Ne cherchez pas plus loin que chez les écuries françaises, les bonnes sorties de cette année se trouvent en grande partie chez Throatruiner. Entre
Death Engine,
No Omega, les futurs Hourvari,
Death Mercedes et
Calvaiire, ainsi que cette dernière galette des parisiens de
Cowards, que je m’apprête à critiquer, le label et plus particulièrement son fondateur (membre de
Calvaiire)possède le nez pour dénicher les galettes qui décrassent les tympans.
Cowards s’articule autour de membres de
Sickbag,
Death Mercedes,
Eibon et
Hangman’s Chair, et propose depuis ses débuts une mixture sonore poisseuse, à mi-chemin entre Hardcore très noir,
Sludge crasseux et
Doom monolithique. Avec une petite touche de Black
Metal pour réhausser un peu la sauce.
Après un "Shooting Blank & Pills" qui, personnellement, m'avait beaucoup plu de par ses plans au groove écrasant (le riff de "Last Card" se suffit à lui-même) et ses parties beaucoup plus monolithiques ("Scarce" pour ne citer que lui). Et, même si le spectre de
Kickback se faisait parfois un peu trop présent, l'efficacité de
Cowards faisait de ce premier jet une très bonne sortie. La formation récidive à peine un an après ce premier jet avec ce nouvel EP, sortant aujourd'hui même. Comme à l'accoutumée, Throatruiner gâte les curieux puisque la sortie se décline en version numérique en accès gratuit et intégral, et en format vinyle de très bonne facture - qu'il me tarde de recevoir. Le label peut définitivement être très fier de cette galette.
Cowards a mis les petits plats dans les grands, puisque cet EP a été enregistré et mixé par Francis Caste, technicien réputé puisqu'ayant déjà travaillé pour les orthodoxes d'
Arkhon Infaustus et...
Kickback. On ne choisit pas n'importe qui pour le son ? On ne choisira donc pas n'importe qui pour l'artwork de cette sorti : et c'est le tatoueur Jean-Luc Navette qui s'y colle. Les amateurs connaissant le talent de l'artiste (ses travaux sont disponibles sur sa page Blogspot), ce dernier souligne d'ailleurs à merveille le côté glauque de "Hoarder" par son artwork, qui suinte le désespoir et la citronnée. Nul doute que la version physique saura contenter les amateurs des travaux de Navette.
Bon, mais, musicalement, qu'est ce que ça donne ? La presque demie-heure de crasse que nous envoie la formation dans les cages à miel reste d'excellente facture. Comme annoncé, le son est aux petits oignons. La batterie mixée juste comme il faut sait se faire présente quand nécessaire (l'ouverture de l'EP ou celle de "Smell of an Addict"), mais ne prend pas tout l'espace sonore, ce qui n'est pas désagréable. Les guitares accordées dans les chaussettes forment un mur sonore extrêmement compact sur lequel l'auditeur vient perdre toutes ses dents : la fin de "Where
Lies the
Anchor" (probablement le point culminant de cet EP) et son riff sont des brises-nuques en puissance. Quant à la voix, elle ressemble énormément à celle de Stephen de
Kickback, certes, mais elle ne dépareille pas au sein des compositions.
Le mid-tempo tient certes une place prédominante, mais
Cowards sait accélérer et proposer des rythmes furieux ("Smell of an Addict")où des blast-beats typés Black
Metal ("Fork
Out", dont certains riffs me font FURIEUSEMENT penser à ce que KKK a pu faire sur "Et le Diable rit avec Nous") taillés pour la scène. Les petites incursions bruitistes - consistant à laisser chanter le larsen des guitares - sont d'ailleurs bien utilisées et pas putassières comme on pourrait le redouter : je ne compte même plus le nombre de groupes qui laissent chanter leurs grattes pendant deux minutes avant d'attaquer leurs morceaux.
En résumé, la productivité du groupe n'aura pas nui à leur talent de composition et d'exécution : loin s'en faut ! Doté d'une grosse puissance de feu, montrant un sacré potentiel (la reprise de 16 Horsepower en est un bon exemple), "Hoarder" laisse présager le meilleur quant à l'avenir de
Cowards. S'affranchissant petit à petit de ses influences parfois très flagrantes (mais est-ce vraiment gênant ?), le groupe se complaît dans la gerbe et la décadence, et c'est tout ce qu'on lui demande. De mon côté, je les attends au tournant au H8 Fest en première partie de
Kickback, et aux côtés de leurs camarades d'écurie de
Nesseria. M'est avis que les gaillards parisiens sauront faire chanter la poudre.
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