Tranenzeït est un groupe normand formé en 2008. S'auto proclamant comme un groupe d'"horror métal" , il prend le parti d'une ambiance marquée par le malsain et la mélancolie avec ses textes écrits en français, en anglais et en allemand. En 2011, il sort son premier album intitulé "Horror Experience"
Commençons les présentations de cet univers étrange et décalé ou les normands de Tranenzeït nous emmènent à travers leur album: voguant entre zombie, piraterie, et la crainte du temps qui passe, le voyage, comme l'annonce le premier morceau "Prélude au tourment", ne se fera pas sans peine. Dès le début, l'album s'annonce bruitiste avec le son d'une horloge, qui s'ensuit d'un air calme et ambiant ; on pénètre dans un monde à la frontière du réel et du surnaturel, ou voir un zombie surgir parmi les décombres d'une industrie fantôme massacrée par le nucléaire devient envisageable.
Les sonorités, des bruitages divers a certains riffs bestiaux , nourrissent tout au long de l'album les thèmes que le groupe veut aborder et les rythment, et s'alliant aux chant d'
Ominous et de Dargor, ils rendent l'atmosphère étrange et prenante, sur un fond de dérision.
Bien que le chant d'
Ominous ne soit pas toujours juste, le rendu est pourtant plaisant et agréable, et constitue l'une des marques de fabrique et un point fort du groupe. On s'en aperçoit à travers "les larmes du temps", dont les paroles sont en français. Réellement, le chant féminin apporte quelque chose à l'ambiance générale, un paradoxe qui ne s'explique pas et qui contre balance pourtant habilement cette ambiance, malsaine et sombre.
Le son, parfois un peu mal enregistré, et les structures lentes n'empêchent en rien à l'ambiance de prendre, et le plaisir de l'écoute reste là.
C'est d'ailleurs sur un air entraînant, que "The jackal" nous emmène jusqu'à une frontière au vent égyptien et fait office de récréation dans un album ayant visiblement pris le parti d'être sombre. "Pavillon noir" est du même acabit,
on est loin des riffs lourds et oppressants, avec ce titre plus dansant que les autres. Il s'agit là d'une force de ce groupe, que de savoir, avec une certaine dérision, passer de l'angoisse au festif.
Comme on peut le sentir il s'installe donc une forme de second degré, et l'on comprend vite que le groupe, sans avoir la prétention de faire passer un message, prend avant tout du plaisir à dresser son univers, toujours plus nerveux.
"Fur immer" monte d'ailleurs la cadence d'un cran: les riffs beaux et puissants qui s'accélèrent semblent nous suggérer qu'une meute de zombie arrive dans notre dos et qu'il ne nous reste comme issue que de les trancher à coups de sabre de la piraterie.
Certes, les structures musicales sont souples, parfois presque simplistes, et c'est pourtant ce qui permet au groupe de changer aisément, de chambouler toute son ambiance plusieurs fois au cours d'un seul morceau tout en restant cohérent, et cela semble constituer l'un des partis pris de musiciens souhaitant s'exprimer sur scène autant qu'à travers leur albums. "
666 Road of the
Devil" l'illustre à merveille avec ses motards ripailleurs qui comptent bien vous amener à dos de bécanes pour une petite traversée à l'ancienne, entre scorpions et psychopathes qui se jettent à vos trousses, entre la poussière du désert et un soleil brûlant qui cogne fort sur les sites nucléaires abandonnés
L'album connaît pourtant quelques baisses de régimes que l'on peut regretter : "
Dead Walk", le morceau le plus long d'Horror Experience s'essaie à une expérimentation un peu bancale qui peine à montrer tout son potentiel.
Le groupe s'initie globalement pour son premier album au talent de varier d'une ambiance à l'autre, de faire passer chez l'auditeur différentes émotions.
Ainsi "Face à Face", après nous avoir confronté au paradoxe d'une introduction planante et énigmatique, devient rapidement plus métal et oppressant, s'alliant aux paroles afin d'illustrer la terreur d'un vivant se confrontant à la mort par son propre reflet.
D'une autre façon, "Alone in the valley of death" change radicalement d'ambiance avec une guitare claire et solitaire qui vous emmène sur la vallée de la mort, ou il n'y a qu'un vent triste pour vous accompagner, un vent de désespoir alors que vous vous trouvez seul et abandonné de tous. Ce morceau se distingue du reste de l'album, plus court, sans chant et plus mélancolique que les autres et semble marquer un temps de pause au milieu d'un album plutôt nerveux.
L'album ferme la parenthèse du voyage avec un titre beaucoup plus calme que la majorité de l'album. "Horror Experience "s'acquitte de toutes les horreurs précédentes et laisse l'opportunité de se les remémorer une dernière fois avant de quitter pour de bon le navire et de cesser le voyage.
Alors certes "Horror Experience" ne révolutionne rien, mais le style n'en demeure pas moins efficace, et en plus d'assurer de bons moments à l'écoute, il promet pour les lives à venir.
Peut être les thèmes se mélangent-ils sans réel fil conducteur, et que l'enregistrement n'est pas toujours irréprochable, mais on peut se dire qu'au vu de la qualité globale de l'album, il serait bien dommage de ne pas se laisser tenter de suivre ces normands là et d'aller combattre à leurs côtés!
Ce premier album d'horror métal est cependant parfois un peu hésitant et tâtonnant mais au vu de ce début prometteur, il sera intéressant de suivre la carrière de Tranenzeït. Une telle volonté de recherche avec ce goût prononcé pour le décalé peut amener de belles surprises sur le long terme .
Bref, qu'on ait peur de l'invasion prochaine des zombies, qu'on soit fasciné par la piraterie ou angoissé par l'horloge maudite qui nous amènera tous de l'autre côté, "Horror Experience" à sa dose de thèmes fort et ses arguments pour vous faire valser d'un bord à l'autre tout du long de l'album
En même temps il est normal de faire valoir son droit de réponse et défendre sa création.
J'ai été confronté a de bons et mauvais avis en live ou concernant les projets musicaux auxquels j'ai participé et même si ça fait mal c'est la règle du jeu.
L'important c'est votre vision et votre conviction personnelle.
Si cette chronique vous blesse comment réagirez vous aux critiques plus dures dont vous ferez l'objet un jour ou l'autre comme la plupart des groupes?
Je ne m'investis pas beaucoup sur le site, je m'en "sers" plus on va dire, comme beaucoup, et les rares fois où j'"entrelis" les chroniques je lis des énormités qui ne servent qu'à descendre le groupe et pas à le faire progresser.
Quand je lis cette chronique je lis de l'énervement, du "c'est de la merde" étc...
Merci de contribuer à l'extinction et la fermeture d'esprit du métal!
J'aurais plutôt écrit des phrases disant : ce n'est pas du horror metal, il y a de grosses lacunes, il y a des progrès à faire... mais ceci et cela est intéressant... étc.
Je suis un touriste et nomade sur le site, comme la plupart, et franchement, hors de ma vue des chroniques pareilles pour faire splitter des groupes, ça me donne bien envie d'enlever som de mes favoris simplement.
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