Evoluant à contre-courant de moult formations metal symphonique à chant féminin inspirées par
Nightwish et consorts, ce duo américano-belge basé à Anvers, créé en 2011 par le pluri-instrumentiste Sam Oerlemans et la frontwoman Jennifer Summer (dont le timbre de voix s'apparenterait à celui de feue Dolores O'Riordan (The Cranberries)), suivrait plus volontiers une ligne rock'n'metal atmosphérique gothique et mélodique dans le sillage d'Evanesence,
We Are The Fallen,
The Birthday Massacre,
Halestorm ou encore Alanis Morrisette et The Cranberries.
Développant un son qui leur est propre, où des riffs heavy se conjuguent habilement à d'accessibles et envoûtantes sentes mélodiques et à des lignes de chant propices à l'enivrement de nos sens, ce projet a, semble-t-il, piqué la curiosité de quelques pavillons déjà sensibilisés aux vibes de leurs maîtres inspirateurs. Aussi, en l'espace d'une poignée d'années, les événements se sont accélérés à la vitesse grand V, état de fait laissant augurer d'une aventure au long cours pour nos deux acolytes.
Ce faisant, depuis la réalisation du clip relatif à son premier et vibrant single « Insignificant Other », le groupe n'a pas tardé à se forger une solide fan base. Dès
2012, il enchaîne les concerts à l'échelle locale, avec des retombées plus qu'encourageantes, et ce, avant de se consacrer à l'écriture de son introductif album éponyme, accouché quelque trois années plus tard. Aussi, l'inspiré duo a-t-il produit, mastérisé, enregistré et mixé lui-même chacune des 12 compositions de la plantureuse et luxuriante galette. Fruit d'un travail de longue haleine, ce premier opus ne laisse transparaître que très peu de sonorités résiduelles, un mixage à parités égales entre lignes de chant et instrumentation, et déjà une belle profondeur de champ acoustique. De quoi nous intimer d'aller explorer plus en profondeur la cale de la goélette...
Ce serait à la lumière de ses espaces enfiévrés que le combo marque ses premiers points. Dans cette énergie, le tubesque « Insignificant Other » imposera d'un claquement de doigts ses couplets finement ciselés que relayent des refrains catchy et mis en exergue par les sensuelles patines de la déesse. Au carrefour d'influences entre
The Birthday Massacre et
Halestorm, et générant une vivifiante section rythmique coalisée à de tourbillonnants et grisants gimmicks guitaristiques, cette pimpante offrande ne ratera pas son effet, loin s'en faut. Moins directement orientés vers les charts, le 'halestormien'' « Asked but Not Answered » tout comme le ''lacunacoilesque'' « In Solidarity », pour leur part, gagnent tous deux en dynamique percussive ce qu'ils ne perdent nullement en substrat mélodique. Et la sauce prend, une fois encore.
Parfois, le combo nous mène en de plus complexes mais non moins séduisants paysages de notes. Ce qu'illustre, d'une part, « Over the Edge », tortueux mid tempo syncopé à mi-chemin entre
We Are The Fallen et The Cranberries d'où s'échappe un épais riffing doublé d'un fringant solo de guitare. D'autre part, témoignant d'arrangements de bon aloi, l'incandescent «
Out of Line » délivre d'insoupçonnées variations rythmiques. Dans ce champ de turbulences évoluent de puissantes impulsions calées dans les médiums d'une frontwoman alors devenue prédatrice. Dans cette mouvance, on retiendra encore le fin legato à la lead guitare exhalant de « The Letdown », bondissante proposition aux refrains suaves dans l'ombre de
The Gathering, ou encore le diablotin et enjoué mid tempo « Detrimental ». Bref, une salve d'ogives aptes à retenir l'aficionado du genre plus que de raison. Mais le spectacle est loin d'être terminé...
L'accroche auditive ne s'opérera pas moins aisément à l'aune des pistes à la cadence plus mesurée. Ainsi, le tympan sera-t-il naturellement aspiré à la fois par la basse vrombissante et les félines inflexions de la sirène transpirant des mid tempi «
Karma Comes Calling » et «
Dead End »» ; deux grisants efforts aux riffs ronronnants et tourbillonnants qui, à la manière d'
Evanescence, pourraient bien s'inscrire durablement dans la mémoire de celui qui y aura goûté.
Plus difficilement domptable, mais eu égard à son allant et aux morsures de la belle, le vénéneux « Psychobabble » pourrait, à sa manière, venir grossir les rangs des incontournables de la rondelle.
Quand ils nous mènent en d'intimistes instants, nous octroyant dès lors leurs mots bleus les plus sensibles, nos compères se muent en bourreaux des cœurs. Ainsi, romantique jusqu'au bout des ongles et dotée d'un délicat et fluide picking à la guitare acoustique, à la façon d'
Autumn, la ballade atmosphérique « Learned to
Loathe » révèle en prime de fines nuances mélodiques assorties d'un cheminement d'harmoniques des plus magnétiques. Dans cette soyeuse toile de notes, les caressantes volutes de la maîtresse de cérémonie ne mettront que peu de temps pour déclencher la petite larme au coin de l'oeil. Et comment opposer une quelconque résistance aux touchantes séries d'accords insufflées par «
Eventide », délicieuse ballade aux inattendus changements de tonalité que n'auraient reniée ni Alanis Morrisette ni The Cranberries ?
On ressort de l'écoute du skeud à la fois séduit par la fluidité des lignes mélodiques, envoûté par l'empreinte vocale de la frontwoman, et convaincu du potentiel logistique et technique de l'inspiré duo. Parvenant à harmoniser les tendances tout en générant de magnétiques et personnelles portées, avec un zeste d'originalité en substance, le combo s'en sort fort honorablement, C'est dire que, loin d'être restés terrés dans l'ombre de leur maîtres inspirateurs, nos deux tourtereaux ont sculpté chacune de leurs compositions au point de leur conférer déjà une certaine épaisseur artistique.
Plus qu'un simple galop d'essai, ce premier mouvement serait déjà de nature à placer le groupe parmi les sérieux espoirs de son registre metal d'affiliation. Bref, une formation à suivre de près...
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