De l'eau a coulé sous les ponts pour le quintet allemand depuis son introductif album full length «
Nova » (2013) ; un palpitant effort auquel succédera, un an plus tard, un modeste mais seyant EP 3 titres dénommé «
Pure: Unplugged - Vol. 1 ». S'ensuivra une période de latence de trois longues années avant de voir la frontwoman Eva Gerland et ses acolytes - Stefan Santag (guitares), Pablo J. Tammen (basse), Dirk Marquardt (claviers) et Enrico Mier (batterie) - réinvestir les studios. Aussi reviennent-ils munis du sémillant single «
To Atlantis », titre inséré un mois plus tard dans la tracklist de leur second effort de longue durée intitulé «
How to Tame a Heart » ; une galette généreuse de ses 51 minutes sortie tout comme sa devancière via le prolifique label teuton 7hard. Huit ans après sa création, cette nouvelle offrande serait-elle de nature à propulser enfin le combo parmi les valeurs montantes du metal gothique à chant féminin ?
Fidèle à ses aspirations premières, le collectif continue d'officier dans un registre rock'n'metal atmosphérique gothique et mélodique, aux relents symphoniques, dans le sillage de
The Gathering,
Autumn,
Anneke Van Giersbergen,
Xandria (première mouture) et
Delain, et ce, tout en apposant son sceau artistique et technique sur la plupart des portées des 10 compositions de l'opus. A l'image de son aîné, ce second essai se dote à la fois d'un mixage équilibrant à parités égales lignes de chant et instrumentation, d'un enregistrement de bon aloi et de finitions passées au crible. Bref, une qualité de production difficile à prendre en défaut, assurant une mise en relief optimale d'un set de compositions aussi envoûtantes qu'intrigantes, aux fines nuances mélodiques et fortement chargées en émotions. Transpirant, tout comme son prédécesseur, l'indéfectible inspiration de ses créateurs et recelant, en prime, d'inédites sonorités, la cadette se pare d'armes tout aussi efficaces pour assurer sa défense face à ses challengers, toujours plus nombreux à venir guerroyer dans cette arène metal. Une exploration s'impose...
C'est à nouveau à la lumière de ses passages les plus vitaminés que la troupe se révélera la plus à même d'encenser le tympan, et ce, sans avoir à forcer le trait. Dans cette énergie, l'impact de l'entêtant refrain du tubesque up tempo «
To Atlantis » s'effectuera d'un claquement de doigts. A mi-chemin entre
Anneke Van Giersbergen,
Xandria et
Delain, s'inscrivant dans la droite lignée de « Coffin
Heart », le pimpant effort évolue sur un grisant sillon mélodique où viennent se greffer les chatoyantes inflexions de la belle. D'autre part, on ne saurait passer outre ni le pénétrant cheminement d'harmoniques ni l'ondulatoire et massif riffing exhalant de l'entraînant «
Portrait Enemy ». Bref, un second hit en puissance concocté par nos acolytes, dans la veine d'un
Amberian Dawn seconde mouture, infiltré par de sinueuses et sémillantes rampes synthétiques et les ensorcelantes patines de la sirène. Pour compléter un tableau déjà richement orné, l'enjoué « The Ones » essaime de souriantes séries de notes à la sécurisante coordination. En dépit du caractère répétitif du pimpant refrain, disposant de couplets éminemment efficaces, l'accroche s'opérera d'un battement d'aile auprès de l'aficionado de
The Gathering et consorts.
