Le heavy revival est en train de ronger la corde qui va le précipiter dans les abysses. C’est incroyable à quel point on y retrouve une quantité astronomique de groupes plus ou moins doués et de productions allant du meilleur au pire. Déjà, les figures emblématiques de ce mouvement issu du milieu des années 2000 sont globalement en méforme ou se montrent moins inspirés qu’avant. Certains groupes calculateurs ou tout simplement suiveurs ont voulu profiter de l’enthousiasme né autour de cette manifestation nostalgique. Pour la plupart, ce ne sont là que de purs amateurs. Ils contribuent à ruiner cette vague en train de péricliter. Les allemands de «
Booze Control » n’ont à priori rien d’un «
Enforcer » ou d’un «
Skull Fist », pourtant il s’inspire très largement de ces tenants sans parvenir aucunement à les égaler. Créé en 2009 et formé pour la quasi-totalité d’anciens membres du funeste «
Shepherd's Guns », «
Booze Control » contient déjà quelque pièces, qui n’ont pas su, semble-t-il, véritablement trouver preneur ou amateur. Après un EP intitulé «
Wanted », après un premier album nommé « Don’t Touch While Running », la troupe allemande sort son «
Heavy Metal » en 2013. Un hommage au
Heavy Metal, on dirait. En fait, non !
Pour un titre comme «
Night of the Drinking » nous sommes quelque peu surpris que le ton soit sérieux, presque nerveux, produisant un ersatz assez mal foutu d’«
Enforcer ». On souligne dès lors un chant type juvénile d’assez bonne qualité, mais des guitares à la ramasse. Le tout développe un
Heavy Metal répétitif d’assez basse gamme. Cette médiocrité se vérifie pleinement sur le titre « Outlaw », où la base rythmique est complètement corrompue par une branle dégueulasse, bouffie et décomposée. Cela se montre tout aussi limité et bien peu inspiré sur un «
Thunder Child », qui tente bien de se la jouer à la «
Skull Fist ». Là encore la rythmique révèle très tôt des signes de faiblesse. Il n’y a que sur le refrain que les instruments se montrent plus entreprenants, mais l’effort conjugué est mis à bas par le chant de David Kuri, qui (chose troublante) ressemble de manière frappante à celui du chanteur suédois de «
Katana », Johan Bernspång. « Swim with the Shark » avait tout pour nous emballer à priori. La ballade acoustique d’entame est d’ailleurs très jolie, ballotée par le bruit de la mer. Il y a cependant les cymbales de batterie qui viennent court-circuiter cette symbiose, qui sera mis définitivement à terme dès que l’on rentre dans le développement du morceau, fade, amorphe, sans la moindre saveur.
On aura droit à la même moue face à un titre tout aussi mid tempo et fragile. « We Are the Booze » aurait dû être le titre de la formation, au lieu de cela nous avons un titre qui n’aurait dû figurer que dans une démo, tellement les impulsions de guitares peuvent paraître brouillonnes, hésitantes. Il n’y a que le refrain qui donne du jus. Il ne faut pas compter non plus sur le break instrumental complètement mou et ennuyeux. Il n’y a pas seulement la technique qui souffre chez eux, mais aussi la composition des différents extraits, tous plus ou moins redondants. C’est vrai pour « Grusome Twosome », qui contient néanmoins enfin une rythmique assez potable et un refrain bien viril. Cette redondance se vérifie pour un moins valeureux «
Strike the
Earth », dans un registre plus heavy speed. Le heavy speed réussira mieux à leur «
Hellspawn », tentant encore une fois de s’assimiler à «
Skull Fist » dans la démarche volontairement énergique et le chant juvénile aigu, poussé quasi à l’excès. Ce n’est pas pour autant une démonstration grandiose. Nous pourrions aussi avoir une certaine estime pour un assez palpitant « Powertrain », malgré son riffing passé au moulinex. « Atlantis », influencé par « Iron Maiden », si on en croit certains de ses airs de guitare, figure aussi dans les rares éléments sauvables de l’opus ; assez entreprenant, avec un soupçon épique. Mais c’est au tour du chant et des chœurs de se montrer moins désirables.
Vous l’aurez compris, «
Heavy Metal » de «
Booze Control » est un sous sous-produit de
Heavy Metal, déjà que l’on reproche à la vague récente de revival de se contenter de réciter grosso-modo ce que d’autres avant eux avaient créé de toute pièce. Là, «
Booze Control », en mauvais élève, tente de réciter, mais bafouille et hésite sans arrêt, au point que la seule envie pour nous est de les lâcher précocement. C’est d’ailleurs tout ce qu’il y a de plus brouillon et amateur dans le genre. On devine très vite un manque de doigté et de réalisme de la part des musiciens, qui ont véritablement du mal à enchaîner les mélodies de manière confortable et limpide. Le chanteur se révèle juste un peu plus professionnel dans le lot, mais n’est pas non plus à l’abri de remarques à son encontre. A l’évidence, le combo n’est pas du tout mûr pour jouer du
Heavy Metal. Et on devine qu’ils ont voulu surfer eux aussi sur la vague du heavy revival. D’une chose, il a été vraisemblablement trop tôt pour eux de s’y lancer. D’une autre le rouleau de la vague du heavy revival est actuellement en train de se refermer. Quoiqu’il en soit, c’est l’échec assuré pour «
Booze Control », dont le manque de pratique de surcroit nous garantit pour eux une belle noyade.
09/20
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