Liste des groupes Heavy Mélodique Raining Nails Human Deeds

Nouvel entrant dans l'antre heavy mélodique à chant féminin, ce quartet italien fondé en 2016 à Turin par le producteur, compositeur et bassiste de Sound Storm et Highlord, Massimiliano Flak, entend, légitimement, disséminer ses riffs au-delà de sa terre turinoise natale. Mais patience est mère de sûreté, dit-on...

En effet, suite à un minutieux travail d'écriture, achevé fin 2017, deux années supplémentaires seront alors nécessaires au maître d'œuvre pour trouver en Marika Vanni (Eternal Silence) l'empreinte vocale requise pour à la fois magnifier les pistes sanguines et sublimer les passages plus en retenue. S'agrégeront ensuite les talents de Giacomo Paradiso (Oracle Sun, Ex-Fallen Arise) aux guitare et ceux de Mattia Rubino (Sound Storm, ex-Aevum, ex-Regardless Of Me ) derrière les fûts. De cette étroite collaboration émaneront tout d'abord deux singles – « Antherm » et « Every Angel Has Its Demon –, soit deux des 10 pistes de leur premier et présent album studio, « Human Deeds », signé chez le puissant label italien Rockshots Records quelque sept années suite à leur sortie de terre. Indice révélateur d'une sérieuse envie d'en découdre de la part du combo transalpin...

Ce faisant, nos quatre acolytes nous livrent un propos heavy mélodique à la fois puissant, racé, enjoué et un brin romanesque, faisant cohabiter des sources d'influence aussi éclectiques que Battle Beast, Ela, Temperance, Crystal Viper, Halestorm et Frozen Crown. Enregistré, mixé et mastérisé tout comme pour Hollow, Eregion ou encore Dark Passage, par Massimiliano Flak, le méfait n'accuse que d'infimes sonorités résiduelles tout en faisant montre d'un mix parfaitement ajusté entre instrumentation et lignes de chant, et révélant une belle profondeur de champ acoustique. Pour mettre les petites plats dans les grands, le collectif italien a confié l'artwork d'inspiration fantastique à un certain Caio Caldas, prolifique graphiste brésilien et propriétaire de CadiesArt depuis 2009, sollicité à cet effet par Crystal Tears, DragonForce, Eternity's End, Obsidian, Seven Kingdoms, Soulspell, Wings Of Destiny, parmi tant d'autres ; une confondante finesse de trait assortie d'une riche palette de nuances de couleur s'offre à nous, cristallisant dès lors une bien alléchante vitrine. De quoi nous intimer d'aller explorer plus en profondeur la cale du navire...

Quand il ensanglante les fûts, ce qu'il fait volontiers, en dépit de quelques chemins de traverse empruntés, le combo aurait quelques clés pour aspirer le tympan. Ce qu'attestent, en premier lieu, « Chained » et « Every Angel Has Its Demon », up tempi à la confluence de Battle Beast, Ela et Halestorm. N'ayant de cesse de nous asséner leurs cinglants coups de boutoir et de déployer leurs riffs tournoyants adossés à une sanguine rythmique, ces torrentiels méfaits génèrent tous deux une énergie aisément communicative. Et si, dans un cas comme dans l'autre, quelques linéarités mélodiques s'invitent à la danse, ces dernières se voient néanmoins compensées par de fuligineux soli de guitare. D'autre part, eu égard à l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre. l'éruptif et ''halestormien'' « Anthem » nous prendra, lui, plus sûrement dans ses filets. A retenir également le trépidant « Refuge » qui, non sans rappeler Temperance, délivre de sémillantes séries de notes assorties des corrosives impulsions d'une interprète bien habitée.

Sur un même modus operandi, s'ils s'avèrent aptes à générer un headbang bien senti et sans accuser une quelconque irrégularité en termes de production ou d'arrangements instrumentaux, d'autres espaces d'expression se placeraient toutefois dans l'ombre des plages sus-mentionnées. Ce que prouvent aussi bien « Headcrusher » que « Rage of Justice », frondeurs et solaires up tempi aux riffs en tirs en rafale ; pourtant mis en relief par les corpulents médiums de la sirène mais essaimant de tortueux, voire d'inextricables, arpèges d'accords, ces deux saillants manifestes peineront à emporter l'adhésion. Mais le magicien aurait d'autres tours dans sa manche, et des meilleurs...

En effet, ce serait à la lumière de leurs plages au tempo mesuré que nos acolytes révèlent leurs plus séduisants atours, disséminant par là-même quelques pépites dans leur sillage. Ainsi, on ne mettra qu'une poignée de secondes pour se voir happé par le refrain catchy jaillissant des entrailles de « A New Way to Walk On » comme de « Not Strong Enough », entraînants mid tempi aux riffs épais, au carrefour entre Crystal Viper et Battle Beast ; mis en exergue par les claires et puissantes inflexions de la déesse et recelant chacun un vibrant solo de guitare, ces deux ''tubesques'' méfaits ne se quitteront qu'à regret. Dans une même dynamique, « Queen of Thorns » se pose tel un avenant mid tempo aux riffs crochetés et aux enchaînements intra piste des plus sécurisés ; s'écoulant le long d'une mélodie des plus agréables à défaut d'être inoubliable, où se greffent les corpulents médiums de la belle, l'enivrante offrande ne saurait davantage être éludée.

Lorsqu'ils nous mènent en des espaces tamisés, nos compères se muent dès lors en de redoutables bourreaux des cœurs en bataille. Ce qu'illustre « Close to You », ballade romantique jusqu'au bout des ongles et aux airs d'un slow qui emballe, que n'auraient sans doute reniée ni Battle Beast ni Temperance. S'écoulant le long d'une radieuse rivière mélodique sur laquelle semblent danser les troublantes modulations de la maîtresse de cérémonie, fortement chargé en émotion et s'achevant, en prime, sur un poignant solo de guitare, l'instant privilégié ravira l'aficionado d'intimistes contrées au moment même où il fera plier l'échine à plus d'une âme rétive.

A l'issue d'un voyage aussi mouvementé que palpitant, force est d'observer que le temps a joué en la faveur de l'inspiré quartet italien. A la fois volontiers pulsionnel, souvent enivrant, un brin corrosif et empreint de délicatesse, ce premier essai à la structure somme toute classique jouit d'une ingénierie du son plutôt soignée et du brio technique de chacun de ses membres. Pour espérer impacter plus largement encore le chaland, la troupe se fera fort de veiller à diversifier davantage ses exercices de style, d'affiner un tantinet le trait mélodique et de consentir à l'une ou l'autre prise de risque. Mais pour une initiale production, le collectif transalpin s'en sort très honorablement. Aussi, à l'aune de ce « Human Deeds », nos gladiateurs disposeraient d'un arsenal suffisamment affûté pour offrir une belle résistance face à leurs si nombreux opposants, voire même les propulser parmi les sérieux espoirs de ce registre metal. Bref, premier élan et premier vol ascensionnel de l'escadron italien...