Gatekeepers

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14/20
Nom du groupe Legend's Ghost
Nom de l'album Gatekeepers
Type Album
Date de parution 16 Novembre 2014
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1. The Reason Why 08:07
2. Songweaver 03:29
3. Ghosts of Stories Never Told 04:46
4. The Full Moon at Midnight 04:33
5. The Muse Erotic 04:53
6. The Whisper 05:46
7. The Portal 06:24
8. The Edge of Enigma 05:44
9. Gatekeepers 09:57
10. Epilogue: Descent of the Songweaver 06:01
Total playing time 59:40

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Legend's Ghost


Chronique @ ericb4

25 Mars 2016

Un initial et ambitieux concept, un peu trop peut-être...

C'est à un ambitieux projet metal symphonique auquel s'est attaquée la polyvalente et prolifique artiste américaine Cherelle-Renée Childs, unique créatrice et membre de Legend's Ghost. Pour mémoire, celle-ci a déjà été sollicitée en tant qu'invitée interprète chez Factory Of Dreams, VoXager et Korsair et en qualité de choriste dans plusieurs projets classiques locaux. Inspirée depuis longtemps par les cadors du genre à l'instar de Nightwish, Epica, Imperia, et surtout Ayreon, la jeune auteure-compositrice-interprète (soprano) et flûtiste émérite a désormais souhaité voler de ses propres ailes. Pour ce faire, elle s'est entourée des talents de nombreux chanteurs et musiciens invités pour l'occasion, venus des quatre coins de la planète, en phase tant avec l'univers metal que classique, afin de mettre au point un concept-album d'excellente facture logistique, artistique et technique, dont les prémisses remontent à quelques années déjà. Ce roboratif opus auto-produit d'une dizaine de pistes égrainées sur un ruban auditif d'une heure d'un metal symphonique gothique bien enlevé, épique et romantique à la fois, touchant à l'opéra, se double d'un fil conducteur à l'instar d'une histoire à laquelle sont liés des jeux de rôles judicieusement distribués entre interprètes masculins et féminins.

Cette pièce cossue, voire précieuse, renferme dans ses dix actes des compositions à l'inspiration féconde, mêlant metal symphonique, rock gothique et classique, témoignant d'une recherche mélodique de tous les instants et où chacun des instruments suit scrupuleusement un cahier des charges étoffé, complexe, et réglé au millimètre. Pour des questions d'organisation, chacune des parties a été enregistrée à part et compulsée avec tact via internet, pour un résultat très satisfaisant, où les détails de production ont été passés au peigne fin. En outre, le mixage, œuvre conjointe de Ivan Pantoja, Alexis Jarrin et Cherelle-Renée Childs elle-même, équilibre parfaitement lignes de chant et corps orchestral, ce qui n'est pas sans effets sur le confort auditif dispensé. Ont ainsi concouru à cette offrande un panel impressionnant de musiciens, à savoir : les guitaristes Kristof Elst (Dragons & Lilies, ex-Transentience (Belgique)), Jake Gillette (Etats-Unis), Andreas Ravnestad (Norvège) et Mattias Janssen ; les pianistes Jilly Comrie (Etats-Unis) et Daniela Cevallos (Equateur) ; le bassiste Anders Thonander (Atlantis, ex-Dismal (Suède)) ; le batteur/programmeur Helge Kautz (VoXager (Allemagne)) ; la violoniste Rebekka Schmidt et le claviériste solo Joop de Rooij (Galanor, ex-Transentience, ex-Elemental Journey (Pays-Bas)).

Quant au set d'écriture, il a permis à Cherelle-Renée de nous immerger en finesse au cœur d'un récit épico-fantastique à la saveur romanesque où la maîtresse de cérémonie joue le rôle d'une artiste incomprise en quête de sens à sa vie professionnelle et personnelle, qui se meut dans des incantations sous forme de rite dans l'espoir d'attirer les esprits des insaisissables créateurs de chansons. Sur son chemin, elle rencontre différentes entités spirituelles dont les expériences romantiques sont autant de métaphores à saisir et d'étapes à passer au cours du parcours initiatique de l'impétrante. Ont participé à ces échanges oratoires : Louise Gracielle (Aknatha (Brésil)), dans le rôle de la Jeune Fille ; Pamo (The Mace, ex-Inxstreme (Chili)), la Mère ; Ivonneth Rosero et Jilly Comrie, Créatrices de Chansons ; Oganalp Canatan (ayant travaillé avec et pour Tom Englund (Evergrey), Jon Olibe (Savatage, JOP...), Edu Falaschi (Angra), Mike Baker and Gary Wehrkamp (Shadow Gallery, etc. (Turquie)), la Voix Mystérieuse ; Joris Debonnet (ex-Gwyllion (Belgique)), l'Etranger ; Daniel Junglas (ex-Ayreon, ex-Atrium Noctis (Allemagne)), l'Emotion Première.