Dans une dynamique similaire, et pourtant moins aisément assimilables, d'autres pistes recèlent néanmoins de truculentes variations rythmiques ; de séduisants atours nous intimant de ne pas quitter prématurément le navire, in fine. Ainsi, à la confluence entre
The Gathering et
Autumn, l'énigmatique mid tempo progressif «
In Temptation » décoche de pulsionnels et vénéneux couplets sous-tendus par un épais riffing doublé d'un martelant tapping ; d'intrigants instants que relaient d'aériens et lumineux refrains mis en exergue par un duo mixte en voix claires évoluant à l'unisson. Un poil plus tonique et guère moins immersif, le ''delainien'' «
Hollow », quant à lui, se plaît à nous bringuebaler tout en desserrant opportunément la bride. A la déesse, eu égard à ses célestes et rocailleuses impulsions, de nous faire plier l'échine, un peu malgré nous. Pour sa part, l'éthéré « Dance of Pan » réserve d'insoupçonnées montées en puissance du corps instrumental et d'invitantes séries de notes, ce qui n'a nullement exclu la présence d'un pont techniciste qui ne s'imposait pas.
Quand ils retiennent les chevaux, nos compères nous conduisent en d'avenants espaces d'expression. Aussi, retiendra-t-on, d'une part, le mid tempo syncopé « Heather » au regard de ses grisantes séries d'accords aux enchaînement sécurisés et d'un refrain d'une confondante limpidité et propice à une inconditionnelle adhésion. Une élégante et hypnotique offrande enjolivée par l'angélique filet de voix d'une interprète bien habitée, que pourraient bien leur envier
Autumn ou
Darkwell. Dans cette lignée, le mid tempo « Your Love » imposera sans jambage aussi bien la fluidité mélodique de ses portées, dont le seyant refrain s'en fait l'écho, que son fin legato à la lead guitare. Dans la veine d'Anneke, et pourtant mis en habits de lumière par les graciles volutes de la sirène, les couplets du méfait accusent toutefois de répétitives harmoniques.
Conformément à ses aspirations actuelles, eu égard à un souci de diversification atmosphérique du propos, le combo nous mène, par ailleurs, en d'orientalisantes contrées. Ce qu'illustre précisément « Oasis », une galvanisante offrande pop metal gothico-symphonique aux troublantes séries d'accords, que n'auraient reniée ni
Xandria ni
Delain. A la maîtresse de cérémonie, de par ses magnétiques et limpides ondulations, de contribuer à nous retenir plus que de raison.
Pour preuve qu'ils entendent désormais conférer une touche plus symphonisante à leur message musical, tout en s'éloignant des rivages doucereux de leur première livraison, nos gladiateurs ont dorénavant troqué l'univers ouaté des ballades pour une orgiaque offrande rock'n'metal symphonico-progressive. Ainsi, le luxuriant « Dawning » se pose telle une fresque romanesque à l'énergie savamment dosée, dispensant une subtile et insoupçonnée gradation du corps instrumental. Au carrefour entre
Xandria,
Delain et
Anneke Van Giersbergen, la plantureuse ritournelle recèle un sillon mélodique d'une précision d'orfèvre, susceptible de ne pas lâcher sa proie d'un iota. Mises en exergue par les cristallines modulations de la frontwoman, les 9:40 minutes du rayonnant méfait glissent avec célérité dans nos tympans alanguis. Un exercice de style particulièrement épineux et souvent redouté par ses pairs, mais relevé de main de maître par le quintet teuton.
Aussi effeuille-t-on une œuvre à la fois puissante et sensible, pimpante et troublante, plus souriante et moins énigmatique aujourd'hui qu'hier.
Plus diversifié que son illustre aîné sur le plan atmosphérique, le présent opus se pare également de lignes mélodiques plus immédiatement accessibles, d'une technicité non moins éprouvée, tout en affichant l'une ou l'autre prise de risque. De plus, chacune des pistes de la galette témoigne d'une maturité compositionnelle et textuelle bien supérieure à ce qu'elle fut il y a seulement trois ans ; de louables progrès ayant pour corollaire l'inconditionnelle remise du couvert sitôt l'ultime mesure envolée. Ainsi, à l'aune de cette envoûtante, rutilante et solide proposition, le combo allemand semble désormais en mesure d'opposer une farouche résistance à ses concurrents.
Assurément l'une des valeurs montantes du metal gothique à chant féminin avec laquelle il faudra compter...
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