Liste des groupes Metal Mélodique Mist Descends Horizons

Né d'une idée originale de fusionner les talents de ses six membres, ce groupe finlandais créé en 2014 à Helsinki, conscient des risques courus à se lancer tout de go dans l'arène, a précisément opté pour un échafaudage pierre par pierre de son projet. Aussi, ce n'est qu'après quelque neuf singles réalisés (entre 2016 et 2024) que le combo sortira son premier et présent album full length, « Horizons », via le puissant label finlandais Inverse Records. Ce faisant, en quoi les six des neuf singles ici retenus seraient-ils à même de hisser le sextet nord-européen parmi les sérieux espoirs du metal mélodique à chant féminin ? Cela étant, les 36 minutes du ruban auditif de ce premier élan permettront-elles à nos acolytes de tenir la dragée haute à leurs challengers, toujours plus nombreux à se bousculer au portillon ?

Dans ce dessein, nos six compères (Julia, en qualité de frontwoman, Niko, aux guitares et au chant, Peltsi, aux guitares, Eppu, aux claviers, Jerry, à la basse, et Jussi, à la batterie) ont progressivement fait évoluer leur son comme leur style, orientant désormais leur message musical vers un rock'n'metal mélodique à la fois racé et empreint d'élégance et de sensualité, mâtiné d'une touche atmosphérique et électro gothique et progressif. Aussi, des sources d'influence aussi éclectiques que Anathema, The Gathering, Theatre Of Tragedy, Vuur et Metalite se font-elles tour à tour sentir, la touche personnelle en prime. Pour sa mise en musique, l'introductif opus bénéficie d'une qualité d'enregistrement de bonne facture, d'un mixage bien ajusté entre lignes de chant et instrumentation et de finitions passées au peigne fin. Mais montons plutôt à bord du navire et levons l'ancre pour une croisière, espérons-le, ponctuée d'îlots d'enchantements...

C'est à la lumière de ses passages les plus enfiévrés, les moins nombreux, que le collectif marquera ses premiers points, et non des moindres. Ainsi, pourvu de riffs crochetés, d'un fin legato à la lead guitare et d'un refrain immersif à souhait, et s'écoulant concomitamment le long d'une radieuse rivière mélodique sur laquelle se greffent les angéliques oscillations de la sirène, l'entraînant et ''gatherien'' « Hexagon » se jouera de toute tentative de résistance à son assimilation. Non moins cadencé, « M.A.B.D. » s'offre, lui, tel un mid/up tempo metal mélodique à la colorature électro gothique, dans le sillage de Metalite. Voguant sur d'organiques et linéaires sonorités tout en disséminant de puissants et métronomiques coups de boutoir, ce sanguin et sensuel effort dévoile parallèlement un refrain, certes, déjà couru, mais des plus efficaces, ainsi qu'un pont techniciste bien amené, investi d'un poignant solo de guitare, lui-même suivi d'un bref mais fringant solo aux claviers. Mais nos acolytes sont encore loin d'avoir d'avoir épuisé toutes leurs ressources...

Quand il en vient à feutrer davantage ses ambiances, la troupe s'y adonne avec une infinie délicatesse. Et force est d'observer que le résultat s'avère bien souvent au rendez-vous de nos attentes. Ce qu'illustre, d'une part, « Soul of a Masochist », opulent low tempo atmosphérique gothique et progressif, un brin groovy, dans la veine coalisée de The Gathering et Theatre Of Tragedy. Sous-tendu par un fin picking à la guitare acoustique, jouissant parallèlement d'une sente mélodique des plus enivrantes et d'une grisante montée en régime du corps orchestral à mi-morceau, couronnée d'un flamboyant solo de guitare, cet espace ouaté mis en habits de soie par les sensuelles patines de la maîtresse de cérémonie laissera assurément quelques traces dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon. Dans cette mouvance, on retiendra non moins « Tears from the Sky » qui, au fil de ses quelque 6:42 minutes se pose telle une ballade d'une sensibilité à fleur de peau ; encensés par un duo mixte en voix claire en parfaite osmose, couplets finement ciselés et refrains fondants glisseront avec célérité dans nos tympans alanguis. Et ce ne sont ni les frissonnantes gammes pianistiques égrainées auxquelles succède un fringant solo de guitare qui démentiront l'agréable sentiment de se trouver en présence de l'une des gemmes de l'opus. Un brin plus éthérée mais guère moins chargée en émotion, la troublante ballade atmosphérique « Waves of Nice » comblera, à n'en pas douter, l'aficionado de moments intimistes.

En dépit des qualités esthétiques et techniques des passages déjà soumis à notre appréciation, l'inspiré sextet ne serait pas encore à bout d'arguments pour tenter de nous rallier à sa cause. Aussi ne dévoile-t-il son masterpiece, « Blind Hope », qu'en fin de parcours. Ainsi, sur un même modus operandi qu'au regard des plages ci-dessus mentionnées, sous couvert de l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre et au regard d'arrangements instrumentaux aux petits oignons, cette fresque symphonico-progressive n'aura pas tari d'armes affûtées pour asseoir sa défense. Au fil des 7:49 minutes de notre traversée, nous parviennent de suaves séries de notes sur lesquelles semblent danser les cristallines inflexions de la princesse, assorties d'un ''floydien'' solo de guitare et corroborées d'une tardive mais opportune accélération du convoi instrumental. Chapeau bas.

Au final, le combo finlandais nous immerge au sein d'une œuvre à la fois racée, souvent invitante, un poil romanesque, et bénéficiant d'une ingénierie du son plutôt soignée. D'aucuns auraient peut-être espéré un propos plus varié tant sur les plans atmosphérique et rythmique qu'en matière d'exercices de style, ainsi que l'une ou l'autre prise de risque supplémentaire consentie par nos acolytes. Carences partiellement compensées par une technicité instrumentale et vocale bien huilée et des mélodies le plus souvent enveloppantes, renvoyant à la féconde inspiration de leurs auteurs. Quoi qu'il en soit, à la lecture de leurs grisantes premières mesures, nos six compères seraient dores et déjà en mesure de se placer parmi les sérieux espoirs du registre metal mélodique à chant féminin. C'est dire qu'une histoire au long cours nous serait promise à l'aune de ce sensuel et élégant premier élan. Wait and see...

Note : 14,5/20