High Tide

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16/20
Nom du groupe Hemeroplan
Nom de l'album High Tide
Type Album
Date de parution 03 Fevrier 2023
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album4

Tracklist

1.
 Magnitude
 01:09
2.
 Fears
 05:01
3.
 The Call
 06:22
4.
 Six Feet Over
 04:07
5.
 Omniscience
 05:50
6.
 These Walls
 05:01
7.
 Amplitude
 02:53
8.
 Towards the Abyss
 06:29
9.
 Verisimilitude
 02:19

Durée totale : 39:11

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Hemeroplan


Chronique @ JeanEdernDesecrator

15 Avril 2023

Harmonies et dissonances intriquées

Il n'est jamais inutile de prendre le temps de faire une bonne vidéo, et toujours important de bien choisir son single. Tenez, par exemple, c'est par le superbe clip de "Towards the Abyss" que je suis venu à Hemeroplan, et que je me suis dit qu'il faudrait vraiment que j'écoute leur album.
Hemeroplan s'est formé sous l'impulsion de Jany Pacaud, guitariste à la base, en 2018 à Tours, et il y a eu pas mal de tâtonnements avant que le line-up ne se fixe en 2019 avec donc, Jany Pacaud (guitare, chant), Yann Maury (batterie), Pierre Chauveau (guitare), et Axel Fabre (basse). Il se trouve que les quatre musiciens s'étaient déjà rencontrés auparavant par l'intermédiaire d'une formation de l'Ecole de Musiques Actuelles à Tours à laquelle ils aveint participé, Tous en Scène. Ils avaient des influences diverses, mais en commun une appétence pour le prog et le metal, entre autres. Concernant son énigmatique patronyme, il vient d'une chenille, Hemeroplanes Ornatus en latin, qui se transforme lorsqu'elle est attaquée par un prédateur, au point qu'on l'a surnommée papillon serpent.
Ils ont pu enregistrer un premier EP "Hemeroplan" en 2019, avec trois titres surprenants de maturité. Prévoyant des concerts et l'écriture de leur premier album, le covid a tout bousculé. Ainsi, avec les annulations et reports de concerts, ce n'est qu'en avril 2022 qu'ils ont pu fouler pour la première fois les planches dans leur ville de Tours.
Même si le processus de création de l'album a démarré avant l'arrivée de la pandémie, les confinements les ont empêché de répéter, et jany s'est attelé à mettre en forme les morceaux de son côté pour pouvoir avancer dans les compositions, en échangeant virtuellement avec les autres membres. En outre il a pu s'entourer d'aides précieuses, comme le coaching vocal d'Emma Guibert, pour parfaire certains aspects de son chant avant d'enregistrer (diction, etc..).
L'album a été enregistré et mixé par Fabien Devaux (Hacride) et Yann Ligner, au studio La Boissière. L'artwork, comme toutes leurs illustrations précédentes, a été confié à Vaderetro. Cerise sur le gâteau, le groupe a obtenu des signatures avec Klonosphere, Season Of Mist et The Orchard pour gérer et distribuer sa musique.

Au premier abord, la musique de Hemeroplan peut déconcerter, s'aventurant dans un morceau aux allures de puzzle déconstruit pièce par pièce, comme "Fears", précédé de sa courte intro "Magnitude", avec des couches distinctes qui se superposent, et une structure qui se développe très lentement, comme peut le faire Disillusion par exemple.
Les mélodies des guitares essaient d'emmener l'auditeur dans des contrées peuplées d'harmonies intriquées avec de légères dissonances où il peut se perdre à loisir. Ils jouent aussi avec certains enchainements d'accords bien connus en les enrichissant de manière à les rendre singuliers ("These Walls").
Pour situer la musique de Hemeroplan, je pense à des groupes comme Pain Of Salvation ou The Ocean, mais en plus rock… bien que le quatuor ait déjà une patte bien personnelle avec une dimension onirique. On trouve des aspects prog, voire jazzy dans les signatures rythmiques ou certains accords, et il y a quelques poussées de djent avec des éruptions plombées de sept cordes.
Si certains titres peuvent donner l'impression de s'éparpiller, d'autres au contraire se dégagent comme une évidence, comme "Six Feet Over" qui est d'une fascinante étrangeté, avec son riff labyrinthique à deux guitares qui se répondent, où chaque note pousse le pion sur une case inattendue de l'échiquier. Le meilleur morceau, "Towards the Abyss", qui est aussi le plus accessible, surgit vers la fin de l'album, avec son riff extrêmement pesant, ses tricks imparables (l'énorme boost de basse à la "Roots Bloody Roots", les harmoniques vicieuses façon Prong), et surtout ses mélodies lumineuses .
On sent que les gars font la musique qu'ils aiment sans chercher à la bancabeuliser à tout prix : par exemple, en disséminant trois courtes pièces instrumentales en "…tude" : "Magnitude" en intro d'album, puis "Amplitude" qui est illuminé par une partie de saxophone de Camille Pellerin, me rappellant un peu le solo de sax à la fin de "Englishman in New York" de Sting, et enfin "Verisimilitude" qui termine le disque sur une note lourdement contemplative.

La propreté du jeu des musiciens est appréciable vu la complexité des canevas qu'ils tricotent. Les soli feront le bonheur des amateurs, particulièrement bien construits et amenés ("Fears", "The Call", "Omniscience",…). Il y a un pendant très lourd, avec la basse ronde et pleine d'Axel Fabre, et certains riffs d'un metal plus moderne à la sept cordes.
Non content de posséder une technique instrumentale sûre et sans reproches, le quatuor peut se féliciter d'avoir avec Jany un excellent chanteur. Il a le talent d'aller sur des notes où on ne l'attend pas, qui matchent à merveille avec la musique. Avec justesse, son chant clair joue sur toute sa palette avec sensibilité et nuances, sans jamais trop en faire. Le chant de Jany drive parfois vraiment le morceau, comme sur "Omniscience" qui se place plus comme une chanson où la musique se trouve en soutien, à peu à la manière de Steven Wilson.
Le jeu de batterie de Yann Maury n'est pas sans me rappeler celui de Leo Margarit (Pain Of Salvation), avec un mélange de pesanteur très précise et d'explosions de fioritures étoilant ça et là. Les guitares de Pierre Chauveau et Jany Pacaud se déploient avec aisance entre arpèges cristallins, et notes aériennes. De ce coté-là, un grand soin a été apporté aux sons de guitare. Le son de l'opus concocté par Fabien Devaux est parfaitement équilibré, et encore meilleur que celui du premier EP.

"High Tide" a beau être un concept album ambitieux autour des thèmes de l'addition et de la dépression, il n'en est pas moins solaire et envoutant. C'est typiquement le genre de galette qui gagne à se réécouter ; rien qu'au deuxième passage, je n'ai pas eu l'impression d'écouter le même disque. Au vu de ce qu'ils sont capables de faire sur ses singles, Hemeroplan gagnerait même, à mon avis, à resserrer son propos musical vers une meilleure efficacité, sans pour autant vendre son âme au diable. Avec un tel coup d'essai, qui sait jusqu'où ils peuvent aller.


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