Est-ce que votre mémoire est de plus en plus brumeuse ? Putain, c’est quoi le 4ème titre de la face A du second Wasp ? (on ne triche pas, merci)
Les quinquagénaires, et plus si affinités, épargnés par cette salope d’HELLzheimer se souviennent probablement mieux que moi des encarts publicitaires pour les albums du label Black
Dragon Records en dernière de couverture d’Enfer Mag’. Sur celle du numéro 33 de février 86 apparaît ce «
Graceful Inheritance ». Un label qui avait grave du pif, la preuve : « Open The
Gates », « Epicus Doomicus Metallicus », les deux premiers
Savage Grace,
Liege Lord, les
CJSS/
Chastain, sans parler de mon chouchou-que-tout-le-monde-trouve-éclaté le « Of The Sun +
Moon » de
Sacred Blade. Et donc aussi
Heir Apparent.
Le combo est originaire de Seattle, la ville de Queensrÿche, groupe auquel il a souvent été comparé, de manière bien trop exagérée à mes oreilles. Mais c’est vrai qu’il y a eu de nombreuses connexions. Ainsi, dès 1983, Kim Harris, précisément manager du early Queensrÿche, prend la démo 3 titres du guitariste Terry Gorle très au sérieux et décide de lui donner un coup de pouce pour se faire un nom et recruter des musiciens. Parmi ceux-ci figureront un temps des ex-membres du premier groupe de
Geoff Tate. De Sapien, le groupe change son patronyme pour
Nemesis puis pour
Heir Apparent au début 1984.
En juin de cette même année, Harris, que le Rÿche veut pleinement investi, se désengage de son contrat avec Gorle et annule le financement de l’enregistrement du premier album. C’est tendu car le
Triad Studios de Redmond à Washington est réservé pour le mois suivant. Pour sauver les meubles, Gorle met la main à la poche pour réaliser une démo 5 titres - lesquels figureront sur le premier album - avec l’ingé son Tom Hall, celui-là même qui avait déjà travaillé sur l'EP de Queensrÿche. La démo est bien accueillie mais aucune maison de disques ne se décide à les signer.
Début 85, Terry fait alors la tournée des popotes - la famille, les proches, les quelques fans, la vente du rein d’un ami un soir de beuverie - pour financer la première moitié de l’album. Enregistrer un demi album, quelle drôle d’idée ? Pourtant ça marche ! Cocorico, le label parisien Black
Dragon Records est séduit et avance la thune pour terminer le disque en octobre. Entourés du chanteur Paul Davidson, du bassiste Derek Peace, du boum-boumeur Raymond Black et de Tom Hall, toujours de la partie aux manettes, Gorle tient enfin son premier full lenght. Belle persévérance mec. Avec aussi l’obligatoire pochette dessinée par le regretté Eric Larnoy. Le skeud sort en janvier 1986, uniquement en Europe. Double cocorico, en octobre 86, Black
Dragon devient avec ce disque le premier label indépendant européen à sortir un cd.
Quant aux US, ils sont aux fraises et ne le sortiront qu’en 2016, pour l’édition anniversaire des 30 ans. Dingue, nul n’est prophète en son pays mais quand même. Tant pis pour eux, ils sont passés à côté d’un excellent album dont se dégage somme toute une vraie personnalité. Ainsi, si on oublie le court instru sans intérêt en opener («
Entrance »), on salue l’audace du combo d’ouvrir l’album par une minute en arpèges accompagnée par le chanteur (« Another candle »). Superbe. Paul Davidson n’est pas le plus grand chanteur que le heavy ait connu mais il est très agréable à entendre, avec souvent de chouettes lignes de chant.
