Nombreuses sont les formations metal symphonique à chant féminin à venir se lancer dans l'arène, dont ce septet slovaque originaire de Bratislava, encore inconnu dans nos contrées et désireux, lui aussi, d'en découdre à l'international. Créé en 2009, ce n'est que neuf ans plus tard qu'il nous livre cet introductif EP 5 titres dénommé «
Ground Zero » ; auto-production d'une vingtaine de minutes d'obédience symphonique folk, dans la veine de
Nightwish,
Epica,
Delain,
Eluveitie et
Lyriel. Ce manifeste témoigne, en outre, d'une logistique soignée, d'une ingénierie du son proprette, à commencer par un mixage bien équilibré, des enchaînements sécurisés et peu de notes résiduelles. Et ce, même si un manque de profondeur de champ acoustique vient jouer les trouble-fête. Le temps semble donc avoir joué en la faveur de nos sept mercenaires...
Ainsi, Romana Kolkusová (frontwoman), Marián Corvis Kronauer (screams), Andrea Dobrovodská (flute traversière), Matúš "Matt" Považaj (guitare), Milan Vlačuška (guitare), Peter Áč (basse) et Martin "Wajo" Krajčík (batterie) nous octroient une œuvre plutôt accessible et classique dans sa structure, jouant sur une infiltrante mélodicité et la technicité éprouvée de ses membres pour nous rallier à leur cause. Ce faisant, on effeuille une pièce à la fois offensive, énigmatique, troublante et romantique, calée sur le schéma oratoire devenu classique de la Belle et la Bête. le groupe faisant ainsi sereinement cohabiter l'empreinte folk avec l'assise rock'n'metal mélodico-symphonique du projet. Mais entrons plutôt dans la petite goélette en quête de quelques trésors cachés...
Le combo slovaque ne tarde pas à encenser le tympan, délivrant d'entrée de jeu quelques séries d'accords susceptibles de nous retenir plus que de raison. Ainsi, le chaland s'orientera sans mal vers les vibes enchanteresses du saillant et headbangant « The Day of Reckoning », véritable hit en puissance dans le sillage de
Lyriel. Déroulant ses riffs en tirs en rafale adossés sur une rythmique qui, par moments, tend à s'embraser, cette entraînante offrande folk symphonique se nourrit de ''delainiens'' refrains, mis en exergue par un duo mixte en voix de contrastes bien inspiré. On ne résistera pas davantage à la grisante ligne mélodique de l'entraînant et néanmoins vigoureux «
Tree of Ravens ». Non sans rappeler
Metalwings, c'est un tourbillon de saveurs exquises qui nous attend sur chacune des portées de cette sémillante composition. De quoi nous intimer d'aller explorer plus en profondeur le navire...
Parfois, la cadence s'accélère d'un cran et la section rythmique s'ensanglante. Ce faisant, en dépit de la complexité de certaines séries de notes, le spectacle proposé s'avère à la hauteur de nos espérances. Ainsi, une basse vrombissante enserre l'impulsif « Enter the Future », titre à l'empreinte folk bien marquée et doté d'un subtil legato à la lead guitare. A mi-chemin entre
Eluveitie et
Lyriel, le méfait distille d'insoupçonnés changements de tonalité, quelques montées en puissance et des harmoniques finement échafaudés. On regrettera toutefois la présence d'inopportuns et répétitifs passages instrumentaux sur cette piste. Dans cette énergie, l'accroche s'opérera plus aisément sur « Stolen
Life », plage power symphonique aux relents folk death dotée de refrains immersifs à souhait. Ne nous laissant que peu le loisir de reprendre notre souffle, cette ogive laisse entrevoir le son d'une flûte virevoltante, assurant une heureuse liaison entre deux passages tempétueux.
Mais c'est dans le secteur des moments intimistes que le collectif parvient le plus aisément à capter le pavillon. Aussi, c'est avec une rare délicatesse qu'il nous livre ses mots bleus à l'instar de «
Awakening », enivrante ballade romantique fortement chargée en émotion, sous-tendue par de somptueux arpèges au piano, une flûte gracile et de fines variations, que n'auraient reniés ni
Epica, ni
Eluveitie. Mis en habits de soie par les inflexions veloutées de la maîtresse de cérémonie, cet instant privilégié fera voler en éclat toute tentative de résistance.
A l'issue de notre parcours, force est de constater qu'un potentiel technique et mélodique s'esquisse déjà à la lumière de cette initiale offrande. Certes, le menu propos ne témoigne que de rares prises de risques et de peu d'envergure artistique, le combo n'ayant pas totalement digéré ses sources pour les faire siennes. De plus, celui-ci apparaît peu diversifié sur les plans rythmique et vocal, et les exercices de style requis dans ce registre peu variés, voire absents. Cependant, si les finitions restent à parfaire, pour un premier jet, nos acolytes n'ont pas démérité, octroyant un message musical fringant, poignant et sensible, que leur envieraient bien des homologues. Selon votre humble serviteur, en dépit des irrégularités de ce premier essai, on pourrait y voir là les prémisses d'une aventure au long cours pour l'inspirée formation slovaque...
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