En cette fin de cinquième année post-apocalyptique, les américains d’
All Pigs Must Die décidèrent de sortir du bois, en proposant leur troisième livraison intitulé «
Hostage Animal », quantre ans après le redoutable «
Nothing Violates This Nature ». Enrichit d’un second guitariste avec l’intégration de Brian Izzi de
Trap Them et toujours produit par
Kurt Ballou, le « all star band » est prêt à en découdre et a molester en masse.
Et de molestation, il en sera bien question sur les trois premières compositions qui ouvrent l’opus, où blasts explosifs, rythmiques alambiquées, riffs assassins « hardcore/crust », vocaux arrachées sont de mises et feront voler quelques dentiers pourtant solidement attelés. Sur ces trois morceaux, auxquels il convient d’ajouter «
Blood Wet Teeth », « Moral
Purge », « A Crustic Vision » ou encore « The
Whip » et « Meditation Of Violence », le « powerviolence » de
Nails est en ligne de mire, même si celui-ci est moins poussé à son paroxysme. Le riffing est ciselé et découpe à tout va, donnant une férocité supplémentaire à l’ensemble.
All Pigs Must Die a bien conscience de difficulté d’ingurgitation d’un disque basé sur ce genre de rythmique, c’est pourquoi le quintette a opté, comme à son habitude, pour des cadences plus lourdes et massives (« Slave Morality », «
End Without
End » ou « Cruelty
Incarnate » et «
Heathen Reign »). Ces accords éléphantesques, seront souvent combinés à des accélérations fulgurantes, achevant les derniers récalcitrants. Ces moments pesants seront l’occasion d’une mise en ambiance moite et poisseuse, hérité du «
Sludge ». Il en émanera de l’ensemble une atmosphère morbide, oppressante et dérangeante.
L’interprétation des morceaux est optimale et, à la vue du pedigree de ses membres, il ne pouvait en être autrement. Il faut louer la performance de Ben Koller qui fait office de centrale nucléaire, alternant les cadences sans sourciller, ainsi que celle de Kevin Baker, qui s’égosille toutes trippes dehors, avec une grande conviction. La production de
Kurt Ballou est à l’avenant, grassouillette à souhait et d’une puissance phénoménale, conférant un rendu compact et homogène.
La véritable force d’
All Pigs Must Die réside incontestablement dans les parties furieuses de pur « hardcore/crust », car il faut bien convenir que, lorsque la vitesse s’amenuise, le propos des américains est moins attractif. D’abord, l’enchaînement de « Slave Morality » et de «
End Without
End », deux titres plutôt écrasants, vient casser la dynamique engendrée par le départ tonitruant de «
Hostage Animal ». Ces deux morceaux sont d’obédience pesante, sans accélérations frénétiques, avec un riffing général assez répétitif, ce qui laisse poindre quelques longueurs. La rupture cadentielle avec le début de cet enregistrement est trop abrupte et manque de fluidité. Cet état de fait sera minimisé sur « Cruelty
Incarnate » et «
Heathen Reign » car ceux-ci sont dotés de poussées blastées, qui donnent le peps nécessaire afin de ne pas sombrer dans l’ennui total, même si pour «
Heathen Reign », le final traîne trop en longueur.
Le constat est sans appel, «
Hostage Animal » est qualitativement en dessous de «
Nothing Violates This Nature » dont l’efficacité était décuplée. Loin d’être mauvais, cet album comporte des uppercuts puissants qui laisseront certaines gencives sanguinolentes mais les moments lourds casseront le dynamisme de l’ensemble, même si l’ambiance générale morbide, poisseuse et funeste, est très attractive. Peut-être que mon exigence envers
All Pigs Must Die est trop élevée mais le niveau de compétence de ses membres, oblige à l’excellence, ce qui n’est pas le cas sur «
Hostage Animal ».
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