Le premier album des Britanniques de
Savage fut intitulé
Loose and Lethal et il sortit en 1983. Avec ses influences clairement dictées par une musique oscillant entre un Heavy à la parenté évidente avec la scène New Wave Of British Heavy
Metal, NWOBHM, alors, pourtant, déjà déclinante et un Speed
Metal nerveux, elle est une œuvre cruciale à bien des égards.
En premier lieu parce qu'elle défend une expression artistique dont l'exécution aura rarement, pour ne pas dire jamais, été aussi nerveuse, vive, virulente et ardente.
Et en second lieu, parce qu'elle fut déterminante dans la genèse du Thrash
Metal américains. Alors qu'il est à Londres Lars Ulrich, batteur de
Metallica, est, en effet, séduit par l'agressivité inédite de cette mouvance NWOBHM en général, et par celle de certains titres de
Savage,
Sweet Savage et
Diamond Head en particulier.
Metallica, jeune groupe naissant, à la recherche de son identité, tirera donc quelques-unes de ces caractéristiques dans cette mouvance. Les premières démos des comparses de James Hetfield seront même constituées de certaines reprises de ces groupes telles que Let It Loose de
Savage et, par exemple, Am I
Evil de
Diamond Head.
Le second méfait de
Savage,
Hyperactive (1985), en dépit de ces aspirations quelques peu épurés de ces velléités les plus belliqueuses et exaltées, demeurera, tout de même, quant à lui, très fortement inspiré par la New Wave Of British Heavy
Metal, de laquelle il puise nombre de stigmates aux références évidentes (
Avenger,
Tank,
Diamond Head,
Def Leppard...).
Malgré la réussite de ces deux premiers albums auprès d'un auditoire et d'un milieu médiatique conquis,
Savage peine à trouver un quelconque soutien auprès de maison de disque frileuse. En résulte une réelle frustration qui finira par condamner le groupe à l'inéluctable séparation.
Et il fallut attendre pas moins de dix longues années avant que ces résidents du Royaume-Unis ne se décident enfin à donner suites à ces deux premiers pas. Ce nouvel effort répondra au nom de
Holy Wars et sortira en 1995.
Dès les premières notes d'un Headstrong (Cult of One), il convient de noter que si les stigmates de ces desseins passés demeure indubitablement présents et nettes, ils sont suffisamment intégrés, pour que ce manifeste ne sombre pas dans l'hommage ridiculement poussiéreux et désuet d'une admiration dévouée à cette nouvelle vague anglaise du Heavy
Metal qui n'a, soit dit en passant, en 1995, plus rien de nouveau, plus rien d'une vague et, en réalité pour la plupart des groupes concernés plus rien de Heavy
Metal non plus. Ce sentiment d'émancipation , au détriment dune tendance qu'il aura pourtant longtemps défendu, se fera au bénéfice d'une musique, certes, énergique mais plus mélodique et s'approchant parfois des frontières
Hard Rock. Un propos dans lequel les divers talents de ce groupe pourront s'exprimer plus librement qu'ils ne le purent enfermer dans certaines contraintes de ces cadres définis par un genre qui fut le sien autrefois.
Passé les premières bonnes impressions de ce premiers titres superbe, d'autres viennent, eux aussi, nous conforter dans l'idée qu'il y a dans cette œuvre suffisamment de matière de nature à nous ouvrir les portes d'un plaisir certain pour que l'ensemble puisse mériter quelques louanges décisives (les excellents
Anthem, How?, This
Means War, mais aussi, par exemple un remarquable
Down 'n'
Dangerous (
Machine Gun) nerveux).
Outre la reprise de Let It Loose en une version revisité intitulé très sobrement Let It Loose '95, un
Down 'n'
Dangerous (
Machine Gun) tendu et, dans une moindre mesure, un Fashion by Force quelques peu plus agité, il est important de noter que nous sommes ici bien loin de l'expression Thrashy d'un
Loose and Lethal, et bien plus dans la continuité mélodique, toute proportion gardée, d'un
Hyperactive.
Cette musicalité accrue mais équilibrée pousse même
Savage jusqu'à l'exercice ultime de la ballade avec
Suffer the
Children et Let the World Go Crazy. Si la première est clairement insignifiante et ratée, la seconde, quant à elle, est tout juste intéressante.
Quoi qu'il en soit Holy
War, troisième album des Anglais de
Savage, est donc une œuvre de Heavy
Metal énergique et mélodique, séduisante.
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