Il y a beau avoir toujours la guerre entre l'Ukraine et la Russie en ce qui concerne le sort de la Crimée, cela n'empêche pas le milieu du Black
Metal (du moins sa partie non-politisée) de ne pas se sentir concerné par cet état de fait, et de continuer des collaborations entre groupes des deux pays.
C'est le cas pour ce split CD réunissant d'un côté les Ukrainiens de
Unholyath et de l'autre le one-man band russe
Burial Mist. Quand j'emploie le mot 'collaboration' pour parler de ce disque, c'est à dessein puisque Coffin
Spirit (l'unique membre de
Burial Mist) a joué de la basse sur les morceaux de
Unholyath, au point de devenir même membre permanent du groupe. Au travers de ce disque, ce sont aussi deux visions musicalement assez différentes du Black
Metal qui se rencontrent.
On ouvre le bal avec trois morceaux de
Unholyath. Ce sont ceux qui se parent de la meilleure production, et aussi de la volonté affirmée de voir plus loin que l'habituel florilège des clichés du genre. Si la trame reste assez classique, l'enrobage fait apparaître des influences différentes, notamment du Rock progressif moderne dans certains plans de guitares. Un titre comme “
Pogrom” est réminiscent de certains trucs de
Deathspell Omega (notamment les couches de guitares créant une forme de mur sonore) tout en ayant une certaine puissance qui le rapproche de groupes comme
Blaze Of Perdition.
Unholyath sait aussi manier la mélodie, avec quelques influences suédoises bienvenues comme sur un “Era Of Chaos” que ne désavouerait pas
Dark Funeral (mais avec moins de blasts quand même). La quinzaine de minutes que dure la face
Unholyath est donc bien utilisée, il n'y a aucun remplissage et le groupe s'acquitte de sa tâche avec suffisamment de talent pour que l'auditeur ait ensuite envie d'aller scruter le reste de leur discographie (deux albums à ce jour).
J'ai déja parlé ici de
Burial Mist, projet de Black très cru et froid principalement inspiré par la scène finlandaise. C'est une fois de plus le cas sur les deux inédits que nous a composé Coffin
Spirit, qui doivent autant à
Horna qu'à
Satanic Warmaster ou
Warloghe. C'est plutôt bien foutu, on ressent bien l'atmosphère nocturne et glacée que Coffin
Spirit veut faire passer (notamment sur le très classique “Fullmoon
Blasphemy”), le tout enrobé d'une misanthropie qui va bien. C'est au niveau du mixage que ça se gâte un peu : entre la voix quasiment incompréhensible et la basse tellement mise en avant qu'à certains endroits on n'entend plus que la guitare, on se dit que c'est franchement dommage que les morceaux de
Burial Mist n'aient pas bénéficié du même traitement que ceux de
Unholyath. Comme d'habitude avec
Burial Mist, nous avons droit à une reprise : ici celle du «
Summon The Beast » de
The Abyss (projet Black des mecs de
Hypocrisy dans les années 90), un choix assez différent de ce à quoi nous avait habitués Coffin
Spirit (
Darkthrone,
Judas Iscariot,
Clandestine Blaze ou
Nargaroth auparavant) mais auquel il fait subir un traitement
True Black plutôt bien foutu qui tranche avec le côté
Brutal Black suédois de l'original.
Au final un split album très bien foutu, qui présente deux bons groupes chacun dans leur style propre. Si ma préférence personnelle ira plutôt ici aux titres de
Unholyath, force reste de reconnaître que
Burial Mist est toujours l'un des meilleurs projets solo de l'underground Black russe. Fans de Black
Metal, vous ne courez aucun risque à vous procurez cette galette qui ne fera pas tâche dans votre discothèque.
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