On a peu ou pas entendu parler d’
Eternal Oath. Et pourtant, il fait partie des formations suédoises de death mélodique nées au tout début des années 90 aux côtés d’
In Flames, d’
Amon Amarth ou d’A Canorous Quintet (désormais
This Ending) pour ne citer qu’eux. Ils ont même eu le bassiste Ted Lundstrom (
Amon Amarth) dans leurs rangs au tout début. Mais cela ne fait pas tout. Des éléments les ont ralentis, en particulier le manque de moyen et de diffusion, mais aussi l’anonymat des débuts, d’autant plus que le premier album est sorti en 1999, alors que leurs confrères avaient énormément de succès. Pourtant,
Eternal Oath a eu l’occasion d’enregistrer ses productions aux Studios Fredman et de tourner avec la plupart des gros groupes suédois. Ce n’est pas non plus un groupe inconnu au bataillon puisqu’il a tout de même son public et un style tout particulier. Ses albums sont solides mais manquent de prétention, malgré le remarqué «
Wither ». En dépit de ses progrès, le groupe décide de faire un break en 2006. Mais la créativité bouillonne encore. Un concert en 2011 lui montre qu’il a encore du potentiel, d’autant plus que l’accueil est excellent. La reformation est inévitable.
Eternal Oath renait. Et de cette renaissance apparaît «
Ghostlands ».
Les quatre membres fondateurs s’entourent d’un nouveau bassiste et d’un nouveau claviériste avant de reprendre là où ils s’étaient arrêtés. Ils engagent Jocke
Skog (
Clawfinger,
Scarpoint,
Meshuggah) pour la production de leur nouvel album et travaillent sur des compositions plus mélancoliques qu’à l’accoutumer. Cela fait mouche…
Eternal Oath se différencie largement de ses confrères suédois. Ses morceaux sont plus « lents », plus sombres, plus émotifs et dramatiques.
Plus symphoniques aussi. On pourrait très facilement les rapprocher d’
Eternal Tears Of Sorrow ou de
To Die For, bien qu’ils aient une identité bien à part, un côté plus mystique, légèrement moins romantique. « Into the
Mist of
Sorrow » nous met bien dans le bain. C’est une intro très douce mais aussi très triste, laissant place à un « Entangled in Time » plus dynamique. Le growl est rageur et les riffs bien entraînants, accompagnés de claviers symphoniques mélancoliques.
Eternal Oath ne vise pas l’agressivité à tout prix, le tranchant renforce la mélancolie et la profondeur. Cela se sent sur « Tears of
Faith » qui se tente de sonorités black. Mais le chant, quand il n’est pas growlé, peut être clair, créant une atmosphère gothique lorsqu’il se couple à une voix féminine. L’émotion est au rendez-vous lorsque les timbres se mêlent, lorsque les soli apparaissent et que les claviers délivrent des nappes brumeuses.
Le sympho n’est jamais trop pompeux et permet d’instaurer cette atmosphère dramatique. Une atmosphère qui peut parfois être pesante et profonde, comme sur le doomesque « Stolen Innocence », dans lequel les murmures nous donneraient presque des frissons. Le rythme est lent, les guitares harmonieuses, les claviers inquiétants et les accélérations particulièrement intenses. Au moins,
Eternal Oath sait incorporer les moments forts sans en faire de trop et diversifie aisément son propos. Cela se voit de nouveau sur « Fields of Dreams » et « A
Hymn for the
Fallen » qui proposent des éléments plus modernes avec des touches électroniques. Mais ces dernières ne durent pas. Elles laissent vite place aux guitares et au mid tempo ainsi qu’à une ambiance romantique pas loin de
To Die For : le chant clair et grave, mêlé au piano et au chant féminin, renforce cette impression.
C’est l’éponyme «
Ghostlands » qui conclut l’œuvre avec une touche dépressive et épique à la fois, presque touchante.
Eternal Oath n’aura pas fait les choses à moitié. L’album de son retour est très satisfaisant, gagnant en cohérence et en maturité. Le groupe repart donc sur de très bonnes bases.
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