« L’horreur ne va pas sans l’imagination » - Arthur
Conan Doyle
Une évidence pour tous, une mise en pratique superflue, insignifiante, à la limite du grotesque : voici aujourd’hui comment nous pourrions définir le
Deathcore. Certes, certains groupes résistent encore et toujours à l’envahisseur à savoir l’inaptitude à proposer une certaine novation, ne serait-ce minime et à partir sur une auto-parodie de mauvais goût, presque à une imposture grossière mais force est de constater que le genre a énormément de difficulté à se moderniser et à être dans la capacité de tenir en haleine sur un opus complet son auditorat. Gros riffs secs, pig squeals dénaturés, branlage de manche, saturation des guitares ou encore breakdowns déstructurés, l’allégresse n’est plus de mise et le plaisir est perdition.
Qu’attendre donc de cette nouvelle génération du
Deathcore ou de ces simples formations passagères ajoutant une simple piécette parmi tant d’autres dans un lac totalement desséché ? Pour la plupart pour ne pas dire la majorité, nous n’en entendrons plus jamais parler. Néanmoins, pour les autres, certains arrivent à se détacher de cette mascarade, apportant exotisme et fantaisie, preuve d’un genre capable de renaître de ses cendres. Malheureusement pour eux, ces derniers ne connaîtront jamais le succès tant attendu, tant que les cadors du genre feront autant d’ombre et continueront leur ascension dans ce qu’on pourrait appeler leur « art ».
Pour
Antenora, cette énième formation américaine de
Deathcore, le chemin semble donc tout tracé : anonymat le plus complet, cliché aveugle, musique démodée et innocence quelconque. Pourtant, le quatuor dégage un concept fort intéressant et méconnu d’un grand nombre : le
Blackened Deathcore. Mélange subtile, osée mais exaltant entre death et black metal, le genre a peine à se populariser malgré des têtes d’affiche assez impressionnantes comme
Lorna Shore ou
Carnifex. Parfois même, il n’est pas impossible de rencontrer un ou plusieurs claviers pour un rendu plus symphonique et morose.
Dans notre cas, oubliez toute mélodicité et tout élément euphorique car
Antenora puise dans un black plutôt hâtif et pestilentiel, notamment au niveau de ses ambiances qui sont parfaitement foisonnées. A commencer par Synthetic Abomination, une intro plutôt ravageuse, mélancolique et fiévreuse avant d’accentuer sa précocité et de faire place à un climat plus cinglant. Dans son ensemble, une majorité des morceaux garderont le même schéma même si l’on peut noter l’impressionnant
Tragedy of Renfield, dégageant à son paroxysme un black funeste et désemparé, que ça soit niveau instrumental ou vocal mais surtout d’une durée de presque neuf minutes, très inaccoutumé pour être souligné dans un genre où les morceaux ne dépassent guère les quatre à cinq minutes.
The Bride, quant à lui marque la période flegmatique et ambitieuse où les guitares s’entrelacent et apportent scintillement et espoir.
Néanmoins, certains points sont légèrement fâcheux. Le principal d’entre eux réside dans le fait que notre quatuor ne va pas toujours au bout de sa pensée, présentant quelques morceaux se rapprochant indéniablement à du
Deathcore pur jus ou tout du moins, où les apparences black sonnent absentes comme Djin ou encore
Psycho.
Malgré cela, côté instrumental, nous sommes stupéfaits par le fait que la batterie ne soit pas du tout prépondérante, encore plus quand on sait qu’il s’agit d’autoproduction, contrairement à de nombreuses orchestrations et que parfois même, elle semble un petit peu noyée par les cordes. Nous sommes également enthousiastes à l’idée que nos musiciens tentent une approche symphonique comme c’est le cas sur From
Blackened Bomb. Autre fait vraiment surprenant demeure l’absence totale de breakdowns, pourtant signe de fabrique du
Deathcore. Il est indéniable que ce sujet n’est absolument pas un défaut car le tout est bien exploité et agréable à écouter. La basse, quant à elle, joue un rôle fondamental dans les atmosphères : étonnamment groovy et où le sweeping est exceptionnellement maîtrisé. Le vocal reste assez emblématique du
Deathcore classique, parfois criard mais la plupart du temps growlé mais reste néanmoins efficace et appétissant.
Quelle extase devant cet «
Horrors » ! Certes, il y a encore quelques points à perfectionner pour nos Américains afin de s’approcher de la perfection mais le contrat reste parfaitement rempli pour ce premier album alléchant et novateur. En alliant un black sinistre et effrayant et un death nuisible et provocateur,
Antenora propose une nouvelle vision d’un
Deathcore essoufflée et vieillot qui pourrait bien intéresser néophytes comme connaisseurs.
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