Au milieu des terres arides, les dunes de sables, pareilles les unes aux autres, offrent le triste spectacle du désespoir se répétant à l’infini. Sous les chaleurs étouffantes de ces cieux embrasés, l’esprit perdu tends l’oreille, tentant de percevoir le souffle rédempteur des mélopées de Saracens. Ce jeune groupe originaire de celle qui devint capitale Tunisienne, sous l’impulsion des Almohades, aime à façonner de ses mains les idées les plus saugrenues.
Dans un mélange ambitieux, le jeune éphèbe tente, en effet, de nous offrir les délices épicés d’une musique symphonique unie à la force d’une voix
Death. Si le propos symphonique est délicieusement dépaysant, et singulièrement différent, il ne peut, hélas, se départir des défauts inhérents au manque de moyens d’une première œuvre à la production insuffisante. En effet l’équilibre musicale de l’ensemble est particulièrement périlleux, et met bien trop en avant les synthés au détriments des chants, de la batterie, mais surtout de guitares bien trop discrètes. Ajoutons à cela que l’inexpérience normal d’un groupe à peine né, offre, parfois, les défaillances d’une mise en place précaire ; donnant à entendre des musiciens qui, épisodiquement, semblent perdus par les rythmes effrénés. C’est particulièrement incontestable, par exemple, sur les premières mesures de
Means’s
Conquest. Si le discourt
Death, au son de cette voix qui n’est pas sans rappeler, toute proportion gardée, celle du grand
Karl Sanders, est quelquefois, mais rarement, prise en défaut ; elle mériterait de prendre plus d’envergure dans cette œuvre potentiellement intéressante.
Au-delà de ces défauts, dressant le semblant d’un tableau presque catastrophique, on décèle, chez ce jeune groupe, un potentiel étonnement intriguant. En effet, comment rester sourd aux mélodies envoutantes de ces orchestrations ? Comment ne pas s’enthousiasmer pour ces chœurs féminins délicieux ? Comment taire ces litanies ensorcelantes d’instruments traditionnels dont chaque note est un voyage exquis ? Comment rester indifférent à ce talent de composition ? Nier les qualités évidentes de cette œuvre est tout bonnement impossible. Et la véritable prouesse de ce récital est de réussir à conquérir son auditoire au son de quatre morceaux, ou plutôt deux, ce qui rends la performance d’autant plus incroyable. Au-delà d’une Intro (Onset) suivi d’un
Means’s
Conquest un peu désordonné et fébrile dans son entame, on découvre l’enchantement d’un excellent Allowed
Blackmail, et celui d’un savoureux Kneeling
Head. Ces deux pièces maitresses recèlent toutes les richesses, tous les parfums, toutes les subtilités de la musique de Saracens.
Au son de ce premier opus encourageant, et au-delà de ces défauts de jeunesse, Saracens nous offre les prémices de son talent qui, s’il prend le temps de murir encore, pourrait bien être déterminant. Véritablement prometteur le groupe pourrait, dans un monde idéal, être l’alternative passionnante fort de ce
Metal Symphonique dépaysant aux ambiances fastueuses et inventives, unie à la vigueur d’un chant
Death. Ce choc artistique pourrait présager de très bons augures, dont il nous faudra scruter, avec attention, la venue.
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