Plus de 20 années séparent le dernier et second album (
Inheritance) de la formation australienne et ce
Heaven Bled, qui sort chez High Roller Records. Si le groupe mené par Peter Hobbs est surtout connu pour son incisif album éponyme de 1988, cette sortie va sans doute remettre sous les feux de la rampe ce groupe. Doté d'une pochette sobre et classieuse qui pourra rappeler le
At War With
Satan de
Venom, l'album propose 12 titres de thrash parfois lugubre, mais toujours animé de ce feu sacré qui transparaissait au gré des influences des Australiens, dès la seconde partie des années 80,
Slayer et
Venom en tête.
Le riff d'entrée du bien nommé "Il Monstro di Firenze" ôtera tout doute de ramollissement, et Hobb's
Angel of Death agresse l'auditeur avec sa double pédale très présente, les vocaux scandés de Peter, et le tranchant des guitares (on pourra penser à
Razor). Titre idéal pour introduire l'univers du groupe aux non-initiés, ce morceau infernal pourra à lui seul résumer le contenu du disque tant tout le savoir-faire du groupe se trouve dedans. Breaks réussis, décélérations, soli lumineux et rythmique implacable ajoutés au côté malsain des vocaux résument ainsi parfaitement le propos général. On retrouvera la même intensité, et la même réussite artistique sur de nombreux morceaux de la galette (citons "
Sadistic Domination", "TMMF" ou le menaçant "Depopulation"). Le mélange de ces ingrédients est souvent savoureux, comme sur "Walk My
Path" et ses soli aériens (sans vraiment rapprocher cette caractéristique de
Mithras, la dualité rythmiques / soli fait parfois un peu le même effet que chez les Anglais). L'agressivité n'est pas en reste, avec des titres intenses, rapides, portés par le timbre tantôt Arayesque (le Slayerien "
Suicide"), tantôt à rapprocher d'un
Conrad Lant ou d'un Thomas
Fischer (le final "Abominations") ou tantôt plus personnel, amenant à la fois diversité et absence de redondance.
Toutefois, on peut imaginer que sur une si longue période de gestation, l'unité de l'album s'en trouve affectée. C'est en effet un peu le cas, car tous les titres n'ont pas la même qualité d'écriture. Un peu lourdaud parfois ("
Heaven Bled", "Abominations" sauvé par son final aérien), voire convenu ou déjà entendu ("Final Feast" dont le thème principal rappellera à certains un autre groupe - le gagnant qui le mentionne dans un commentaire remportera la palme du lecteur le plus perspicace),
Heaven Bled se perd un peu parfois dans ses méandres et ses influences parfois trop visibles. Un comble pour un groupe de cet âge. Mentionnons parfois aussi une double pédale pas forcément toujours justifiée. Sans doute le prix à payer avec tant de délais et d'absence discographique. Malgré ça, la parution de ce disque, inespérée, reste une très bonne nouvelle. Sans abandonner son aura malsaine, Hobb's
Angel of Death ne sonne pas daté, et constitue une alternative séduisante pour les adeptes de thrash sombre qui se lasseraient d'un énième ersatz tout juste sorti de l’œuf.
Sans doute un peu trop long (dix titres auraient suffi)
Heaven Bled saura se rappeler au bon souvenir des chanceux ayant gardé jalousement le premier album du bébé de Peter Hobbs (dont les cheveux ont bien blanchi avec le temps), grâce à ses qualités et les mêmes ingrédients que jadis, ici repris souvent habilement. Capable de convertir de nouveaux fans avec ce disque, le groupe a réussi son pari, faisant de
Heaven Bled un album original malgré ses petites faiblesses, immédiatement reconnaissable dans le maelström de sorties de la décennie, et d'une efficacité remarquable. Digne représentant de la discographie du groupe,
Heaven Bled est une réussite. Peter Hobbs continue de mener contre toute attente sa croisade, et c'est tant mieux, les fans peuvent foncer.
J'écoute, c'est bien bon!
Et en plus ça se trouve pas bien cher, en fouinant un peu.
Oui, j'ai repéré ^^
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