Lorsque le combo nous invite à un voyage au long cours, il se montre plutôt efficace, à condition de ne pas rechercher l'accroche immédiate d'une mélodicité aisément mémorisable. Une fois le premier effort consenti, on en appréciera toute l'intensité du message musical contenu dans ces morceaux. Et ce, à commencer par l'entame de l'opus. Une voix féminine nous introduit en nous expliquant les tenants et les aboutissants de ce parcours initiatique sur « The Reason Why », fresque épique où un orgue martial ouvre la marche, aussitôt relayé par un délicat piano accolé à une boîte à musique fleurant bon les premiers émois de la douce. Nous éveillant au son d'une violoneuse aubade, cette plage livre les premières inflexions de la belle sur un plateau d'argent. Un intrigant pont tout en apesanteur s'infiltre avant que les célestes volutes oratoires ne tapissent l'espace sonore de sa présence. Le piano s'embrase alors peu à peu au moment où quelques riffs tardifs finissent par se faire remarquer, la belle refermant le chapitre, en douceur, sous l'impact de ses paroles, chantées ou récitées. De son côté, la fresque « Gatekeepers », titre éponyme d'obédience metal symphonique, offre de séduisants couplets finement mis en exergue par la jeune interprète. Escortée par d'autres voix féminine, la belle nous embarque dans un moment aussi épique que tourmenté, diablement efficace, non sans rappeler l'univers d'Ayreon. Quelques riches arpèges aux claviers s'interposent, les doigts de l'instrumentiste glissant avec célérité sur les touches. Toutefois, on tendrait, par moments, à se perdre au beau milieu d'une incessante variabilité des espaces instrumentaux octroyés, avec des passages technicistes éminemment complexes, au risque de provoquer une déroute pour quiconque ne serait pas coutumier du genre. Et cela, même si les séductrices conjointement harmonisées font leur possible pour nous retenir, notamment sur la crête du refrain. Plusieurs écoutes seront donc nécessaires pour apprivoiser le pavé, même pour les pavillons éprouvés.

Par moments, une heureuse combinaison entre le metal symphonique pur et l'univers aseptisé de l'opéra s'est opérée, avec quelques passages bien enlevés, voire une pointe d'originalité, quoique peu accessible à une oreille non experte. Ainsi, un xylophone et une violoneuse ambiance s'offrent en introduction de « Epilogue: Descent of the Songweaver », majestueux acte symphonique inspiré par l'opéra, que l'on suit sans sourciller, en dépit d'un manque de nette délimitation entre couplets et refrains pour en faciliter l'accès. Les accords témoignent d'un travail d'orfèvre et sont restitués à travers guitares et claviers pour un rendu professionnel de bonne facture. On appréciera aussi les joutes vocales entre interprètes féminines, comme on peut en trouver chez le maître inspirateur de la belle. Il ne manque au tableau qu'une accroche mélodique plus franche pour que l'on passe d'une admiration profonde au déclenchement d'une émotion. Sinon, des perles de pluie nous inondent d'entrée de jeu sur « The Portal », profonde pièce symphonique inspirée de l'opéra. La sirène fait onduler ses notes d'une manière peu conventionnelle, sous forme de vocalises lyriques, ce qui nécessite d'y revenir plusieurs fois pour que la magie puisse opérer. On perçoit également des adjuvants masculins pour d'étranges échanges, comme s'il fallait passer une étape cruciale pour parvenir à entrapercevoir la lumière de l'évolution de la jeune artiste. Enfin, des incantations en voix de tête, à la façon de Imperia, nous parviennent sur l'énigmatique « The Muse Erotic », étonnant instant où l'on croirait ouïr les instruments se désolidariser entre eux. Mais, l'ensemble du corps orchestral est sous contrôle, même si le tracé harmonique se montre quelque peu déroutant. L'habileté de la déesse à nous retenir nous permettra de rester suspendus à ses lèvres, pour un voyage peu commun et aux nuances atmosphériques un poil mystiques.