Porté tout du long par le talent guitaristique de Gorle, le disque alterne entre compos heavy plutôt « directes » («
Nightmare », le Maidenien et excellent « Tear down the walls », « The cloak » «
Hands of destiny », ou encore le superbe «
Dragon’s lair ») et d’autres aux plus nombreux changements de structures rythmiques (« Another candle », le déroutant refrain de « Running from the thunder », «
Master of invasion », l’instrumental « RIP », « The servant »). Dommage que les trois derniers titres soient moins percutants, ça me laisse toujours un petit goût d’inachevé. Les deux titres bonus de l’édition de 1999, malgré des claviers en plastoc trop présents, sont intéressants, surtout « We, the people » que j’imagine volontiers sur «
Rage For Order », le génial deuxième opus de Queensrÿche sorti quelques mois après ce «
Graceful Inheritance ».
A tous les amateurs du premier
Fifth Angel, de
Crimson Glory, ou du early Queensrÿche, vous ne devriez pas être déçus par ce disque qui se porte comme un charme en dépit de ses quasi 40 ans. Je trouve même que c’est hyper agréable en 2025 d’entendre une telle prod’, avec une guitare étonnamment peu « agressive » pour du heavy et une basse bien en avant dans le mix. Un disque qui a obtenu la note de 49/50 dans le numéro 15 de janvier 86 du Rock
Hard teuton, en faisant l'album le mieux noté des plus de quarante années d'existence du journal ! Invraisemblable quand on pense à tous les chefs d’œuvres du métal qui, malgré toute la tendresse que j’ai pour ce disque, surpassent ce «
Graceful Inheritance ».
A l’été 1988,
Heir Apparent ouvre pour
David Lee Roth au Seattle Center
Coliseum. Drôle d’affiche, les deux groupes n’ayant pas grand-chose en commun. Dans la foulée, le groupe aurait parait-il signé un contrat portant sur sept (!) albums avec Capitol Records/
Metal Blade. L’avenir s’annonçait prometteur pour l’Héritier Présumé. Sauf que non. Le combo, qui a dégagé un Paul Davidson trop porté sur la drogue, splitte avant même la sortie du terriblement mollasson «
One Small Voice » (1989), avec sa reprise à la con de « Sound of silence ». Gorle a déclaré en interview que le changement de style entre les deux albums était dû à sa volonté de ne plus être comparé à Queensrÿche. Ok mais alors pourquoi avoir engagé Steve Benito qui sonne comme un clone de Tate ? Moi je dis qu’il vaut mieux être comparé à un grand groupe - car oui Queensrÿche l’était à cette époque - que de sortir une merde incognito. L’Héritier Présumé ? On oublie. Encore un groupe qui à l’instar d’un
Fifth Angel n’aura pas su confirmer les espoirs nés de son premier full.
Sinon, putain, c’est quoi le 4ème titre de la face A du second Wasp ?
Merci messieurs pour vos commentaires. Nous sommes d'accords sur quasiment tout, faut pas vous exciter :-)
Le point de désaccord concerne le fait que vous ne reteniez aucun titre de ce disque, là je ne pige pas, il y a des mélodies et des refrains pourtant très faciles à garder en tête. HELLzheimer les zamis, attention!
Ce que je voulais dire, c'est que je trouve la comparaison faite avec Queensrÿche trop exagérée car ce premier album possède sa propre personnalité à mon sens, ce qui n'est aujourd'hui et n'était à l'époque pas si fréquent.
Je me suis planté concernant mon édition récente de l'album, c'est Hammerheart Records (2022) et non pas High Roller Records. Alors oui Sam, cet album a une personnalité, je lui ai quand même mis 16/20 ce qui n'est pas rien, mais il m'a moins marqué que d'autres albums d'autres groupes du même style. Ceci étant dit, tout est relatif puisque je l'écoute toujours avec plaisir, surtout avec cette version récente qui sonne un peu mieux qu'à l'origine, c'est une valeur sûre de cette grande époque.
Je m'aperçois que j'ai également oublié de citer Lethal, et eux je les range tout en haut du panier bien sûr ! Ce "Graceful Inheritance" est sur ma platine actuellement et si le chanteur est terrible, ils ne sont pas aidés par ce son de guitare trop fin qui ne met pas en valeur leurs supers compos. Cool de nous avoir fait ressortir le skeud, Sam.
J'en parle de ce son de guitare pas très heavy et assez en retrait, je trouve que cela donne une certaine personnalité à ce disque justement.
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