Quiconque s'intéresse un tant soit peu au domaine du Black Orthodoxe connait forcément
Nightbringer. Au fil des années, les Américains ont su se hisser au panthéon des références du genre grâce à une série d’albums et de splits de grande qualité, tous imprégnés d’une aura mystique impénétrable et dotés d’un style très personnel qui est à présent reconnaissable entre milles de part ces riffs tourbillonnants et ces trémolos lugubres et hypnotique. Les natifs du Colorado dont la dévotion n’est plus à remettre en cause n’ont jamais dévié de leur ligne de conduite et ce n’est certainement pas leur dernier album «Terra Damnata» qui leur fera perdre ce statut de fer de lance du genre, se plaçant à mon sens très loin au dessus de la masse.
Si j’évoque
Nightbringer à travers cette chronique, c’est parce que le parallèle est évident étant donné que
Bestia Arcana en est une extension, toujours menée de main de maitre par Naas Alcameth au chant et à la composition. A mon sens, il est un des rares génies du genre, un compositeur hors pairs capable de saisir l’essence des ténèbres les plus insondables au travers d’un riff. Je ne saurais que vous conseiller de vous plonger sérieusement dans l’ensemble de son oeuvre car c’est une expérience qui en vaut le détour, et notamment l’excellent «
The Dreaming I» d’
Akhlys. Il possède par ailleurs un timbre vocal des plus impressionnant, conférant une aura glaçante et sinistre à chacune de ses interventions. Celà se ressent encore ici avec
Holókauston, second album de
Bestia Arcana, faisant suite au déjà très impressionnant «To Anabainon Ek Tès Abyssu» que je ne peux que vous conseiller si vous parvenez à en saisir toute la subtilité.
La palette vocale y est très diverse, avec un chant passant d’un timbre écorché à un registre plus grave proche de ce qu’on peut trouver dans le Death
Metal, ainsi que des passages marqués par un timbre incantatoire du plus bel effet qui n’auront de cesse que de s’imprégner dans votre esprit pour en pervertir les sens.
Si je devais décrire cet album en un mot, je dirais qu’il est avant tout intense, d’une intensité rare qui dès le début de «
Hellmouth» plonge l’auditeur au fond d’un gouffre effroyable. C’est un voyage spirituel qui s’amorce de part ces cloches funestes marquant d’une pierre noire la fin de toute humanité. Il est de ces albums imprégnés d’un occultisme profond et qui requiert un certain investissement du point de vue de l’auditeur, il demande de la patience et de l’acharnement pour être apprécié à sa juste valeur. C’est l’heure du jugement et
Holókauston s’illustre comme la bande son de l’apocalypse sous la forme d’un monolithe implacable, il est tel un poison s’insinuant lentement au sein de votre être et dès que vous êtes envoûte par son pouvoir il n’est plus possible de faire marche arrière, il faut accepter de plonger au cœur de l’abîme et apprivoiser les ténèbres pour en découvrir la lumière. C’est un bloc compact d’une fluidité incroyable, qui doit être écouté dans son ensemble et d’une traite étant donné que tous les morceaux sont liés de sorte que la fin d’un morceau marque le début du suivant sans la moindre transition et renforce l’expérience.
Bien entendu, on retrouve la patte de
Nightbringer mais alors que ces derniers peaufinent leur son vers des terrains plus orchestraux au fil des albums,
Bestia Arcana prend la direction opposée et plonge l’auditeur au travers d'une masse très dense d’une puissance imparable, il suffit d’écouter l’implacable «Obscurator» et de se laisser happer par ce bloc compact annihilant tout sur son passage. Ce n’est pas la semi interlude «Howling» qui vous apaisera car, par un calme inquiétant elle instaure un climat ritualiste et préfigure la terrible «
Iniquity» qui par sa grandeur atteint le paroxysme de l’intensité pour aboutir sur un final majestueux.
Tout y est sublimé et peaufiné jusque dans l’artwork de David Herrerias absolument grandiose qui donne envie de se procurer le vinyle et de le contempler durant des heures.
Holókauston est un grand album, surclassant avec brio son prédécesseur déjà très haut placé. Il est de ceux qui font toute la différence,qui se ressentent plus qu’il ne s’écoutent. On ne peut que s’incliner devant cette réalisation.
Rien que le logo de ce groupe annonce la couleur. On sent qu'on a affaire à quelque chose de terriblement brumeux et malsain. Le premier album de BESTIA ARCANA sortit en 2011 (si mes souvenirs sont bons, au pire, j'édite mon message) représentait déjà cette impression d'une autre dimension inconnue de tous sauf de celui qui la découvre. Mais là, je n'ai jamais rien entendu de tel. Et tu me connais, j'en parlais déjà lorsque j'ai découvert l'annonce de cet album en 2016 puis lorsqu'il est sortit. Bref, merci pour cette fameuse chronique dans laquelle tu restitues bien le côté intense et le côté apocalyptique. Cet album n'est pas le premier de mon top 2017 pour rien.
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