Nous revoilà donc pour ce premier EP d'
Ishtar, groupe de Black/
Death parisien composé de six membres dont deux vocalistes, intitulé
From the Gates. Évitant la case « démo » par laquelle passe la plupart des groupes de Black, le choix d'
Ishtar a donc été d'attendre plus longtemps – le groupe s'est formé en 2010 – pour peaufiner tant la composition que le son de son premier opus. Sorti cet été,
From the Gates se compose de cinq morceaux précédés d'une intro, pour un total de 35 minutes. Autant dire qu'il y a de la matière. Clairement inspiré de la déesse mésopotamienne
Ishtar (également appelée Innana chez les Sumériens), qui était entre autres attributs considérée comme la déesse de la guerre, le groupe nous transmet son optique par son simple nom : ce sera brutal.
Qu'en est-il donc, à l'écoute de
From the Gates ? Il serait aisé de résumer d'un mot chaque morceau, ou de présenter un propos très général sur l'ensemble de l'EP, mais ce serait manquer la richesse de chaque composition. L'intro
Doomsday est prémonitoire : le jour fatidique de l'invasion est arrivé. Car telle est la ligne conductrice de l'EP : pour vous le résumer, les portes d'
Ishtar apparaissent de nulle part et s'ouvrent sur son armée, qui dévaste alors tout sur son passage. A l'introduction qui pose le ton, par l'instrumentale qui va crescendo,succède donc Invading
Empire,qui est explicite : l'invasion débute, et ne va pas faire dans la dentelle. L'alliance de la lead guitar lancinante et des voix agressives, sur une compo lourde, créent une ambiance guerrière tout en apportant une touche désespérée,ressenti accentué par les textes : « the end has come, Let the purification begin » est assez explicite sur le déroulement des évènements. L'armée d'
Ishtar, représentée par les quatre musiciens et les deux vocalistes, est une force de destruction totale dont l'efficacité ne saurait être mise en doute, tout comme la qualité de la composition. Car l'EP d'
Ishtar, tout en étant leur première production, se caractérise par une composition fouillée et d'une qualité certaine, ce qui laisse augurer du meilleur pour la suite. Le projet réel de cette armée s'esquisse toutefois sur la fin :«
Gather your deads, A new
Empire is born ». Détruire certes, mais pour reconstruire à leur façon par la suite. C'est donc la domination plus que la simple destruction qui motive cette invasion.
La chanson éponyme,
From the Gates, prend alors le relai, ajoutant une touche oppressante renforcée par l'alternance de la voix Black et de la voix
Death. Si celle-ci n'est pas particulièrement innovatrice, le résultat est efficace. N'hésitant pas à faire intervenir le piano pour créer un interlude et nous permettre de respirer,
Ishtar en remet en réalité une nouvelle couche directement après, contant leur amour fou de ceux qu'ils visitent : « Launching our forces Against the subhumans, One goal in our mind, The final destruction ». Et il faut dire que le boulot est bien fait. Le tempo légèrement plus rapide que celui de Invading
Empire et l'alternance plus marquée entre les deux voix nous agressent ; Helheim et Celtic sont là pour conter notre anéantissement – car c'est bien ce qui nous attend – et leurs voix tantôt gutturales tantôt écorchées sont annonciatrices de notre destin franchement peu enviable : «
From the Gates ov
Ishtar, Only ashes remain ». La violence et l'insatiabilité de l'armée d'
Ishtar sont marquées - « Our bloodlust is not satisfied, Until you are exterminated »- et laissent peu d'espoir à une éventuelle survie.
Beneath the
Stench of
Desolation arrive et prouve s'il le fallait encore que, si
Ishtar se caractérise comme du « Black/
Death », la formation tire franchement plus vers le Black
Metal.
Plus mesuré que les précédents morceaux mais tout aussi néfaste,
Beneath conte la fureur qui envahit chaque guerrier de l'invasion, n'hésitant pas à faire quelques références que certains reconnaîtront sans peine - «
Blood for the
Blood God, Terror... Forever ». Ici, pas de guerre pour vaincre un adversaire, pour je ne sais quelle raison rationnelle; la destruction est recherchée, et bien après que les cendres se soient refroidies commencera la construction – ou plutôt l'extension – de l'empire d'
Ishtar, dont la suprématie est ici affirmée sans concession.
Warpath débute sur une mélodie en apparente contradiction avec son titre ;on pourrait en effet s'attendre à un déferlement de violence plus marqué encore que sur la première partie de l'EP. Il n'en est rien.
Ishtar montre au contraire une fois de plus sa capacité à passer du mélodique – en l'occurrence, une introduction à la guitare en acoustique – au brutal.
Warpath n'est pas pour autant un morceau calme, bien que son tempo soit bien plus mesuré. Lourd, violent, il tranche par la place plus importante accordée aux soli de guitare, intervenant ici et là. Le fond reste cependant le même : « coucou, on est là pour vous en foutre plein la gueule, encore, encore, et encore ». Son interlude acoustique fait cependant de
Warpath le morceau le plus « doux » – si je puis parler ainsi. Le fait est que l'invasion et la destruction qui en résultent sont déjà bien entamées, et que l'heure est plus au constat qu'au combat : «
Land of the
Dead, On your ruins we march ;
Slaves, All shall
Fall,
Allegiance to
Ishtar ». Ça me semble assez clair. L'introduction aux claviers de The
Surrender, qui représente la touche finale de l'anéantissement que représente
From the Gates, crée une atmosphère qui fait clairement ressentir que tout est fini, que la lutte est vaine. Le message transmis par
Ishtar peut se résumer en quelques mots :« The only hope is
Surrender ». La voix
Death est ici plus marquée que la voix Black, ce qui ajoute une lourdeur à un morceau dont le but est de nous achever, ce qu'il fait d'ailleurs avec une grande efficacité, avant de s'achever sur un retour du clavier, dont la signification est explicite.
Une petite perle que cet EP. Tant sur le plan visuel – une mention toute spéciale à Geoffrey « Exphrasis » Ernault pour son travail graphique remarquable – que sur le plan musical. Les compositions sont fouillées, profondes, et prometteuses pour l'évolution du groupe. Elles envoient, et mélangent technicité, brutalité et lourdeur. Je déplore personnellement les textes en Anglais – pour ceux qui m'ont déjà lu, ça ne vous surprendra aucunement – mais nous ne sommes jamais à l'abri d'une plaisante évolution sur ce point. Amateurs de Black/
Death, n'hésitez pas une seconde de plus et jetez vous sur
From the Gates. Vous serez conquis comme je l'ai été, et en redemanderez.
Ishtar est un groupe à suivre, et à ne surtout pas manquer.
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