La fin des années
1980 allait être significatrice pour mon parcours personnel avec l’émergence de deux passions : le basket-ball et le death metal. Si des noms tels
Obituary, Death ou encore
Carcass sont aisément reconnus ici, ceux de Clyde Drexler, Buck Williams ou encore Kevin Duckworth le seront sûrement un peu moins. Membres de l’équipe des Trailblazers de Portland qui affronta les Bulls de Jordan lors d’une superbe finale NBA en 1992, ces joueurs talentueux allaient imprimer, tout comme les groupes suscités, une empreinte durable dans mon esprit et mon cœur.
Pourquoi parler de basket et de death metal dans ce préambule ? Tout simplement parce que Petrification est issu de la bouillonnante et actuelle scène dédiée qui fait trembler les fondations de l’underground américain. Suite à son départ de
War Master, Tom Roberts fonde Petrification en 2014 à Portland pour y pratiquer un death metal cru et violent. Regroupant 4 autres musiciens, le groupe produit sa première démo,
Summon Horrendous Destruction, en février 2017 sur le label Sentient Ruin Laboratories. Les avis globalement élogieux des magazines et webzines sur cette démo attirent l’attention du label espagnol
Memento Mori , qui signe un contrat pour la sortie de premier full-lenght de Petrification.
Hollow of the Void parait le 23 avril 2018.
Ce qui me séduit d’emblée dans ce disque, c’est ce son cru, âpre, sale, qui ne souffre d’aucune aseptisation incongrue. Ici, on traite de death metal puant le caveau décrépi et qui rend allégeance aux glorieux aînés inspirateurs (Grave,
Autopsy,
Cianide,
Convulse). Le riffing simple et efficace, parfois punkisant, frappe d’entrée sur Arachne Exsanguine , Technological Assimilation et Stagnation of Transmigration. Le groupe intègre aussi dans ses morceaux de délicieux ralentissements doom (la terrible
Summon Horrendous Destruction, Devouring Abysm) qui plonge l’auditeur au cœur d’un marigot putride. Des touches swedeath sur certaines mélodies de guitare viennent envelopper des rythmiques lourdes comme en lâchait le grand
Bolt Thrower. Un melting-pot qui masque certes un léger manque d’identité mais qui, parallèlement, accouche d’une musique plutôt attachante.
Niveau mixage, l’ensemble a été bien masterisé par Dan Lowndes et chaque instrument trouve sa place, notamment la basse. On pourrait reprocher à la batterie un léger manque de puissance. Le growl
Jason Barnett quant à lui est vraiment de bonne facture : gras, sombre et articulé. Idéal pour déclamer des paroles qui traitent d’asservissement, de macabre, de démonologie et de créatures monstrueuses qui rôdent dans l’obscurité (Shelob). Je souligne également que
Jason Barnett est aussi l’auteur du très accrocheur artwork, qui renvoie à un cauchemar d’enfance avec ses perspectives erronées et ses couleurs naïves et malsaines. Du beau travail qui doit bien rendre sur un vinyle.
Après
Witch Vomit et
Torture Rack, Raul de
Memento Mori continue de nous abreuver aux égouts actuellement intarissables de cette ville de Portland avec ce premier album de Petrification (sold-out sur son site, bon signe). Doté de nombreuses qualités tant dans l’écriture que dans l’interprétation, ce groupe peut encore progresser au niveau identité et originalité, ce qui me laisse augurer des albums encore meilleurs (j’en salive déjà). Les amateurs de ce genre de death metal devraient facilement trouver leur plaisir à l’écoute de ce
Hollow of the Void.
Tiens pour le coup je t'avouerai ne pas l'avoir particulièrement apprécié ce Petrification...
Habituellement, ce type de death metal te parle. Qu'est ce qui ne t'a pas plu dans cet album ?
Ah les dunk de Jordan quelle époque!
Je n'ai jamais entendu Petrification et ta chronique me donne l'eau à la bouche de découvrir ce groupe et leur death putride!
Merci pour le papier et pour l'hommage à M. Jordan au passage.
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