Formation underground de black metal,
Halgadom suscite la controverse quant à ses positions politiques douteuses. Ces médisances semblent animées par la présence en leur sein du chanteur Frank Krämer, officiant également dans Stahlgewitter, formation de RAC ouvertement néo-nazie, ainsi que par la présence sur cet album de
Sebastian Schauseil à la batterie, sinsitrement célèbre pour sa complicité dans leur meurtre de Sandro Beyer par les membres du groupe
Absurd, dans lequel il jouait à l'époque.
De tels ragots suffisent à attirer l'attention sur un groupe qui ne l'auraient peut-être pas gagnée dans d'autres circonstances, aussi il convient de se pencher plus avant sur la musique produite par les gaillards, qui, en 1999, était fort différente de leurs compositions actuelles. L'étiquette folk ici n'est pas intégrée aux morceaux via un quelconque instrument traditionnel, mais se cantonne à quatre pistes purement acoustiques d'un intérêt très relatif ("Wolfszeit", "Wenn die
Zeit Reif Ist", "Sonnenwende" et "
Halgadom"), sur lequel une voix entonnera parfois une mélodie ennuyeuse. Ce n'est pas avec ça qu'
Halgadom se montrera convaincant.
Mais sur le reste des pistes, on n'entendra nulle trace de "folk". On a bien plus affaire à un black metal primitif, dont les riffs sonnent fortement influencés par les premiers albums de Vikernes, lorsque le maître y étalait son sens du riff efficace.
Halgadom ne se défend pas de cette parenté, cependant le résultat est moins atmosphérique que des albums comme
Aske ou Det Som Engang Var. C'est peut-être à imputer à un léger feeling punk qui transparaît dans les grattes et, surtout, dans la voix, crasseuse et rageuse de Krämer, encore moins convaincante que chez Stahlgewitter. Malheureusement, son amateurisme souffre trop de la production médiocre, et non seulement son mauvais anglais est tourné en ridicule, mais ses grognements perdent parfois toute leur crédibilité, dénué de puissance comme d'émotion. Le titre "Holy
War" est un parfait exemple des limites de ses capacités.
Pourtant, ces petits défauts apportent son charme aux compositions, aussi étonnant que ça puisse être. Et même s'il n'y a ni originalité foncière ou coup de génie dans ce premier album, on se surprend à réécouter les pistes qui le composent avec plaisir. C'est en fait qu'elles misent avant tout sur une efficace simplicité, une dose de riffs entêtants, de refrains qui envoient (ou qui semblent envoyer pour peu que l'anglais ne soit pas notre langue maternelle). Bref, malgré ses verrues, cet opus garde le sex-appeal d'une production underground et relativement kvlt, et même si leurs positions politiques sont vaseues,
Halgadom nous épargne d'écoeurants "Heil Hitler" à répétition, ce qui me permet de les gratifier d'un gentil 14/20 sans culpabiliser.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire