S’il est bien un courant musical qui divise sur la scène Black
Metal c’est bien celui du Post-Black.
Certains y voient une musique enivrante, profonde et magnifique et d’autres un opportunisme pitoyable comme on peut en voir dans tous les genres mainstream (notamment dans beaucoup de choses qui se finissent en -core, pas la peine de râler vous savez très bien que j’ai raison, et je dis ça alors que j’aime beaucoup certaines de ces choses surtout côté
Deathcore, mais je divague…), qui les empêchent d’apprécier ce qu’ont à proposer des formations rencontrant pourtant souvent un véritable petit succès parfois même au-delà des fans de Black
Metal.
De mon côté j’étais très partagé quant à cette scène, personnellement j’ai toujours été plus attiré par tout ce qui sonne Black
Metal Norvégien de seconde vague, une musique donc généralement sans compromis et assez sauvage, ce qui fait que je ne me retrouvais pas spécialement dans le Post-Black, bien que je reconnaisse volontiers les qualités de certaines formations,
Regarde Les Hommes Tomber en tête.
Pourtant il y a des albums qui trouvent le truc, des albums qui fonctionnent dès la première écoute et vous font voyager, et surtout remettre en question certains de vos acquis,
Futility Report a été un de ces albums pour moi.
Il m’a été impossible de décrocher lors de mon écoute, et je pense que c’est une des principales forces de l’album, avec sa durée relativement courte et ses longues compositions, on ne déroche pas et c’est vraiment un plaisir de s’enfiler les 40 minutes d’une traite, notamment grâce à un mixage excellent, très propre, et qui convient à merveille aux compositions qui jalonnent cet album.
Finalement on se retrouve avec un album sombre mais relativement posé et poétique, plein de nostalgie et d’amertume mais traités finalement avec une certaine légèreté rendant la chose captivante, j’ai vraiment trouvé les morceaux bien rodés,
White Ward a vraiment de la personnalité et cela se retrouve d’une part dans l’omniprésence de saxophones (oui je sais, d’autres groupes l’ont déjà fait avant, mais clairement pas aussi bien selon moi) mais aussi dans le chant, parfois très typé hardcore qui à mes yeux convient parfaitement au style musical du groupe et le rend unique.
En effet le chant éraillé d’Andrew Rodin correspond à merveille aux ambiances distillées par le groupe, notamment sur
Stillborn Knowledge ou Black
Silent Piers qui sont les morceaux les plus marquants et justifieront à eux seuls de nombreuses écoutes tellement ils fonctionnent bien.
Mais de manière globale, difficile de ne pas tomber sous le charme de telles ambiances, on se sent comme seul dans une grande ville de nuit, éclairée seulement par quelques lampadaires et c’est ce qui fait tout le sel de l’album. Alors évidement avec un son aussi « accessible » cet album divisera, si vous n’êtes sensibles qu’au
True Black, et Black
Brutal par exemple, vous risquez de trouver ça relativement ennuyeux voire un peu niais (ce qui est parfois un peu le cas, reconnaissons-le) mais si vous êtes plutôt ouvert et à la recherche d’une œuvre rafraichissante et personnelle vous passerez un moment véritablement exquis à l’écoute de ce
Futility Report.
Pour conclure je dirai que les Ukrainiens ont su parfaitement mener leur œuvre du début à la fin, tout est parfaitement dosé, et si l’on peut regretter un certain manque de verve par moment, on comprend très bien que ce n’est pas le but premier de cet album, qui cherche à nous offrir un voyage nostalgique et poétique en milieu urbain. Cela fait ainsi de
Futility Report une œuvre cohérente de bout en bout et véritablement hypnotisante qui ne demande qu’à être écoutée encore et encore, appuyant encore et toujours le catalogue décidément sacrément qualitatif de
Debemur Morti.
J'ai découvert le groupe avec son deuxième Album Love Exchange Failure, j'avais adoré ce mélange Post-Black et Dark Jazz avec certains titres plus Black, d'autres plus Jazz, mais toujours avec un équilibre bien trouvé tant dans les compositions que dans l'avancée de l'album, des petites touches de Metalcore bien placées apportaient quelques développements techniques pertinents. Par contre avec ce premier album, j'y retrouve la plupart des idées mais sans la réussite du suivant, un trop plein qui devient brouillon avec un aspect Metalcore trop présent et trop en avant. Il y a juste Stillborn Knowledge que j'aime beucoup et qui préfigure la suite. J'attends avec impatiente le troisième album en cours d'enregistrement.
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