Warckon est né sur les terres flamandes il y a maintenant cinq ans et, le moins qu’on puisse dire, c’est que le groupe n’a pas perdu de temps pour se forger une réputation sur la scène locale: un premier Ep « The Madman’s
Lullaby » en 2011, au lieu de la démo initialement prévue et surtout un carnet de route bien rempli. En effet, quand on est capable d’ouvrir pour des légendes telles qu’
Artillery,
Hyades et
Enforcer, on ne peut que mériter l’estime du public et susciter l’intérêt de labels sérieux. Et justement, après un changement de label pour rejoindre l’écurie Emanes Records et un lifting complet du premier méfait, le groupe, qui ne semble jurer que par le Thrash traditionnel de la Bay
Area, revient après un travail acharné pour nous présenter le petit dernier «
High Treason »
Le processus créatif existe et s’étend bien au-delà de la pâle copie des grands frères américains, bien que le groupe ne renie pas non plus son affection pour la scène allemande. Nos jeunes gens semblent donc avoir été marqués au vif par le niveau technique de
Destruction,
Forbidden ou encore
Testament dont ils puisent leur inspiration.
La petite berceuse en introduction renforce l'idée que le pire reste à craindre… Et « The Weak » confirmera ce sentiment pour notre plus grand plaisir. Les rythmiques s’enchaînent, montrant le potentiel de nos furieux thrasheurs : un titre travaillé à la gloire d’une musique alliant Heavy Speed et retro thrash de qualité. Le duel guitaristique ravageur n’a pas été omis, identique à ceux que l’on trouvait à la grande époque !!!
Jonas Bergmans et Wouter Langhendries s’en donnent à cœur joie, n’hésitant pas à étaler leur dextérité avec une facilité déconcertante. Nous voilà donc mis en appétit.
Vous êtes adeptes du riff beaucoup plus sordide et bancal ? Ecoutez le bien nommé et efficace (My Very Own) Moriarty, à la fois fidèle au concept de l’album et aux origines, avec un riff principal d’un sadisme exemplaire… Qui a dit que la créativité n’avait pas le droit de desservir l’intégrité mentale de l’auditeur en venant la torturer ? Et si vous n’avez toujours pas compris, « Sleeper » a largement les moyens de vous infliger une seconde raclée…
Mais
Warckon ne se résume pas au talent des deux hexa-cordistes qui le composent. La voix torturée à souhait nous confine dans cette atmosphère si particulière qui régnait jadis aux grandes heures du Thrash américain : sale et criarde, souvent doublée, avec quelques introductions parlées, pas rassurantes du tout. Le son pourra paraître bien suranné pour les plus jeunes mais il colle parfaitement au concept du groupe et reste, de surcroît, la marque de fabrique d’Emanes
Metal. Suranné ne veut cependant pas dire manquant d’équilibre. Chaque instrument est audible, notamment les vrombissements de la basse, et le mixage est de bonne qualité, si on excepte certaines phases solos un tantinet brouillonnes.
Vous vous trouvez mou du genou en ce moment ? Jetez-vous sur le speed « Choir Of Shadows » sans plus attendre qui devrait être remboursé par la sécurité sociale tant il va vous revigorer. Les solos y sont bien amenés, la rythmique effrénée et soutenue est digne des enseignements de leurs aînés.
Le seul instrumental de l’album emportera ou non votre adhésion. «
Mutant Messiah » possède une introduction terrible, montrant un groupe largement déterminé à se hisser au-dessus de la moyenne et devenir une valeur sûre du revival Bay
Area made In Belgium… Bonne composition mais qui laisse toutefois une impression d'inachevé tant elle manque de soli et de changements d’ambiances.
Les rythmiques, pour la plupart, sont de véritables pépites, déjà entendues certes mais néanmoins efficaces, bien ficelées et directes. Le Speed
Metal des 80's plane sur les compositions qui se veulent aussi tranchantes que celles de
Coroner en son temps. «
Dawn Of The Era Gargoyles » s'impose d'ailleurs comme la meilleure composition : sa créativité, ses lignes qui montent en intensité en fond un titre passionnant.
«
High Treason » fleure, lui aussi, le bon vieux Heavy/Speed, me rappelant même le légendaire
Savage Grace sur certains aspects. La voix éraillée écorchée reste toutefois contrôlée.
Pas besoin d’une technique vocale parfaite quand on est un bourreau…
Une petite accalmie et un chant clair se perçoivent sur «
Grief Is In
The Eyes Of The
Beholder », mid tempo qui vient conclure cet album de manière finalement assez conventionnelle. Peut-être un petit clin d’œil à qui vous savez... Encore un titre fidèle à la personnalité de ses géniteurs mais pas forcément indispensable, le groupe n’excellant pas dans ce registre.
Huit titres... Eh oui!!! Il n’en fallait pas plus à leurs illustres ancêtres pour prouver leur capacité à surprendre et à imposer leur skeud sur le marché. Sans conteste une bonne trouvaille de notre ami Laurent, le
Boss de chez Emanes Records.
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