélé principalement dans le groupe de death/metalcore progressif
Born Of Osiris, on lui doit ce qui est considéré encore aujourd’hui comme l’un des meilleurs disques de son genre à savoir The Discovery. Notre artiste a également fait son apparition dans la lineup de
Chelsea Grin et a participé à l’écriture de deux albums, respectivement My
Damnation et
Ashes To Ashes en 2011 et 2014. Depuis 2018, il rejoint deux nouvelles aventures metalcore avec
All That Remains et
Bleeding Through.
Au-delà de ces nombreuses collaborations,
Jason Richardson a aussi initié un projet éponyme encore discret avec le batteur Luke
Holland. Bien que le duo fut formé en 2009, il aura fallu attendre près de sept années avant de voir paraitre la première esquisse intitulée sobrement I. Néanmoins, l’attente ne fut pas vaine avec une exploration de la palette progressive riche et variée ainsi que la participation de nombreux invités de renom. Parmi eux, nous pouvons citer Rick Graham, Nick Johnson ou
Jeff Loomis d’
Arch Enemy. Malgré une longueur conséquente de plus d’une heure, les deux musiciens nous montreront l’étendue de leur technicité et de leur versatilité, le tout en autoproduction.
Six nouvelles années se sont écoulées avant de voir le second volet logiquement nommé II pour voir le grand retour de notre duo, toujours en autoproduction.
Nos deux compères nous avaient déjà affiché un aperçu de cette seconde toile avec
Tendinitis publié en 2018. D’ores et déjà, le duo nous plonge dans une mélodie qui mêle avec brio le dramatique, l’agressivité, le mystère et l’esprit colérique voire sombre. Comme à son accoutumée,
Jason Richardson nous mitraille d’un riffing hâtif, d’arpèges et de gammes. Le virtuose multiplie les techniques de guitare tout en préservant une certaine harmonie, une certaine cohérence. Nos Américains surprennent même avec un attrait plus aérien, limite féérique en milieu de morceau mais aussi par cette double panne finale qui vient intensifier l’esprit provocateur et bagarreur de l’ensemble. Luke
Holland n’est bien entendu par en reste et fait sans cesse évoluer son jeu sur divers styles comme le jazz ou l’expérimental.
Les deux artistes poursuivent leur route du spectaculaire et de l’extravagance qu’ils avaient déjà bien entamée lors du premier chapitre. Cependant, ce second acte peut parfois se montrer un peu plus monotone que son prédécesseur. En cause, notre duo s’est nettement plus imprégné du djent et de son schéma quelque peu cyclique. Cette attitude peut s’avérer flagrante comme c’est le cas pour Sparrow où la fin du titre peine véritablement à se renouveler au niveau du riffing. De manière générale, ce défaut se ressent principalement sur les dernières minutes des compositions qui se transforment même dans certains cas à du remplissage pur et dur. Si on prend p00mbachu, le breakdown final s’éternise et s’allonge sans grand intérêt car les variations demeurent assez minimes.
Hormis ces deux-trois répétitions,
Jason Richardson frappe de nouveau très fort avec une production toujours impeccable et des surprises à foison. p00mbachu en contient plusieurs dont une introduction qui nous immerge dans les forêts tropicales d’Amazonie, une interlude au jazz qui rappelle étrangement les films de James Band et plus inhabituel encore une section qui n’est ni plus ni moins que la musique des combats de dresseurs dans les tout premiers Pokémons.
Behold 2.0 met en avant sa tendance symphonique en atteste la présence de chœurs. L’ombre des dernières œuvres de
Shadow Of Intent n’est d’ailleurs jamais bien loin, s’ajustant à des passages techniques. Nous aurons d’ailleurs le privilège d’entendre un blastbeat de la part de Luke
Holland, un agrément peu commun dans la discographie du duo.
Upside
Down ferme magnifiquement la marche. Avec Tim Henson de
Polyphia en featuring, le morceau est une stupéfaction de bout en bout. Au départ très percutant, la chanson prendra un premier virage plus traditionnel, plus douce avec une approche qui s’apparente presque à du flamenco l’espace de quelques secondes ainsi qu’un second changement plutôt axé sur le jeu vidéoludique et le 8-bit.
II est un digne successeur du premier épisode de
Jason Richardson. On regrettera peut-être une prise de risques bien moins importante ainsi que des redites clairement évitables mais nos Américains gomment ces imperfections par une qualité de jeu et une production quasi irréprochables. A contrario des formations djent qui misent la plupart du temps sur le froid, l’aspect mécanique et la hargne, notre duo l’enjolive via des touches mélodieuses, des progressions et des amplitudes qui suscitent la curiosité. On espère désormais qu’il ne faudra pas patienter plus d’une demie décennie supplémentaire pour voir le troisième du nom être dévoilé.
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