Vers la fin des années 80,
Royal Court Of China était vraisemblablement le genre de groupe qui aurait dû réussir et qui malheureusement est passé entre les mailles du filet à succès. En effet le quartet américain originaire de Nashville (Tennessee), fondé en 1985 et fier d'un premier et acceptable album éponyme d'obédience Rock, Country, réapparaît en 1989 avec un deuxième album intitulé
Geared and Primed. Un opus au caractère
Hard Rock épuré, sans fioritures comme le pratiquaient les groupes Hanoï Rock, D.A.D, et The
Dogs D'Amour dans les 80 et donc à l'opposé de son illustre prédécesseur.
Un genre plus dynamique et entrainant qui sans aucun doute sera lié à l'arrivée de Jeff Mays à la guitare lead et Drew Cornutt à la basse en lieu et place d'Oscar Rice et Robert Logue.
C'est donc autour d'un line-up légèrement modifié, des nouvelles idées et un nouveau logo, que nous retrouvons Joe Blanton (chant, guitare rythmique et acoustique) et Chris Mekow (batterie) les deux membres-fondateurs de
Royal Court Of China.
Afin de mener à bien l'enregistrement de
Geared and Primed, le groupe fera appel au producteur Vic Maile, réputé pour son travail exemplaire auprès de groupes
Hard Rock et Heavy légendaires tels que Motorhead,
Girlschool,
Hawkwind et
Rock Goddess. Ce gourou des consoles dotera l'opus d'un son tout à fait à l'image de la musique du groupe, c’est-à-dire brut (root), crade et sans artifices, qui mettra en évidence des guitares (Gretsch) agressives aux riffs épurés et exquises réverbérations, ainsi qu'une rythmique résolument Rock 'N' Roll. Mais aussi et surtout le chant de Joe Blanton, dont le timbre vocal grave et rocailleux n'est pas sans rappeler un certain
Michael Monroe, ou dans une moindre mesure Billy Idol pour son côté punk enragé.
L'album ouvre les hostilités de façon très énergique avec l'éponyme qui dégage un fort sentiment d'urgence. Il en sera de même sur la quasi totalité de l'opus. Le groupe emmené par la gouaille de Joe Blanton soutenu par les assauts guitaristiques de son compère Jeff Mays tels des pistoléros, nous dégaine sans retenue des brûlots entrainants et dynamiques tels que "Half the Truth" et le syncopé "Tijuana Go!" qui bénéficieront tout deux d'une rythmique dynamique et groovy parée de leads de guitare incendiaire. Tout comme "Take Me
Down" d'ailleurs, qui se distinguera par un jeu de guitare incisif et mordant que n'aurait pas renié un certain Tracii Gun du groupe californien LA. Guns. Des rythmes au groove certain, il en sera aussi question sur le court "Mr.
Indecision " qui fera la part belle à des guitares rythmiques aux références très Rock 'N' Roll, mais aussi à d'habiles et efficaces leads signés Jeff Mays.
En dehors de ses aspérités les plus
Hard Rock Sleaze rebelle, le groupe fera étalage de ses références les plus Glam Rock façon Hanoï Rocks, à commencer par "So Yer Love is
True" et sa mélodie qui ne vous quitte plus, le délicat et sensuel "This Time Around", voire Billy Idol sur la languissante "It Came Crashing
Down the Staircase" qui se distinguera par de chatoyantes guitares aux subtils effets de réverbération. Dans un registre plus Country Rockabilly (à la sauce
Hard Rock) assumé avec le chaloupé "
Dragon Park" paré d'un déchirant solo de steel guitare, le crade et éloquent "
Six Empty Bottles" qui lui n'aurait pas dépareillé sur un album des
Dogs D'Amour.
Voilà un album qui était passé relativement inaperçu lors de sa sortie en 1989, mais qui fait partie de ces grandes œuvres des eighties qui n'ont pas eu la chance de rencontrer le succès qu'ils auraient pourtant largement mérité.
Royal Court Of China avait de toute évidence les capacités pour s'asseoir au côté des leaders de l'époque et du genre, il suffit de tendre l'oreille sur les interventions de guitares ainsi que le chant aguicheur et rocailleux de Joe Blanton pour s'en convaincre. Malheureusement et malgré toutes ses qualités le groupe finira par splitter un an plus tard.
Geared and Primed un petit chef-d'œuvre de
Hard Rock crade, sentant la sueur et le bourbon par tous les pores, qui gagne à être redécouvert et réhabilité de toute urgence.
Argh, merci pour la chronique ! J'ai eu un vieux flashback, j'avais acheté l'abum en vinyle dans les années 80... Il faut absolument que je le réécoute...
Merci pour la chro. Très surpris par la qualité de ce disque tout bonnement excellent pour qui apprécie le rock (hard) à la Dogs D'amour. Six empty bottles est terrible! Ne manque qu'un chant poignant à la Tyla - même si Blanton est bon - et c'était pas loin du jackpot.
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