Par ailleurs, le propos s'est également fait un tantinet plus saillant, le groupe ayant opté pour un metal symphonique gothique aux riches nuances, bien que parfois déconcertantes. Tout d'abord, un piano fringant et un élégant riffing nous introduisent sur « Songweaver », piste symphonique pur où rayonne la lead guitare, tout en toucher. Sur un cheminement harmonique sécurisant, l'ensemble évolue en claudiquant sur les couplets. Et ce, sans y perdre en luminescence mélodique, que l'on apprécie pleinement sur les refrains, d'ailleurs délicieusement amenés par la déesse, opportunément assistée par quelques uns de ses comparses. La pièce s'achève crescendo. Pour sa part, un xylophone nous introduit sur « The Whisper », piste énergique qui, sous le feu de ses riffs acérés et de sa rythmique vivifiante, s'embrase. Mais, le tempo reste tempéré, et un solo de guitare à l'experte délié nous est octroyé. Cependant, à force de jouer sur les nuances de tonalité, le manque de rayonnement mélodique n'est pas bien loin et risque d'amorcer un décrochage chez l'auditeur non averti. Et, malgré les qualités évidentes des gammes au piano et l'aide de choeurs opportuns, la sauce à du mal à prendre. Enfin, une cloche sonne, un triangle carillonne, alors que le piano ne tarde pas à emboîter le pas sur « Ghosts of Stories Never Told », seul et martelant instrumental sachant toutefois ménager ses emportements, alternant accélérations et ralentissements du tempo. De plus, les séries d'accords à la lead guitare apparaissent finement ciselées et les subtiles harmonies entre section rythmique et solistes renseignent sur la qualité du travail de cohésion mis en œuvre. Exercice de style rondement mené.

La compositrice n'aura pas omis quelques moments intimistes à l'image des mots bleus qu'ils contiennent, avec un regard différencié selon la piste considérée. D'une part, une gracieuse flûte entame « The Full Moon at Midnight », suave et légère ballade progressive où le riffing devient de plus en plus gras et où les impulsions lyriques de la sirène ne tarderont pas à s'incruster dans les mémoires de ceux qui auront eu l'heureuse idée de se laisser embarquer dans le navire. Des nappes synthétiques enveloppent l'espace sonore tout en autorisant une parfaite profondeur de champ acoustique duquel s'extirpent par moments quelques arpèges à la guitare. D'autre part, une onde vibratoire nous étreint sur « The Edge of Enigma », ballade douce-amère où la belle use de ses charmes vocaux pour nous inviter à suivre le fragile instant sur des chemins encore non empruntés. Dans sa marche en avant, elle se fait escorter par un flamboyant piano et une lead guitare qui jamais ne se départit de sa tache, nous offrant même deux joli soli en substance. Soudain, une growleuse présence confère une lumière plus glauque à la délicate piste, devenant alors plus ombrageuse, voire inquiétante. Un morceau qui s'offre moins aisément qu'il n'y paraît, appelant de ses vœux à en redécouvrir les arcanes au fil des réécoutes.

On l'aura compris, le corpulent projet de la jeune et talentueuse artiste, bien que comportant pléthore d'arrangements et de variations taillés au scalpel, ne se "docilise" pas aisément. Mais, il serait bien regrettable de passer à côté d'un propos de caractère et aux gammes aussi peu empruntées. Lors d'un premier passage, de nombreux détails de production et la plupart des subtilités techniques et harmoniques pourront effectivement échapper à une oreille empressée ou inexpérimentée. C'est au fil des écoutes que le parchemin dévoile véritablement ses secrets, notamment à travers une savante musique des mots dont les diverses empreintes vocales s'en font l'écho. Une fois le récit bien intégré, il sera plus commode de comprendre les raisons du positionnement de chaque instrumentiste, de chaque vocaliste dans la trame de cette roborative pièce en actes. Le plaisir de découvrir une production riche en effets, en portées, rayonnante dans ses arpèges sans se montrer ostentatoire pour autant, sera au bout du chemin. Au final, on parcourt une œuvre originale, profonde, intime, par son histoire comme dans le déploiement de son instrumentation. Elle est le reflet d'une artiste qui, contrairement à nombre de formations metal symphonique, n'a pas cédé aux chimères de plans mélodiques agrippants ou mièvres. On comprend qu'à l'instar d'autres concept albums, cet opus à la personnalité affirmée est à considérer dans son jus, s'effeuillant au gré des émois et de l'inspiration qu'il aura pu susciter chez l'auditeur. S'il s'avère de prime abord peu saisissable, avec le temps, il se pourrait bien qu'on y revienne pour l'appréhender sous un autre jour, et peut-être s'en imprégner, pour l'adopter définitivement...

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