Hersir est un groupe de black metal suédois quasiment inconnu qui n’a sorti que trois démos sous format digital depuis sa création en 2016 et qui, sur le papier ne possède pas grand-chose pour le distinguer de la masse.
Cependant, à l’origine de cette entité, on retrouve Grim Vindkall, également tête-pensante du fameux Domgård, ce qui peut déjà donner de sérieux indices quant à la qualité de ce premier album longue durée ; et en effet, on peut dire que
Darkness Shall Rise a eu le nez creux en signant Hersir, puisque son premier album intitulé
Hateful Draugar From The Underground est un excellent condensé de black à la norvégienne qui ravira tous les nostalgiques de l’époque bénie des 90’s.
Le quatuor déclenche les hostilités avec Dauðvána, morceau brut, musclé et plutôt rapide à la basse vrombissante qui, lors de quelques passages plus ambiancés, dégage une aura sombre et fantastique. C’est un fait, dès ce titre d’ouverture, on ressent cette magie intemporelle et envoûtante propre aux grands albums du genre qui nous happe et qui sera habilement distillée tout le long de ces presque 50 minutes lors de certains passages bouleversants (The Ironclad Fighters of Hjaðningavíg et ses mélodies oniriques qu’on pourrait croire issues des premiers
Dimmu Borgir, le superbe riff d’ouverture de The Fiddler, excellent titre mid tempo qui sonne comme un savoureux mélange entre
Taake et Domgård, les parties de guitare aussi sombres que belles de Valgaldr…).
Hersir s’illustre dans un savant mélange entre force brute et atmosphère éthérée, évoluant principalement dans un mid tempo exalté et conquérant qui s’emballe parfois en blasts plus lourds que réellement rapides (un
Holocaust Winter,
Blood Runs for the Hörgr, pesant et menaçant, le furieux et dévastateur
Purification by
Fire aux belles envolées finales). Ceci dit, on retrouve quelques compositions plus célestes et transcendantes, sublimées par des claviers procédant par nappes discrètes qui viennent apporter une profondeur considérable et contribuent largement à instaurer cette aura fantastique propre au black des 90’s (The Ironclad Fighters of Hjaðningavíg, Walking the Way of
Giants Divination, très bon morceau atmosphérique qui répète ses notes entêtantes en boucles hypnotiques, At the Old Springs, longue composition mélodique qui vient clore l’album).
Le chant de S. S. est impérial, grognement grave, lugubre et autoritaire dégageant la haine et la froideur nécessaires au style, la basse claque et vrombit comme rarement sur un album de black metal (écoutez voir le morceau éponyme, l’intro d’
Holocaust Winter ou Walking the Way of
Giants Divination !) et le tout forme un bloc cohérent, dessinant dix fresques épiques et enneigées qui incarnent superbement l’âme majestueuse du grand nord.
Malgré son manque d’originalité (mais pas de personnalité, car on reconnait très bien la patte musicale si caractéristique de Grim Vindkall, le plus norvégien des Suédois), il n’y a donc quasiment rien à jeter sur ce premier full length,
Hateful Draugar From The Underground constituant un superbe album de genre, sur lequel les amateurs des premiers
Satyricon,
Gorgoroth,
Taake,
Windir,
Arcturus,
Diabolical Masquerade ou
Dissection peuvent se jeter les yeux fermés et les oreilles grandes ouvertes.
Un hommage authentique et vibrant qui ravira les nostalgiques d’un âge d’or magistralement ramené à la vie pendant 50 minutes qui passent décidément trop vite. Gageons et espérons qu’avec un premier album pareil, ces goules haineuses ne croupissent pas dans les tréfonds de l’underground trop longtemps !
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