La musique Avantgardiste aime Julien Cassarino et celui-ci le rend bien. Tout d’abord, c’est
Psykup qui a ouvert les portes. Les Autruches de Toulouse ont secoué le monde du
Metal français de leur musique aussi osée que technique, mélangeant allègrement toute la musique de ces trente dernières années. Dans le même temps,
Manimal et son open-Death atmosphérique ont fait trembler les barrières du Death tel qu’on le connaît. Et puis
Simone Choule a également fait de petits émules, bien qu’un peu plus discret que ces deux grands frères. Et puis il y a …
Rufus Bellefleur. Derrière ce nom plus qu’étrange se cachent Ju' et Yuz, proposant une vision très saugrenue de la musique. Mélangeant
Metal, Country et Hip-Hop dans une musique plus qu’étrange, les voilà prêt à mettre en place une nouvelle idée de la musique.
Rufus Bellefleur est un personnage complètement ringard, originaire de la ville de Montrouge, en Louisiane. Il aime le bon alcool puant. Rien qu'une saleté de fantôme, fan de sexe, qui aime la crasse et qui plus est, a soif de vengeance, autant le dire, il n'est vraiment pas content, sans oublier qu'il aime le bon vieil alcool à vous en trouer l'estomac (déjà dit, mais il est important de bien le préciser). Autant le dire, inutile de chercher une musique sérieuse sur cet album qui sent bon le délire entre potes. Mais n'oublions pas le maître d'oeuvre : Julien Cassarino, autant dire que délire ou non, la qualité ne peut être qu'au rendez-vous.
Le disque commence directement par un coup de fusil sur un pauvre coq. Rufus se réveille et «
First Blood » se lance sur un hurlement à glacer le sang, Ju' hurle tel un damné tout le long de ce premier couplet avant de lancer une petite vague de chant clair bien mielleux mais étrangement plaisant avant de vite rebasculer à nouveau sur ces hurlements connus et reconnus. Une entrée en matière purement réussie en fait. Et tout le long de l'album, Ju' nous gratifiera de multiples facettes de sa magnifique voix, la torturant et la remuant dans des mesures que le chanteur ne nous avait encore jamais habituées.
Julien nous offrira donc plusieurs fois de somptueux hurlements (« Drink (This Is My Soul) », « The Shop », « All Your Humanity »). Mais finalement, là n'est pas le point principal. Évidemment, ces hurlements si aigus ont la classe, mais c'est bien sur ses autres facettes vocales que Ju' nous épatera. Comme ce superbe flow hip-hop sur « R.U.F.U.S » ou « A
Hole in This Cage », un chant volontairement franglais et hilarant de par cet accent sur-abusé sur « Ma Blonde ». Sa voix se fera aussi chaude et mélodieuse sur « Third
Fight Scene » mais également touchante sur la ballade de l'album « Souviens-toi du Bon Temps ». J'en oublierai presque les choeurs popesques et le groove entraînant de « The Rendez-Vous » ou encore le côté dancefloor de « Tonight the
Devil Is the DJ ». Enfin vous l'aurez très rapidement compris, tout cet album est un patchwork vocal monstrueux de notre Ju' national.
Musicalement, l'ambiance de ce disque vaut son pesant de cacahouètes ! Si un côté volontairement country et hip-hop semblent sortir principalement de cet ensemble, n'oublions pas les multiples mélanges qui sortiront du tout. Un fond
Metal semblera sortir de cette guitare torturée de « Drink (This Is My Soul) » ou encore un gros côté industriel et bien glauque sur « All Your Humanity ». N'oublions pas non plus un énorme côté kitsch sur « Third
Fight Scene » semblant tout droit sorti d'une bonne musique de sous les cocotiers, bercé par une bonne grosse basse bien grondante, ses percussions de Club Med et son final envoutant et aérien. Ajoutez à cela « Tonight the
Devil Is the DJ » et son ensemble dance-country, renforcé par son break acoustique et son clip exceptionnellement débile ! À voir absolument pour une bonne tranche de rigolade. Un « R.U.F.U.S » au solo de sifflet (si, si, de sifflet, un vrai sifflet de foot...) et un bon « voulez-vous coucher avec moi ce soir, motherfucker ? » tout à fait élégant, de bonne percu digne d'un bon titre de hip-hop US ou encore d'un « The Rendez-Vous » profondément et typiquement pop sur-commercial et pourtant étrangement entrainant et hilarant prononcé par notre Ju' et musicalement accompagné par une foule d'instruments tous plus en décalage les uns que les autres. Au fond, on ne se retiendra pas de taper des mains en rythme. « Dirty Feet » et son fond d'orgues et de légère symphonie retiendra l'attention de par son chant groovant et légèrement parlé, véritablement rythmé et efficace. « Souviens-toi du Bon Temps », mélancolique et délicate, se fera accompagner de pures sonorités country et d'un chant mélodique et touchant de Ju'. Bluffant.
Rufus Bellefleur réussit le pari de construire un patchwork musical semblant totalement désordonné, mais apportant peu à peu un sens tout particulier. Au fur et à mesure des écoutes, les subtilités se montrent, se développe, les atmosphères se construisent et libèrent une grâce exceptionnelle et un sens du rythme totalement libérateur et vivifiant. Importé de la country en France est en soi un défi, mais réussir à en faire un pur mélange de cette façon et tout simplement merveilleux.
Pas facile d'accès, c'est certain, mais une fois dedans, il est impossible d'en sortir. J'aimerais en dire plus, mais je risque tout simplement de m'embourber, ce qui est quand même un peu le cas.
En fait, il n’y a qu’une chose à retenir de
Rufus Bellefleur. Bordel, mais quel kiff !
Une chronique fournie et détaillée, merci ! :)
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