Pour une simple affaire de violence, certains groupes repoussent les limites de la crasse et de la brutalité à outrance, faisant de leurs créations des pamphlets sans nom de haine et de bestialité.
As We Bleed est de ceci, un groupe qui avait fait son effet avec son premier album d’une rare violence, «
Harsh Means of Answer Against Compromise », après des splits avec
General Lee et The Last Day of Icarus. C’est en 2010 que le groupe Normand a propulsé son deuxième album : «
Hail the Sick Ones ».
As We Bleed distille donc un Hardcore brutal, ode de colère envers le monde qui nous entourent, à l’instar de
Converge et
Kickback, deux groupes profonde source d’inspiration pour eux. Pour ce deuxième album, l’un des points majeurs du changement se fera au niveau de la production, qui se voudra plus propre, moins de gras pour plus de violence, en somme, mais ce sera parfois préjudiciable. Et hormis l’imagerie assez clichée du groupe (dans le livret : arme, sexe, drogue, m’voyez), nous retiendrons également une plus grande maîtrise de leur énergie, offrant une puissance mieux canalisée, mais toujours avare en moment de répit, ne permettant pas forcément de pouvoir directement accrocher aux premières écoutes.
«
Hail the Sick Ones »-titre est une introduction très clichée. Uniquement instrumental, offrant une suite musicale assez inintéressante, prévisible et cliché, nous passerons directement sur « The
Die Hard Manifest » et sa rythmique des plus agressives, distillant des cris écorchés et incompréhensibles et des mélanges avec un growl plus traditionnel, mais offrant une diversité bienvenue au tout. C’est agressif et violent, et …
… ça le sera globalement sur tout l’album et de la même manière. Les pistes sont parfois trop homogènes, n’opposant que de minimes différences et rendant l’écoute de ces 40 minutes de violence parfois longue et ennuyeuse. La voix est très linéaire, viscérale et haineuse, oui, mais comptant relativement peu de variation, alors que les growls seront trop souvent en sous-nombre. « The
Slow Motion Neuronic
Apocalypse » ne se retiendra ainsi pas vraiment, mis à part pour ses breakdowns plutôt bien maîtrisés sur la fin.
Musicalement, par contre, il y a davantage de choses à dire. Le groupe n’hésite pas à s’éloigner quelque peu des sentiers du Hardcore pour délivrer d’autres choses. Le hardcore abrasif de «
Doomriders in the
Temple of Fake » mariera rythmique mastoc et rapide avec des moments davantage mid-tempo, massifs et distordu, identique à « Death of a
Believer,
Rebirth of a
Fallen » de la même manière que « (Forever
Sworn to) the Black Lodge » en offrira sur de lourd blast purement bourrin ou que « Don’t Fear the Song of a Living
Dead » ramènera sur le devant divers cris revendicatifs sur une base musicale plus punk.
Finalement, les moments plus respirables de l’album se situeront sur les dernières pistes. « Beholders of a Great
Emptiness » offrira ainsi des moments plus Postcore et plutôt bien maîtrisé en mélangeant agréablement Post-Hardcore et la hargne brutale du groupe. Avec la longue «
Nothing More to Say » en conclusion, le groupe bouscule un peu ses codes, offrant en première partie un unique riff, lent et psyché dans sa répétition constante avec d’offrir ensuite une avalanche de cris stridents sur un silence plus pesant avant de conclure par une longue instrumentation trop punk pour un titre aux ambitions plus ambiantes comme celui-ci.
Pas franchement original, mais foutrement renversant dans sa démarche de puissance et de brutalité, ce «
Hail the Sick Ones » offre une deuxième cartouche de choix aux Normands. Si on pourrait lui reprocher son manque de basse, sa trop grande uniformité sur les deux premiers tiers et sa trop grande place accordée à des cris trop linéaires,
As We Bleed délivre une jolie prestation de Hardcore explosif, qui aurait été à même de retourner encore et encore les salles si le groupe n’avait pas décidé de mettre un terme à ses activités en fin 2013. Et pour le coup, il n’y a qu’à souhaiter un bon vent à cette bande d’énervé. Et surtout à la prochaine !
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