Helluland

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17/20
Nom du groupe Northumbria
Nom de l'album Helluland
Type Album
Date de parution 31 Mars 2015
Labels Cryo Chamber
Style MusicalDark Ambient
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1. Because I Am Flawed I Forgive You 08:30
2. Still Waters 05:07
3. Sacred Grounds 04:24
4. Maelstrom 04:14
5. A Door Made of Light I 04:29
6. A Door Made of Light II 02:54
7. Song for Freyja 05:28
8. Catch a Falling Knife I 06:38
9. Helluland 11:20
10. Catch a Falling Knife II 04:38
Total playing time 57:42

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Northumbria


Chronique @ Dotflac

14 Mai 2015

Animation suspendue

Comme beaucoup d'albums que je chronique (ou pas), Helluland a été composé par des artistes que je ne connaissais pas du tout auparavant. Je me retrouve donc souvent à écrire des introductions dont la forme semble tout à fait acceptable, mais dont le fond me laisse personnellement un arrière-goût mitigé, comme un mauvais rosé accompagnant les succulentes grillades estivales qui se pointent en avance cette année. Un ensemble acceptable dont la méconnaissance subtilement camouflée des artistes dépeints semble un peu discréditer la trame assez convenue du premier paragraphe relatant le parcours du groupe, avant de cibler la sortie nous intéressant dans la suite d'une chronique. Et personnellement, je n'ai pas toujours la foi de me farcir la discographie complète d'un groupe pour parler d'un album.

Donc épargnons-nous, pour une fois, le sempiternel historique que je devrais écrire à propos de Helluland, alors que je n'avais jamais vu les noms de Jim Field Et Dorian Williamson avant de les voir apparaître sur mon label de dark ambient de la vie Cryo Chamber, et parlons en toute simplicité et sans hypocrisie de leur dernier album Helluland, sorti fin mars.

Promis les amis, c'est pas (que) de la flemme.

Ce qui surprend dès la première écoute, c'est la découverte d'un album pas vraiment sombre, comme on pourrait s'y attendre de la part d'une sortie très drone dans un genre plutôt orienté vers la dystopie, le désespoir, ou encore l'angoisse. Composé uniquement à partir de couches distendues de guitare et basse électriques finement assaisonnées de field recordings, on sera vite transporté dans des contrées aux résonances plutôt claires et mystérieuses, presque mystiques. Un endroit réel qui semble ici pourtant inaccessible ; une terre de pierres plates qui flotte dans la brume océanique d'un crépuscule éternel, nous autorisant durant 57 minutes à essayer d'en percer quelques secrets jalousement gardés.

Et bien sûr, comme toute chose gardant des secrets, Helluland est un mélange hétérogène de souvenirs lumineux et obscurs, baignant dans la nostalgie, voire la mélancolie, et la violence. La versatilité des émotions qu'il transmet est cependant toujours maîtrisée, ne nous immergeant jamais trop d'un côté avant de voguer vers l'autre au travers d'une tracklist savamment organisée. La simplicité apparente de la production de cet album est par ailleurs le fil conducteur de sa trame narrative, utilisant tour à tour des strates cristallines de guitare électrique à l'atmosphère radieuse à peine teintée sur des pistes comme Because I Am Flawed I Forgive You ou le superbe diptyque A Door Made Of Light, et des parties drone bien plus monolithiques et suffocantes sur Maelstrom ou Catch A Falling Knife II. Les éclaircies des notes se voient occasionnellement effacées par des tempêtes sonores bien placées, nous rappelant que l'on est des témoins privilégiés de mémoires lointaines uniquement car Helluland le veut bien.

Mais si ce pays découvert par les vikings nous permet de partager avec lui quelques émotions passées, nous n'aurons jamais une vision précise des souvenirs qui y sont rattachés, les côtes de l'île nous restant diaphanes, spectrales. Un aspect visuel volontairement flou très bien transmis par la réverbération omniprésente et la superposition parcimonieuse et hypnotisante de strates mélodiques dans chaque piste, n'en faisant jamais trop au cours de l'écoute. L'exception étant pour moi Song For Freyja, où les plaintes mélodiques sont là très bien dessinées, comme si Helluland elle-même ne pouvait contenir la puissance des émotions faisant surface durant la piste, l'obligeant malgré elle à nous décrire une femme inoubliable qui a laissé une marque indélébile sur ses terres.

Les riffs nous accompagnant durant toute l'écoute semblent vraiment nous emmener dans un endroit intemporel, bordé de mystères. On quitte probablement notre espace-temps pour une petite heure, nous mettant en stase sans crier gare, et nous laissant séduire par l'aspect insaisissable de la galette que nous offre le duo canadien pour finalement tenter d'atteindre l'inatteignable terre de pierres plates ; un défi perdu d'avance, mais face auquel on ne souhaite pas abdiquer, dans l'espoir absurde d'entrapercevoir ce qui se cache derrière l'éternel brouillard ceignant l'île. Un vrai voyage en apesanteur dont la catégorisation « dark ambient » en a fait polémiquer certains, qui se demandaient carrément si Helluland avait sa place dans le catalogue de Cryo Chamber. Même si j'ai dit moi-même que l'album a un cachet bien plus énigmatique et rassurant qu'anxiogène ou post-apocalyptique, il aborde à sa manière la solitude et l'oubli de soi, autres sujets intimement liés au dark ambient. Et son caractère atmosphérique et impalpable est précisément son point fort au sein d'un genre privilégiant historiquement les basses fréquences, et l'intégrer aux côtés de travaux comme le dérangeant Psychosis d'Aseptic Void ou le darkissime Outer Tehom de Dronny Darko est une preuve d'ouverture du label à des projets en marge de ses fondations déjà bien plantées.

Une excellente sortie donc, qui se fait remarquer de la bonne manière dans une maison s'étant imposée rapidement comme un incontournable de la scène en tout juste trois ans, et me fait déjà attendre le prochain album du groupe. Et je n'aurai plus l'excuse de ne pas les connaître.

Ah, au fait, j'ai menti. J'ai pas pu m'empêcher d'écouter leur discographie, qui est du même acabit et tout aussi recommandable aux fans d'évasion spirituelle. Vous savez ce qu'il vous reste à faire.

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