Ils ont de l'expérience, une belle discographie derrière eux ainsi que du talent, mais il faut savoir que la carrière de
Dies Ater n'a pas été de tout repos. En effet, entre les coups bas, les mauvaises pioches et les innombrables soucis avec les labels, avec des problèmes financiers à la clé, les Allemands n'ont pas vraiment eu l'occasion de suivre un chemin parfaitement tracé. Ils ont réussi à sauter par dessus les obstacles avec succès, jusqu'à certains changements de line up : les départs du bassiste d'Obskur et de son remplaçant Ebonizer, puis le coup de massue, la décision fatale, la sortie du chanteur/guitariste Nuntius Tristis, conduisant à la séparation en 2009.
Le split de
Dies Ater a été plutôt passager, les musiciens reprenant du poil de la bête en 2010 grâce au retour de NT, sans non plus retourner en studio. Les nombreux concerts leur ont permis de retrouver cette flamme et cette motivation précédemment perdues. Le come-back est donc plus qu'attendu, les Allemands retournant aux Stage One Studio d'Andy Classen (
Krisiun,
Belphegor,
Legion Of The Damned) avec un album au concept ambitieux centré sur l'exorcisme d'Anneliese Michel et signé cette fois-ci chez
Obscure Abhorrence Productions.
Dies Ater a-t-il retrouvé toute sa force et son intensité après autant de déboires ? Ce « Hunger for
Life » peut-il concurrencer le précédent opus, «
Odium's Spring », faisant preuve d'une brutalité acerbe ? Il semblerait bien que oui. Le quatuor a beaucoup appris de ses mésaventures, utilisant son expérience et sa créativité pour nous concocter des morceaux d'une efficacité digne de ce nom. Sa musique se situe toujours dans la tradition du black metal scandinave des 90s, sans non plus faire dans le vieux jeu. Il propose des mélodies sans faire de la douceur, du symphonique sans faire dans le pompeux, de la noirceur sans manquer de subtilité. Combiné avec une certaine agressivité et un fort côté occulte,
Dies Ater nous emmène dans un monde malsain, dérangeant et froid.
Si l'introduction nous met dans le bain, « Blutpfad » révèle de nouveau tout le potentiel qu'a le groupe à aller au fait, sans chichi, sans grosse technique. Les riffs sont directs, assassins, le chant a de la poigne tandis que le rythme est rapide et que le clavier soulève une certaine atmosphère. Les breaks peuvent être inattendus, ils n'enlèvent en rien cette puissance ainsi que la capacité de
Dies Ater à alterner passages brutaux et passages symphonico-atmopshériques, à coups de nappes et de piano. Un morceau comme «
Dies Ater » évoque sans soucis le travail effectué sur le «
Odium's Spring », dont le côté tronçonneur des riffs souffle sans vergogne, toujours avec cette ambiance impeccable.
C'est véritablement à partir de l'éponyme « Hunger for
Life » que le concept se met en place et que le côté malsain et occulte prend l'avantage.
Dies Ater nous offre les samples de l'exorcisme d'Anneliese Michel, avec cette voix possédée. Les riffs, à la fois mélodiques et violents, sont entêtants tandis que le chanteur nous narre cette terrible histoire, soutenus par les claviers aux sonorités mi symphoniques mi industrielles. Après cette expérience toute particulière, la noirceur de « Branded with a
Cross » enfonce le clou, avec les samples de l'interview de Charles Manson, l'aspect malsain et perturbant de l'instrumental sympho/industrielle « Edge to Oblivion » nous écrase, et la reprise de la marche funéraire de Henry Purcell (compositeur du XVIIe siècle) «
Funeral March ».
Comme le disait le philosophe Nietzsche, « ce qui ne te tue pas te rend plus fort ». Les multiples mésaventures de
Dies Ater lui ont permis de prendre des force, de se dépasser et de transcender sa musique dans le même temps. « Hunger for
Life » est un opus on ne peut plus réussi, puissant, efficace et prenant, aussi mélodique qu'agressif, aussi occulte que profond, aussi brutal que sombre. Sans doute une des sorties les plus importantes cette année en matière de black metal.
Vraiment 2012 est un excellent cru, merci pour la decouverte de ce groupe.
Merci pour la découverte Matai (Maté ? Mataille ?) et à un véritable label underground comme OA d'avoir fait confiance à ce groupe, sans quoi je n'aurai jamais daigner perdre une seule seconde à l'écouter.
Pour mon pseudo, l'inscription sur SOM m'a bloqué l'utilisation d'un tréma, d'où le simple "i", mais il s'agit de Mataï (prononcé "mataille").
Je l'ai dépoussiéré ce w-e et c'est vrai que c'est un bon album de Black Sympho mais surtout malsain!
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