Question on ne peut plus fondamentale voir existentielle à même de faire avancer le fatum de l’Humanité en ces temps de décrépitude civilisationelle pour tous : peut-on simultanément avoir une bonne dégaine de rock n’ roll bad ass motherfucker et être roux ?
Assurément non serait-on tenté de répondre en premier lieu avant que ne viennent à l’esprit les poils de carotte W. Axl
Rose, Dave Mustaine, les délicieuses actrices X Nikki Rhodes et Faye Reagan, l’accordéoniste Yvette Horner ou encore le prodige mexicain du Noble Art Saul Alvarez qui ira défier le grand Floyd Mayweather Jr le 14 septembre prochain au MGM Grand de Las Vegas pour la ceinture WBA Super World light middleweight et la défense de son titre WBC de la même catégorie.
Plus sérieusement, la roussitude ne peut qu’être rock n’ roll à l’écoute solennelle des quelques invectives sonores de l’obscur
Gynger Lynn qu’il convient aujourd’hui d’exhumer et de réhabiliter au Panthéon des groupes perdus et oubliés de l’Histoire.
Formé en 1989 à Chicago,
Gynger Lynn nait de la rencontre du bassiste roux
Jim Stuppy et du chanteur/guitariste Dean Pressley alors frontman du combo local Cheri Lane. Baptisé en hommage à la légendaire actrice de films pornographiques américaine
Ginger Lynn, le quasi homonyme
Gynger Lynn se voit rapidement rejoindre par deux connaissances de Stuppy ; le lead guitarist
Will Hair et le batteur Frank Paul. Désormais quartette et uni par une camaraderie sans faille,
Gynger Lynn investit le sous sol de Frank Paul afin d’y répéter nuit et jour et de commencer à écrire les futurs hymnes du groupe. Via l’enregistrement et la sortie de deux demo-tapes et une ribambelle de gigs donnés dans les hauts lieux de l’underground music scene de Chicago à l’instar du Thirsty Whale d’Algonquin avant d’être repéré et managé par le chanteur John
Hunter,
Gynger Lynn continue de gravir les marches du succès en tournant en compagnie de
Doro, Tony McAlpine ou encore
Tuff, attirant ainsi les oreilles de divers labels tels RCA, Capitol ou encore Geffen Records pour lesquels des showcases sont organisés en vue de potentielles futures collaborations. Malheureusement, des incompatibilités d’humeur récurrentes entre Dean Pressley et Frank Paul, des changements de personnel hasardeux et la pseudo révolution de Seattle auront raison de la viabilité de
Gynger Lynn dont le premier full length tant attendu ne verra finalement jamais le jour. Cependant, la compilation de démos «
Gynger Lynn » sortie en 2009 à l’initiative de l’excellent Eönian Records permettra aux fanatiques du genre de découvrir ou de redécouvrir ce combo sleaze éternellement underground.
Premier enregistrement du groupe de Chicago, la démo de 1990 capturée aux studios du Playroom gratifie l’auditeur d’un son compréhensiblement perfectible mais toutefois audible, tel que sur l’introductive « Dirty » donnant dans un hard rock véloce et furieux animé par les vocaux haut perchés pour ne pas dire pubères d’un Dean Pressley n’étant pour le coup pas sans rappeler Davy
Vain de
Vain. De facture comparable, il conviendra de relever l’enthousiaste « One and Only » ; excellent morceau puissant et mélodique tiré vers le haut par le riffing quasi-jouissif de
Will Hair secondé par Pressley à la tâche guitaristique, l’enjoué « My, my Lisa » traitant encore et toujours des relations passionnées avec le sexe faible dont l’intro s’avère peut être pompée sur celle du générationnel « Rock & Roll (Is Gonna Set the
Night on
Fire) » du mythique
Pretty Boy Floyd ou encore le bombastique « On my Way » constituant une petite tuerie sleaze survoltée composée par le bad ass
Will Hair, également auteur exclusif de la géniale « Dirty » ouvrant les hostilités sur cette première maquette. Bien évidemment et comment pourrait-il en être autrement, les ballades langoureuses obligatoires ne sont pas en reste parmi les six titres de cette démo de 1990 ; «
Reasons Why » tout d’abord qui efficace et belle en soi bien qu’anti originale permet d’apprécier un Pressley ému et solennel dans son propos sentimental (« I could never live without your love.. » pfff), puis «
Why is it Over » ensuite s’avérant être une mélopée grave relativement poussive et dispensable bien loin de l’efficience et de la fraicheur de sa remarquable consœur.
