Tôt ou tard, le grunge viendra sûrement à disparaître si aucune formation de taille ne fait son entrée sur la scène internationale ou si les petits groupes underground se contentent de reproduire de ce qu'ont pu faire les pères fondateurs du Seattle Sound dans les années 90'. Immédiatement attiré par cette pochette pleine de caractère et d'identité, la première production des Français de Templeton (actif depuis
2012) n'en reste pas moins 100 % maison avec quatre titres à la solidité garantie. Le but n'est évidemment pas de vous refourguer un produit sans saveur en le faisant passer pour un article de premier choix, non, car nous en sommes bien loin : la musique de ce quintette est tout bonnement honnête, généreuse, plaisante. En bref, dans le cas où vous vous retrouveriez seul à errer en pleine savane tropicale, perdu et sans repères, ou dans un désert aride et sans fin, sachez que ce «
Hope Against Hope » est le guide de survie approprié dans ce genre de situation.
Beaucoup de calories dans ce délicieux sandwich à la tortue, vous en conviendrez. En dehors du fait que l'influence de
Nirvana demeure évidente sur cet EP (en témoigne «
Game Over » & le revival grunge «
Hope Against Hope » où l'intensité sonore de la voix fait presque l'effet d'un vieil enregistrement) par le timbre éraillé de Sieur John Fernandes et le mélange de couplets calmes/mélodiques et de refrains enragés, on peut dire que les vocaux s'adaptent particulièrement bien aux ambiances et aux mélodies présentées sur cette oeuvre. Templeton ne déçoit donc pas ses auditeurs mais remplit son job avec brio dès la piste «
Game Over ». Le côté doux, planant voire apaisant du chant nous emporte de façon très rapide, la compo' est efficace, les guitares sont inspirées et on aime à se dire que le quintet est signataire d'un petit succès déjà fort mérité.
Gare à ne pas vous fier aux conseils pompeux de la nutritionniste qui vous refusera sûrement d'avaler le «
Fire Dog » équivalant à une sorte de hamburger maison assez gras. Car pour une fois qu'un combo utilise des influences très classiques et se les réapproprie de manière intelligente afin de se créer sa propre identité, évitons de faire la fine bouche. Les Français envoient une garniture typiquement stoner, presque à l'Américaine, très vite rattrapée par cette âme punk dégantée qui intervient principalement sur les refrains et casse la baraque lors des screams déchaînés du vocaliste. Mais à partir de la seconde partie du titre (débutant à 01:59) la rythmique se coupe à plusieurs reprises par un paysage calme et une voix qui fait ressentir la nostalgie des 90's et du rock pur et dur qui en ressort. Tour à tour, ce sont alors de beaux morceaux travaillés qui prennent place, et reconnaissons également l'influence Pearl Jamienne des couplets de «
Down the Street » (souvenirs de «
Ten »....) avec cet aspect mélodique omniprésent, ce tempo de ballade et une forme d'exotisme des plus intéressantes que l'on retrouve sur certains riffs. Là aussi, on se surprend à remarquer un autre petit break musical que celui de «
Fire Dog ».
Donc, «
Hope Against Hope » est une sorte de sandwich bien gras (oui, encore) où toutes les influences grunge des nineties sont harmonieusement rassemblées. Les ambiances sont fines, inventives et le son de Templeton est positif, énergique, coloré... En tout cas, le cuistot s'est surpassé. La suite, et vite.
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