La Norvège, vous connaissez ? Mais si, vous savez, les fjords, les lacs, les forêts, le saumon… et le black metal. Car évidemment, vous vous en doutez, sur un site tel que SoM, je ne vais pas vous parler d’Ibsen ou de Breivik (quoi que) mais bel et bien de musique, et ici, en l’occurrence, de cette branche emblématique à l’identité si forte qu’elle a imprimé un élan considérable à un style encore balbutiant à l’époque, et qu’elle constitue depuis un sous-genre à part entière, j’ai nommé le TNBM ( ou
True Norvegian Black
Metal pour les non-initiés).
Pour faire bref,
Blodhemn est un one man band de Bergen encore relativement anonyme qui voit le jour dans l’esprit torturé d’Invisus, et qui sort en
2012 son premier full length,
Holmengraa, après la fameuse démo de rigueur. Notre viking est donc de retour en cette fin d’année, toujours chez les compatriotes d’Indie Recordings, et sort ce H7 qui est, n’y allons pas par quatre chemins, une pure tuerie qui incarne la quintessence du black norvégien et est tout bonnement indispensable pour les amateurs du genre.
Vous aimez
Immortal ? Vous aimez
Taake ? Alors vous adorerez
Blodhemn. Je pourrai presque arrêter ma chronique ici, mais la formation norvégienne mérite un plus grand hommage tant son art musical est excellent. Car oui,
Blodhemn, c’est du black norvégien dans la plus pure tradition, sans aucune originalité, un savant mélange entre les mélodies épiques, glaciales et majestueuses d’un
Taake (écoutez donc Fandesvenn, on croirait presque entendre Hoest s’époumoner !), la noirceur poisseuse et maléfique d’un
Gorgoroth ou d’un
Darkthrone, et la furie dévastatrice et maîtrisée d’un
Immortal (le début de Holmendraa fleure bon les plaines enneigées du grand Nord).
A la fois racé, violent, mélodique, groovy et entraînant, ce nouvel opus nous propose sept compos imparables, oscillant entre 4,09 et 7,32 minutes, pour un total de 41 minutes d’un black metal épique, varié et énergique.
Enchaînant les parties blastées sur des riffs à la froideur saisissante (le début Slettet Av Tid à la beauté impériale) et les passages plus saccadés et rock n’ roll propices au headbang (le début d’
Evig Heder, irrésistible, avec ce riff heavy énorme fleurant bon les 80’s, cette batterie binaire mais ô combien efficace et ces passages thrashy délectables à la
Triumphant), H7 renvoie immanquablement au meilleur du black norvégien,
Taake en tête, notamment dans la construction de titres à tiroirs aux nombreux changements de rythme et d’humeur, mais parvenant toujours à conserver une cohérence et un savoir-faire qui forcent le respect.
Invisus va même jusqu’à imposer des low tempos inquiétants pour poser une ambiance plus sombre et darkthronienne (le milieu de Slettet av Tid, le début, particulièrement lent et pesant de Veiten, avec ces harmonies black vénéneuses à la profondeur hypnotique et dissonante réellement habitée, et sur lequel la voix hurlée du Norvégien nous file la chair de poule, ou encore Andenes Ansiket, mélangeant l’aspect démoniaque et ésotérique d’un
Mayhem et le côté robotique et glacial d’un
Khold, avec ce passage saisissant à partir de 2,33 minutes à la magie noire qui nous gèle le cœur et l’âme, au riff d’une noirceur insoutenable, aux notes à la fois belles et angoissantes et à la double pédale mécanique).
Veiten, titre le plus long de l’album, enchaîne des accords roulants et un blast à la lourdeur étouffante, avant de se muer en une suite de riffs à la fois accrocheurs, entraînants et mélodiques, dont on pensait que Hoest seul avait le secret. Le titre évolue ensuite vers des contrées plus calmes et mélancoliques, empruntant au post black à tendance folk de
Fen, avec ces guitares aux boucles lumineuses et célestes qui viennent un peu réchauffer ce blizzard glacial, avant de retomber sur la trame de début, déroulant cet art musical à la teinte norvégienne si unique et délectable.
Avec une sensibilité et un talent bluffants,
Blodhemn nous fait voyager, dessinant de grandes fresques épiques et enneigées et enveloppant nos sens jusqu’à la dernière minute (la fin d’
Holmengraa, qui clôt l’album, avec ces guitares à la majesté résignée et presque triste qui se répercutent à l’envi, appuyées par le roulement sourd de la double).
Vous l’aurez compris, ce H7 est tout bonnement excellent, objectivement peut-être même meilleur que certaines références du genre, son seul défaut étant d’arriver presque 15 ans trop tard. Ceci dit, ne vous y trompez pas, le manque d’originalité de l’ensemble ne vous empêchera nullement d’apprécier comme il se doit ce millésime qui sonne comme une compilation du meilleur du black norvégien. A posséder absolument pour tout blackeux qui se respecte, point à la ligne.
Dix ans après, j'ai toujours autant de plaisir à écouter cet album, d'une efficacité redoutable !!
Je viens de voir qu'ils en ont sorti un en 2022, j'espère qu'il me plaira davantage à celui de 2019 qui m'avait laisssé plutôt indifférent.
Merci beaucoup pour ton écrit :)
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