Si Maradona et Messi sont connus et reconnus pour la vitesse de leurs dribbles balle au pied, leurs compatriotes argentins de Fulanno sont plus à l'aise dans la lenteur du tricotage musical. Formé en 2010 dans la ville de Coronda par Mauro Carosela (basse), Jose E Frontera (batterie) et Fila Frutos (chant, guitare), Fulanno prend la direction du doom/stoner à haute teneur psychotropique. Il faut aussi préciser que l'Argentine est depuis quelques années une terre fertile pour cette scène.
Après la période répétition/concert/rodage, les voilà fin prêt en 2016 à faire paraître leur premier EP "
Hash Negro en las Misas Funebres" (littéralement haschich noir aux messes funéraires) sur un support CD-R très limité. Conscient du potentiel du groupe, le label suédois
Helter Skelter Productions redonne une chance à cette petite pépite en 2021 sur de multiples formats (cd, vynile, cassette).
Cette cérémonie enfumée contient alors 5 titres qui oscillent entre 5 et 8mn, où les rythmes lancinants et paresseux sont de rigueur. D'emblée, "En Tu Nombre
Master" pose les bases du style Fulanno : répétition de riffs sabbathiens et minimalistes, basse support grassouillette, batterie simple et carrée, le tout surplombé par une voix claire mixée un peu en arrière. Un postulat somme toute des plus classiques mais rehaussé par une ambiance enténébrée bien ficelée. L'ajout d'une piste de guitare avec un son clair apporte une nuance appréciable.
Cette même guitare vient hanter le début de "Osciloscopio", évoquant les débuts fantasmagoriques de certaines productions filmiques de la
Hammer. Le brouillard, d'innocentes victimes potentielles et cette menace qui rôde, tapie dans les ombres. Quand le gros riff déboule, on peut alors sentir avec un frisson mêlé de plaisir la pression des crocs sur le cou. Le chant, intégralement en espagnol, entretient cette illusion. Un très bon titre qui met petit à petit dans une transe bienfaitrice.
Les autres titres, toujours ancrés dans ce classicisme initié par le groupe de Birmingham, démontrent la belle capacité de Fulanno dans l'écriture de riffs simples mais qui s'introduisent facilement dans le conduit auditif pour squatter allègrement le cortex. Les petites injections de guitare claire, ainsi que quelques nappes de synthé, sont un plus indéniable à cet EP décidemment trop court (30 mn).
Merci donc au label d'avoir pris la peine de rééditer ce "
Hash Negro en las Misas Funebres", premier enregistrement prometteur de ce groupe. Depuis, Fulanno a sorti 2 albums, toujours en exemplaires limités, et qui méritent également la découverte.
Doom on, Argentina !!
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