Second brouillon de
Gynger Lynn, la démo de 1991 enregistrée comme son ainée entre les murs des studios du Playroom par le combo lui-même démarre avec la sympathique et frivole « Tell the World » rappelant les moments les plus niais mais ô combien efficaces de
Poison et de
Stryper, indescriptiblement communicatifs bien que supra ridicules et parfois même vomitifs lorsque l’on prête attention aux lyrics dignes des pires dialogues des romans-photos du magazine pour pucelles attardées ‘Jeune & Jolie’. Adoucissant clairement son propos depuis sa démo de 1990,
Gynger Lynn parait mettre un an plus tard le cap sur un hard FM spécial mariage à la
REO Speedwagon ou encore
Heart des 80’s comme peut en témoigner l’indigeste et bien nommée « In my
Heart » gratifiée d’une intro et de lignes de keyboards « hardcore » mais néanmoins sauvée du désastre insurmontable par un solo de maitre signé le bad ass motherfucker
Will Hair. Complétant ce deuxième enregistrement, les mid tempo électriques poussifs et dispensables « Wanna Be Your Lover » et « I Love the Light » peineront à susciter l’intérêt d’un auditeur commençant peut être à comprendre pourquoi
Gynger Lynn n’a pas réussi en son temps à franchir le cap décisif du premier full length. Constituant l’ultime démo de la compilation enregistrée en 1991 dans les studios de la Chicago Recording Company sous la houlette de John
Hunter, les trois derniers titres de ce support édité par Eönian Records sont à l’image des deux enregistrements précédents et plus globalement de la facture qualitative du propos musical inégal du quartette sleaze de Chicago oscillant entre le bon et le médiocre. Il sera alors juste de louer les mérites de la juvénile mais sympathique « Arms Around You » et de la belle ballade acoustique « Faces » sur laquelle Pressley semble mimer vocalement Mick Jagger mais à l’inverse, le temps paraitra vraiment long à l’écoute de la berceuse stérile « Love » clôturant les débats.
Groupe sleaze n’ayant finalement sorti son premier album qu’en 2010 soit plus de vingt ans après sa formation initiale,
Gynger Lynn présente à l’auditeur via cette compilation de trois démos le fruit du travail de ses premières années grâce auquel il aurait espéré marquer l’Histoire au travers la parution d’un premier full length sur un label digne de ce nom au tout début des années 90. Arrivé tard sur le marché alors saturé des groupes à perruques aka hair bands et ayant choisi de rester dans l’Illinois sans parler de la déferlante grunge arrivée au moment où il aurait du prendre le taureau par les cornes,
Gynger Lynn peut également en vouloir à un propos musical inégal oscillant entre de trop rares coups d’éclat (« Dirty », « One and Only », « My, my Lisa », « Tell the World ») et des titres fades et stériles sans parler d’un style peu affirmé et bancal à mi chemin entre un sleaze rock énergique et un hard FM lacrymal. Sans être réellement indispensable, «
Gynger Lynn » s’avère être une compilation qui saura satisfaire la curiosité des fanatiques maladifs et inconditionnels roux ou non du sleaze/glam des années 80 en perpétuelle quête de nouvelles découvertes ou nécessitant une piqure de rappel si besoin est. A découvrir ou à ignorer.
La première démo évoque Dangerous Toys, alors que celles de 1991, certes plus soft, me plaîsent peut-être encore plus, avec un petit côté tirant vers Big Bang Babies, notamment la dernière ballade "Love" qui me rappelle "Everybody Loves My Baby" des BBB dans l'esprit. Des titres certainement trop efféminés que j'adore en secret ehe.
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