Passée inaperçue auprès de la communauté de Black
Metal dépressif à laquelle elle s'adresse, cette demo enregistrée lors du printemps 2010 représente une oeuvre gorgée d'un mal être véritable. Le groupe comptait 4 membres lors de ses débuts en 2009, à savoir Cypralex à la batterie,
Odious aux claviers et Weird ainsi que Robin aux guitares. En chemin s'ajouta Victor au line-up pour exercer le rôle de chanteur et bassiste. Enfin, c'est
Kaos issu des groupes Abomination, Nahvas et
Malevolent Blasphemi, qui va remplacer Victor obligé de quitter le groupe avec Robin en l'automne 2009. Le line-up désormais stable et équilibré permit au groupe d'enfanter cette demo auto-produite et limitée à 100 copies dans la chambre de Cypralex et la cave de Weird.
La pochette illustre parfaitement la froide dépression et la folie pathologique dont transpire le projet. Un sombre bâtiment de pierre abandonné se dresse au milieu d'une forêt d'arbres dénudés. L'intérieur saturé de ténèbres et visible par les fenêtres semble encore plus noir que le ciel sans étoiles qui le surplombe. L'austère édifice devient alors un refuge face au froid et à la désolation de l'extérieur. Mais il s'agit d'un abris pernicieux, foyer d'une obscurité opaque hanté par des êtres invisibles. Nous nous retrouvons alors face à une seule alternative: Choisir de demeurer nu dans le froid à l'extérieur, ce qui correspond à une mort inéluctable, ou pénétrer à l'intérieur de cette bâtisse et devoir assumer les souffrances et tourments liés au lieu. Ainsi nous nous retrouvons face au dilemme propre au Black
Metal dépressif. Opter pour le suicide qui mettrait fin à la souffrance mais aussi à la liberté, ou choisir de continuer à vivre à travers maladie et dépression. C'est cette deuxième option qui a permis l'épanouissement de l'art de ce groupe comme pour tout groupe de Black
Metal dépressif digne de ce nom.
La progression à travers les 3 tracks de cette demo de 15 minutes est quasiment onirique grâce au caractère évanescent et impalpable de la production. Les instruments semblent être issus d'un rêve, voir des perceptions auditives qu'auraient une personne droguée au LSD. Inspiré du groupe "
Lifelover", Hypokondri nous fait ressentir les dommages que le monde moderne inflige à la santé de l'individu devenu marginal. Ce dernier est désigné comme étant hypocondriaque par ses congénères insouciants et frivoles lorsqu'il refuse de participer aux activités délétères et vicieuses d'une société en perdition qui a perdu ses repères. Tout comme "
Lifelover", le groupe enchaîne les variations rythmiques entre un calme désabusé et une agression frénétique soudaine de la batterie. La demo commence sur des mélodies douces, tristes mais joyeuses avec "Ge Upp" chanson prônant l'abandon face aux difficultés d'une vie devenue invivable. C'est seulement à la moitié du premier track que la batterie se manifeste par un martèlement rapide et violent des fûts et qui, sur le sample d'un coup de vent glacial, annonce l'arrivée dévastatrice des vocaux. Ces derniers sont suraigus et rivaliseraient de démence avec le chanteur Landfermann du groupe "
Bethlehem" pour le coté hystérique et schizophrène de la chose. Par ailleurs, le groupe réussit habilement à amplifier 5 notes au piano en un dernier appel au secours par l'intervention de samples orageux et du crachement de vocaux fébriles sur le titre "[...]".
Track qui dénote une véritable résignation face à la vie, un silence ayant pour cause un anéantissement total de vigueur et de force. La dernière chanson "Stockholm" qui est une cover de "
Lifelover" confirme les inspirations légitimes au groupe.
Hypokondri défèque son dégoût d'une société matérialiste, de l'hypocrisie régnant dans ses emblèmes que sont les grandes villes (Stockholm). Il exprime sa nostalgie issue des souvenirs d'une vie devenue progressivement décroissante et de la dépression que cela implique. Cette demo de Black
Metal dépressif teintée de riffs "rock" est un excellent début pour ce nouveau groupe et semble promettre d'excellentes oeuvres futures.
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