Enchainant les albums avec une sacrée régularité au sein de
Sinister, le stakhanoviste Aad Kloosterwaard multiplie par ailleurs les projets dans d’autres formations bataves, plus particulièrement depuis le jour où il a délaissé les fûts pour s’emparer du micro, ayant déjà hurlé chez
Infinited Hate et Blastcorps, également growler attitré de
Supreme Pain et plus récemment d’
Absurd Universe. Fraichement fondé en 2010, ce dernier compte une sacrée brochette d’interprètes composée des frères Bruussaard, Dennis Hartog et Toep Duin gravitant autour de ces mêmes formations en ajoutant notamment
Fondlecorpse et tant d’autres. Avec une seule année d’existence et sans démo au compteur, notre quintet rentre dès aout 2011 aux
Flying Vic Studios pour les sessions de son premier album, bénéficiant d’un son puissant malgré un son de batterie un poil trop synthétique. Le groupe décroche dans la foulée un contrat de distribution avec le petit label italien
Punishment 18, qui nous avait notamment gratifiés en 2008 du sympathique Visual Violence des british revival thrashers de
Pitiful Reign.
Baptisé
Habeas Corpus, adage latin énonçant dès le moyen-âge la liberté fondamentale de ne pas être emprisonné sans jugement, ce premier album des bataves nous renvoie effectivement dans l’histoire, nous plongeant plus particulièrement au cœur du XVIIème siècle, à l’époque où la marine royale néerlandaise, l'une des plus grandes d'
Europe aux côtés de ses rivales britannique, espagnole ou française, parcourait mers & océans l'esprit conquérant et avide de richesses. Le livret de l’album renferme ainsi de nombreuses toiles de caravelles ainsi que deux portaits du célèbre officier Michiel de Ruyter, immortalisé au XVIIème par le peintre Ferdinand Bol. Si les paroles sont censées conter cette période du pays riche en histoire, au même titre qu’
Hail of Bullets s’attachant aux conflits mondiaux du XXème siècle, elles restent toutefois relativement superficielles, nous baladant souvent vers un côté gore & sans saveur proche de la pochette principale, illustration maladroite du mythe de l’hollandais volant.
Débutant sur une bonne introduction qui trouverait idéalement sa place chez
Fondlecorpse,
Habeas Corpus enchaine sur le bon
Freedom Less évoquant l’esclavage, un premier morceau tout à fait représentatif de l’ensemble, basé sur des rythmes majoritairement rapides & tapageurs à la
Supreme Pain et des breaks centraux tout en lourdeur, possédant ce côté parfois épique proche d’
Hail of Bullets. Si cette articulation standard (agrémentée d’échanges de soli où nos guitaristes Bas & Dennis abusent de coups de vibratos) gâche un peu l’écoute de l’album qui gagnerait en efficacité avec plus de variété,
Absurd Universe parvient à maintenir un bon niveau de qualité. Le groupe nous lâche par ailleurs quelques pépites comme Ships of Enslavement montant idéalement dans les tours, l’intense Under Command, ou encore le royal New World
Domination idéal en dernière position, fondant sur une excellente outro d’inspiration classique, durant laquelle résonnent des coups de tocsin solennels.
Si
Absurd Universe lâche en cet automne 2011 un bon premier album de deathmetal véloce, intense et relativement bien ficelé, il nous laisse en revanche l’impression d’un achèvement un peu trop rapide. Conceptuellement, le quintet tient effectivement un filon intéressant qui mérite d’être creusé, tout comme ses compositions qui suivent un schéma souvent similaire, tout en montrant à travers quelques redoutables pistes comme Ships of Enslavement ou New World
Domination, une capacité à écrire de bien meilleurs morceaux. Le potentiel est là pour que le groupe monte en puissance, à l’image de son homologue
Supreme Pain modeste sur son premier jet (
Cadaver Pleasures - 2008) et désormais imparable sur son terrible Divine Incarnation paru en cette même année 2011.
Fabien.
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