Les voyages musicaux. Il n’est pas toujours aisé de trouver l’œuvre adaptée à nos exigences, à notre sensibilité, à nos goûts. A la découverte d’un opus susceptible de nous plaire, on finit la plupart du temps par être frustré.
Pas assez de ça, trop de ça, etc. L’excitation laisse alors place à la déception et nous continuons inlassablement une ruée vers l’or, la pépite, le bijou qui nous rendra satisfait et content de notre acquisition. Comme une quête vers la plénitude auditive. Et là arrive l’album attendu…
Originaire d’Australie,
Aquilus arrive comme une fleur au cœur d’une scène metal atmosphérique encore trop disparate. Il n’a que quelques démos en poche, peu de moyens, un manque cruel de promotion et de distribution, un cercle de fans limité et pourtant arrive l’inconcevable : la création d’un album repoussant les limites du possible et propulsant l’auditeur au sein d’un rêve éveillé. «
Griseus ». LE voyage musical.
Il sort en auto-production fin 2011 et se compose de 8 titres pour une longueur totale d’une heure vingt. Même pas besoin de regarder un film,
Aquilus nous offre une musique qui nous apporte des images. Il suffit de fermer les yeux et nous voilà projetés dans le monde de l’Australien, dans des prairies et des montagnes, dans un camp, au bord de l’eau, au sein d’une bataille, aux côtés de créatures mythologiques.
Aquilus décrit sa musique comme du metal atmosphérique. C’est très vague mais il s’agit sans doute d’une des meilleures appellations, avec metal symphonique. «
Griseus » est un savant mélange de genres cohabitant les uns avec les autres. L’atmosphérique côtoie sans problèmes le death metal, le black metal, le folk metal, le prog et la musique classique. Tout est dosé de façon intelligente, pour nous embarquer sans interruption dans un univers cinématographique.
Aquilus puise sans aucun doute ses influences dans des groupes comme
Emperor,
Summoning ou
Opeth mais aussi des compositeurs de musique de film comme Howard Shore (Le Seigneur des Anneaux), l’inspiration la plus flagrante. La mélancolie et la noirceur se mêlent habilement à la beauté et à l’éclat.
Une fois pris dans les bras de «
Nihil », impossible de ressortir de cette douce étreinte. Le symphonico-atmosphérique mène la danse avant de se coupler au black metal et aux cris guerriers de Waldorf. Les accélérations nous font prendre conscience du côté extrême des compos, sans non plus nous envoyer dans un torrent de brutalité. L’éthéré est de mise, ainsi que les allées et venues de violons épiques. Les guitares tranchantes renforcent la noirceur sans non plus nous étouffer et changent de teinte de façon déconcertante pour accompagner, de façon acoustique cette fois-ci, des chœurs, des notes de piano et des violons tout droit sortis de l’époque romantique.
« Smokefall », lui, touche davantage aux éléments folkloriques avec ses guitares acoustiques et ses flutes. Le contraste entre les parties instrumentales douces et les parties metalliques plus brutales est fort mais ne fait qu’accentuer une certaine dualité, cette bipolarité qu’
Aquilus maîtrise à merveille. Le black/death rageur fait place à la caresse des violons et inversement, comme des péripéties qui se succèdent les unes après les autres. Idem avec un « In Lands of
Ashes » mettant en avant des passages de toute beauté, aux atmosphères enchanteresses portées par les violons et le piano. Douze minutes de mélodies magnifiques, de puissance et de majesté dans un orchestre pourtant programmé…
Les morceaux les plus agressifs sont souvent les plus courts, comme avec « Latent Thistle » et son final folklorique joyeux ou « The Fawn » qui, après sa longue intro au piano, envoie le pâté avec un black/death symphonique racé. Mais
Aquilus est beaucoup plus fan de l’atmosphérique dans tous les sens du terme. Clou du spectacle avec «
Night Bell », dix-sept minutes d’envolées au piano, de ralentissements, d’accélérations, de pauses, de déflagrations, de magie, de saveur, de violons émotifs…que demander de plus.
Il est clair qu’
Aquilus divise car «
Griseus » ne s’adresse ni aux puristes ni aux amateurs de simplicité. Ici on a plus de parties purement symphoniques que de parties metal. La complexité oblige l’auditeur à passer du temps sur cette œuvre. Chaque écoute nous ouvre une nouvelle porte, nous montre un nouveau paysage et de nouvelles couleurs. Le maître à penser Waldorf rassemble, le temps d’une heure vingt, puissance, sensibilité, émotion et chaleur, pour un résultat grandiose et incomparable. On pourrait presque atteindre la perfection…
"Même pas besoin de regarder un film, Aquilus nous offre une musique qui nous apporte des images"
tu viens de résumer l'album! :D
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