Pour ceux à qui la Pologne n'évoque que
Pathfinder ou
Riverside (ou
Vader pour les plus brutaux d'entre nous), il est venu le temps de se rattraper. La Pologne propose en effet de plus en plus de groupes, dans tous les styles, offrant une musique de qualité.
Closterkeller, AnVision, ou encore
Votum en font partie. En ce mois d'
Octobre 2013, un petit nouveau vient s'y rajouter, et porte le nom d'
Exlibris. Le combo se meut dans un heavy metal mélodique aux fortes tendances power metal à l'européenne. Il n'est cependant pas question de musique épique avec des dragons à tous les coins de rue, ici le but est juste de jouer un musique bien efficace et pourquoi pas mélodique.
Et ça marche.
Exlibris offre avec
Humagination tout ce qu'il est possible de faire de mieux sans réinventer le style. On (en tout cas moi) est conquis dès la première écoute, et on ne se lasse pas non plus une fois les douze titres passés. On dirait que ces polonais essayent de jouer la musique la plus puissante possible, en faisant douze (ou presque) tentatives pour y parvenir. C'est donc à des rythmes rapides et frénétiques, des basses galopantes, et des soli à foison qu'on s'attend.
Ici, et comme souvent, la première chanson n'est pas la meilleure, car elle sert la plupart du temps (surtout dans le cas du premier album d'un groupe) à annoncer de quoi il va être question dans la suite, et quel style musical propose le combo. Follow the Light est donc un morceau de heavy metal très classique dans sa composition, bien que très moderne dans sa façon d'être joué. Rien d'original là, c'est étrange car c'est un titre qui ne représente pas du tout l'opus. La seule chose en commun avec le reste est la production. On remarque dès le début un son assez bon, moderne, avec une basse plutôt audible et bien mixée. C'est une très bonne surprise (qui restera tout le long de la galette) car ce n'est pas évident venant d'un petit groupe encore inconnu de profiter d'une si bonne production. Autre détail de taille, le chant est lui aussi très bon, avec un vocaliste évoluant dans un registre typique du power mélodique, qui allie (comme d'habitude) la puissance et les envolées dans les aiguës.
Le deuxième titre non plus n'offre pas grand chose de particulièrement intéressant par rapport au reste de la galette. On passera alors directement au troisième morceau, et ce sera la révélation.
Astral Geometry et son début symphonique-cinématographique vous convaincrons, j'en suis sûr, dès les premières secondes. La suite achèvera l'auditeur qui aura eu le malheur d'avoir poussé trop fort le volume sonore, et sa tête se verra envahie d'un refrain ultra-accrocheur aux paroles facilement mémorisables "
Eternal,
Immortal, Find your way …". Mais ce n'est pas fini, si vous avez trouvé ce titre soft,
Exlibris en remet une couche ; essayez donc All Guts, No
Glory, et regardez au passage le clip (visionnable sous ma chronique). Le rythme hyper speed ne vous a pas plus ? Testez quand même Elemental pour en être sûr ! Attention, ne vous laissez pas avoir par la très belle introduction au piano, ici c'est du heavy speed, pas de la musique pour les faibles ! Le passage instrumental du milieu vous plaît ? C'est magnifique n'est-ce pas ? Cette guitare vrombissante soutenant des orchestrations magistrales donnant une dimension épique de folie … Vous commencez à être convaincu hein ? Ça tombe bien, j'allais vous proposer un petit
Left Behind, un des meilleurs morceaux (et plus puissants) de l'album, si ce n'est le meilleur. Ah quel riff mes aïeux ! Jettez donc une oreille sur ces lignes de basses … On a rarement le droit à une basse aussi bien mixée et aussi audible, c'est une véritable perle que nous on pondu là
Exlibris. Et en plus, ce n'est pas la suite du morceau qui viendra gâcher notre plaisir. Le chanteur se livre à des montées dans les aiguës impressionnantes, capables de donner des frissons au plus trépassé des squelettes. Et ce refrain encore une fois …
Toute cette vitesse vous donne le tournis ? Vous êtes déjà fatigués ? Et bien voici venu le moment de The
Arrival.
Exlibris esquive habilement tous les pièges classiques de la power ballade, pour proposer une chanson presque douce d'une beauté rare. Vous aurez droit à un piano lent et délicat, doublé d'une guitare vrombissante contenant sa puissance, le tout accompagné par une batterie aux coups étouffés (une belle trouvaille ça). Le chant se repose aussi pour l'occasion, nous susurre presque de douces paroles à nos oreilles. Il faudra ensuite repartir, le temps d'un dernier morceau, intitulé The Curtain Falls. Encore une fois c'est un titre qui démarre en trombe, pour nous asséner un dernier rythme speed avec une basse suivant à la même vitesse. Le refrain se fait grandiose, soutenu par une bonne dose de chœurs, encore plus que sur les autres chansons. La partie instrumentale se caractérise par un long passage à la guitare, tantôt très technique, tantôt harmonique, avant de déboucher sur une série de refrains. La chanson n'est cependant pas finie, il reste un petit bonus délirant que je préfère vous laisser découvrir.
Exlibris n'avait pas pour objectif de révolutionner le heavy metal, mais plutôt de proposer un magnifique condensé de tout ce qui existe déjà. Avec
Humagination, les polonais piochent aussi bien chez Iron Maiden pour les riffs secs et les lignes de basses, que chez
Helloween (version Deris) pour la puissance, que chez
Rhapsody pour les orchestrations. Le résultat est bluffant, tout s'accorde très bien, et les différents éléments s'assemblent avec une remarquable cohérence. Le seul défaut de cet opus réside dans les deux premiers morceaux, d'un niveau vraiment inférieur. Mais pour tout le reste ce ne sont que des excellentes compositions, très entraînantes, qu'apprécieront tous ceux qui ne sont pas trop regardants sur l'originalité des paroles.
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