Le combo «
Black Trip » voit officiellement le jour en fin 2003 de l’idée du batteur suédois Peter Stjärnvind, que de nombreux metalleux doivent connaître, puisqu’il a été membre d’ «
Entombed », de «
Merciless » et de «
Nifelheim ». Celui-là met sur rails le projet avec son ami batteur Daniel Bergkvist, aujourd’hui ex-membre de «
Wolf », avec qui il semblait partager la même volonté de faire renaître le son dans lequel ils avaient tous les deux grandi. Peter lâche les fûts pour la guitare au profit de son camarade. Seulement, avec le temps rien ne se créé de cette collaboration, et Daniel, perdant patience et espoir prit la décision de quitter «
Black Trip ». L’aventure n’a pas fait son chemin. Elle sera pourtant remise sur pieds suite à une conversation entretenue entre Peter Stjärnvind et le guitariste d’«
Enforcer » lors d’un passage en Allemagne. Joseph Toll avait émis le souhait de devenir chanteur dans un groupe, un jour. Ce rêve est en train de se réaliser. Très vite les choses prennent forme et le line-up se complète avec des camarades des deux compères. Une démo deux titres sort en
2012, puis un album est rapidement en voie de préparation aux Gutterview Studios la même année. Cet album s’intitulera « Goin Under ». On lui prétend des influences à « Iron Maiden », «
Saxon », «
Scorpions » ou «
Thin Lizzy ». Mais seule une seule d’entre elles prévaudra.
On devine dès le premier morceau à qui «
Black Trip » fait le plus référence. Tout bon fan de «
Thin Lizzy » reconnaîtra immédiatement l’emprise de la mythique formation irlandaise sur « Voodoo Queen », pour ses sonorités très 70s, des riffs typiques par à-coups forts séduisants. Cerise sur le gâteau, le chant de Joseph est une copie surprenante de celui du défunt Phil Lynott, reprenant cette même façon qu’il avait de chanter à la Mick Jagger, mais encore plus surréaliste, reprenant aussi le timbre du célèbre bassiste métis. Ce très bon titre, d’une fluidité et d’une efficacité digne de la référence, est à rapprocher au morceau éponyme, qui produit également du «
Thin Lizzy » pur jus, marqué par sa légère tempérance funk rock, ses riffs de guitare impétueux. Le break va marquer une cassure nette sur le titre, créant un univers profond, meurtri, parfait pour y incorporer des airs bluesy, un chant larmoyant assez surréaliste. Joseph Toll nous révèle des talents vocaux que l’on n’aurait pas du tout cru ou envisagé de sa part.
Nous retrouverons ce même goût pour la cassure nette au passage du break, décapante cette fois, sur le prodigieux « Radar », qui véhicule des mélodies sexy et bien charpentées, avec une rythmique un poil plus soutenue. Le court « The Bells » est lui aussi étonnant d’énergie, de vitalité, bien qu’un peu plus basique dans la forme. On en retient un formidable enthousiasme, comme si l’équipe était éprise de sa réalisation. Celui-là est par contre moins fulgurant que « No Tomorrow », qui met véritablement les bouchées doubles en matière de puissance, au point d’y créer une certaine tension, des frémissements menaçants. La fougue du morceau est principalement due à une émergence heavy metal, croisée dans une bien moindre teneur sur les autres morceaux. « No Tomorrow » se résume étrange, intimidant, sujet à de grosses bouffées nerveuses qui empoignent fermement l’attention de l’auditeur.
Sur « Putting
Out the
Fire » le groupe fait aussi usage de fermeté, à travers des riffs directs et aguerris, un jeu un peu plus massif que ce que nous avions déjà pu déceler, mais toujours efficace et démonstratif. La tension existante n’est ici que très légère en comparaison de celle qui règne sur «
Thirst », glaciale, oppressante, alliée à une rythmique lente et un chant lancinant. Cette gravité est balayée subitement par des riffs hérités aux deux premiers ouvrages d’« Iron Maiden », peu avant le milieu de piste. La torpeur des débuts va néanmoins revenir et triompher. Il y aura bien également des apparitions salvatrices nous sauvant de l’obscurité sur «
Tvar Dabla », sans doute l’extrait le plus subtil offert par l’album. L’entame froide, après la petite phase au piano, nous fait songer aussitôt dans du «
Pentagram », par son rythme prononcé et son ambiance menaçante. Le titre va cependant exprimer tout son génie à l’arrivée des sonorités fluides et attrayantes du refrain. En fait, il s’agirait presque de trappes s’ouvrant au gré de la piste, dégageant un afflux de mélodies généreuses et redoutables.
Il y a désormais un lot important de groupes de heavy revival visant à reproduire la manière de faire des formations des années 80. Deux membres de «
Black Trip » font d’ailleurs partie du vaillant «
Enforcer », l’un des combos les plus connus en matière de revival des années 2000. On connait aussi les groupes de prog ou de stoner, reprenant le rock psyché à l’ancienne, des années 70. Les groupes nostalgiques du hard/heavy des années 70 sont moins nombreux en revanche, surtout ceux qui tentent de s’aligner à «
Thin Lizzy », référence pour l’époque, mais plus difficile à copier puisqu’il s’agissait là d’un phénomène un peu touche à tout en matière de musique. «
Black Trip » va plus loin encore en ressuscitant même la voix de Phil Lynott. A ce stade, il ne peut s’agir que d’un envoutement. Ces suédois sont tous possédés par «
Thin Lizzy », en fait.
15/20
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