Sans conteste, choisir l'appellation de
Hazemaze et cet bel artwork rétro psychélédiquo-cramoisie, signé Nick Potts, comme illustration de son 2 ème album implique qu'on ne va pas écouter des bluettes pop qui parlent de ciel bleu et d'amour infini à la Whitney
Houston. Ici, place au doom/stoner occulte et savoureux, qui tire son essence de
Black Sabbath et du son des groupes estampillés seventies.
Formé à Stockholm en 2016, ce trio composé de Ludwig Andersson (guitare, chant), Stefan Carillo (basse) et Nils Einéus (batterie) se montrent très productifs en sortant d'abord un live en 2017 et leur premier album éponyme en 2018 chez Kozmik Artifactz. Rejoignant l'écurie américaine réputée Ripple Music, ils investissent le studio Underjord pour les sessions de leur second effort, "
Hymns of the Damned", qui sort en novembre 2019.
Le long des 8 titres de la galette,
Hazemaze garde le cap à travers la brume épaisse à l'aide de production appropriée de Jonaas Hassinen, offrant à la musique un son modernement rétro. L'équilibre des instruments est précis, créant un ensemble cohérent.
Dès l'entame de "
Shadow in the Night", on est happé par cette batterie lourde et chatoyante, comme un tambour qui danse sur la terre des morts (merci Lavilliers). Tranquillement, le riff prend ses marques et s'efface un peu pour laisser la belle voix nonchalante de Ludwig nous conter une histoire de meurtres qui fleure bon le Londres de
Jack l'éventreur. Un break et une petite accélération plus tard, ce titre purement sabbathien remplit parfaitement sa mission et laisse présager un bien bon album. On retrouve cette même ambiance sur "Sollicitor of
Evil", à même de vous faire dresser les poils sur la nuque par son aura horrifique. À noter que ce sont les 2 plus longs titres, dépassant les 6 minutes.
La basse se taille une belle part sur "
Morbid Lust", avec toujours une science du riff recherché et une construction rythmique qui évite les redites dans le morceau. Refrain à l'avenant, solo cradingue , descentes de manche à l'unisson bien jouissives,
Hazemaze trouve ici une voie qui lui est propre. Voie entérinée sur "Thrill
Seeker" avec le ping-pong basse-guitare, son riffing en palm mute, la wha-wha sur la basse, un solo bluesy en diable : tout un arsenal finement utilisé pour un résultat décisif.
Et comment ne pas taper du pied tout le long de l'endiablée "
Lobotomy" qui n'opère pas à la cuiller comme Derek mais plutôt à la manière du docteur Lecter, par petites lamelles rythmiques fort bien agencées.
Le trio sait aussi appuyer (un peu) sur l'accélérateur avec les plus stoner "
Green River" et "
Reverend Death". Toujours basés sur les riffs et évoquant de sympathiques personnages (Gary Ridgway et
Jim Jones), ces titres plus directs font feu de tout bois et enfoncent bien les riffs dans les plaies.
L'auditeur, déjà groggy, se prend une dernière droite au détour de "Forever Trapped in
Hell", ultime incursion sur les terres désolées de Birmingham où naquit le mythe. Mais déjà en manque de ces riffs lourds, il s'empresse de rejouer le disque, encore et encore.
Même si l'originalité ne représente pas la qualité première du groupe, on ne peut que s'extasier devant l'habileté de
Hazemaze à composer de bons titres. Sachant concilier concision et qualité d'écriture, ces Suèdois sont engagés sur une lancée qui pourrait faire d'eux de futurs cadors de cette scène. Mais en attendant, autant profiter de ce très bon "
Hymns of the Damned".
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