Les épreuves de la vie sont une succession de hauts et de bas qui nous est souvent impossible à prévoir. Certaines procurent une immense joie tandis que d’autres nous plongent dans des douleurs profondes. C’est dans cette certaine inconstance que le trio américain de Lightworker a imaginé son idée musicale à savoir une aura qui affiche une vision parfois sinistre, parfois optimiste. Cette représentation permet au groupe un équilibre entre passages agressifs et instants éthérés, dans un style relativement similaire à des formations comme
Bullet For My Valentine,
Bury Tomorrow ou encore
August Burns Red.
Ces collectifs n’ont pas été choisis aléatoirement puisqu’ils ont largement influencé la première œuvre de nos musiciens
Fury by Failure, publiée sous la maison de disques Solid State Records (
The Devil Wears Prada,
Fit For A King,
Silent Planet). Cette esquisse marquera un premier exercice fort honorable, même s’il ne réinventera aucunement les principales conventions du metalcore mélodique. C’est désormais dans une quête de confirmation et de franchissement d’un cap que les artistes américains reviennent avec un second opus nommé
How the Beautiful Decay, toujours sous le même label.
Dans sa conception musicale, ce nouveau-né est dans une totale lignée de son prédécesseur avec une écriture plutôt sommaire mais néanmoins infaillible. Le titre d’ouverture Hellscape nous met immédiatement dans le bain avec une petite introduction assez mystérieuse, voire inquiétante avant de nous balancer rapidement un riffing percutant mais harmonieux. La prestation vocale varie entre un screaming impitoyable et un chant clair bienveillant et même si ces placements n’ont bien de bien surprenants (on retrouve la plupart du temps les hurlements lors des couplets et la mélodie pendant les refrains), ils sont irréprochables. Le breakdown ne présente pas plus de stupéfactions, si ce n’est le vocal que l’on sent davantage fulminant et perforant.
C’est d’ailleurs dans son ébauche provocatrice que nos Américains avancent ses meilleurs arguments, notamment dans ses performances vocales et dans les instants « techniques » où les rythmiques sont plus hâtives. Un morceau comme
Rusted Crown imprime ce regard conquérant, une vélocité qui se caractérise principalement à des percussions hâtives, un riffing grave et un chant malveillant. On regrette tout de même que le trio n’ait pas conservé cette atmosphère bagarreuse tout au long de la mélodie et rebascule dans une voix souple lors des refrains. First Light fait étalage des mêmes ambitions, à la différence que la composition soumet une panne finale pleine d’intensité et d’animosité.
A l’inverse, la formation américaine nous adresse des chansons purement esthétiques où seul l’émotionnel, et plus précisément la mélancolie, prime. Malheureusement, la plupart de ces balades ne sont pas vraiment intéressantes, très superficielles et ne nous donnent pas une opinion bien positive du groupe. Ainsi, on laissera de côté le titre éponyme qui conclut l’album par cinq grosses minutes assez assommantes. En effet, aucune section n’attire réellement notre attention, le morceau se réduit dans son ensemble à une ambiance électronique quelconque et dénuée de sensations. Seuls les quelques instants où cordes et percussions font leur exhibition laissent l’infime espoir d’un renversement qui n’arrivera finalement jamais.
Là où
Fury by Failure intégrait plusieurs invités dans plusieurs de ses ouvrages,
How the Beautiful Decay n’inclut qu’un seul titre avec une double participation, celle du groupe de metalcore
Wolves At The Gate et celle du collectif de death progressif
Fallujah. Si l’affiche est très alléchante, le rendu est pourtant bien moins glorieux : bien qu’il s’agisse tout de même d’un des meilleurs essais de cet opus, les guests se fondent beaucoup trop dans le décor général. On se demande d’ailleurs si les deux combos ont bien participé à ce dessein car aussi bien instrumentalement que vocalement parlant, on n’observe pas de changements significatifs par rapport aux autres morceaux. Néanmoins, et comme tout le disque par ailleurs, la production reste exemplaire, net et sans bavures.
How the Beautiful Decay est une toile cohérente et solide dans la continuité des précédents travaux de Lightworker. La capacité du groupe à équilibrer pugnacité et sérénité montre une maîtrise certaine du metalcore mélodique, même si l'album ne parvient pas à surprendre ou innover de manière significative. Les performances vocales puissantes et les moments techniques de morceaux démontrent le potentiel et la virtuosité du trio américain. Cependant, les réalisations exclusivement harmonieuses peinent à marquer les esprits et laissent une impression mitigée. En définitive, cet opus, bien que produit avec soin, laisse entrevoir la nécessité pour nos musiciens de dépasser ses influences et d'explorer de nouvelles directions pour véritablement s'imposer.
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