Blakk Old Blood, en voilà un nom remarquable ! Et il faudra bien ça au combo de Zurich, formé en
2012 à peine, pour l’aider à se distinguer de la masse de groupes black qui pullulent sur la scène underground, d'une part car ce nouvel EP – leur troisième déjà, vous avez entendu parler des autres vous ? - qui nous arrive sur le petit label Clavis Secretorvm, sort dans l’anonymat le plus complet faute de moyens et de promotion, et d'autre part parce que son contenu, s’il est indubitablement convaincant, nous laissera tout de même sur notre faim, la faute à une durée ridicule de douze minutes.
Après avoir écouté quelques compos du groupe traînant sur Youtube, on peut brièvement présenter
Blakk Old Blood comme un bon groupe de black classique bien haineux, rentre-dedans et visiblement sataniste, et ce n’est pas ce
Greed qui me fera mentir : un larsen strident, puis c’est parti mon kiki sur un riff simplissime martelé par ce rythme binaire presque punk, les Suisses nous servant un black régressif, cradingue et entêtant headbangant à souhait sur lequel on ne peut s’empêcher de taper du pied. On a quand même quelques variations de riffs et de tempi qui permettent d’apprécier ce premier titre destructeur qui se termine comme il avait commencé sur un larsen, histoire de boucler la boucle.
L’Intermezzo de 35 secondes est comme son nom l’indique un intermède un peu inutile sur lequel différents hurlements démoniaques viennent nous cajoler subtilement les oreilles avant que l’expéditif et explosif
Thou Art
Dragon ne déboule tous blasts dehors, reprenant les mêmes ingrédients que
Misanthrope en plus rapide et furieux – alternance entre voix rauque et hurlée, riffs grésillants et conquérants et batterie qui envoie la sauce sans se poser de question - pour un concentré de violence et d’efficacité d’à peine 1,16 minutes. Le tout est bestial à souhait, sans grande technique ni variation, rappelant vaguement
Beherit, la voix est dégueulasse et bien criarde, les riffs simplissimes, le rythme oscille entre mid et tempi effrénés sans aucune subtilité, mais force est de reconnaître que le tout est parfaitement torché et reste d’une efficacité redoutable, ce qui n’est pas toujours évident dans ce genre de proto black bas-du-front finalement assez casse-gueule car tournant rapidement à la caricature.
Le dernier titre surprend, calme morbide après la tempête, agonisant ce même riff sifflant à la mélancolie poisseuse sur plus de huit très – trop !- longues minutes dans une ambiance ritualiste et hantée, presque solennelle, morceau uniquement basé sur cette guitare hypnotique et le « chant » moribond de Deus
Mortuus ainsi que quelques légères percussions en retrait et une sorte d’incantation lugubre où se mêlent chuchotements et râles rauques.
Voilà, douze minutes, c’est le temps qu’il aura fallu au quatuor suisse pour nous prouver qu’il sait faire du black metal, mais c’est aussi une durée extrêmement frustrante là où on aurait aimé en entendre plus pour se rendre vraiment compte de ce que le groupe a dans le ventre: écartelés entre deux titres bestiaux extrêmement courts et une longue plage atmosphérique qui fait inutilement durer le plaisir, on ne sait finalement pas trop quoi penser de
Blakk Old Blood, et la formation reste difficile à cerner, évoluant entre deux extrêmes. Reste un travail de qualité et d’une authenticité indubitable qui nous fait au moins dire ceci : Blakk old
Blood est un groupe à suivre, et on attend désormais le premier full length de pied ferme pour voir si le combo parviendra à concrétiser cet Ep certes intéressant mais bien trop court.
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