Nouvel entrant dans le foisonnant espace metal symphonique à chant féminin, c'est à pas de loup que ce groupe allemand co-fondé en 2023 par l'expérimenté guitariste/bassiste et compositeur Michael
Vetter (Black
And Damned, ex-
Chinchilla, ex-
Watch Me Bleed, ex-
Outrage, feu-
Pump...) et par la chanteuse à l'angélique filet de voix Tanja Hansen – dont certaines ondulations s'apparenteraient à celles de
Liv Kristine (ex-
Leaves' Eyes) – se lance dans l'arène. Aussi nous gratifiera-t-il de quatre singles («
Parhelion » et «
Silence in Darkness » en 2024, suivis de «
Secret » et «
Stygma » en 2025) préalablement à son premier et présent album full length, «
From Dark to Light », signé chez le dynamique label teuton Metalapolis Records. Cela étant, les 10 pistes constitutives de cet opus permettaient-elles à la troupe de tenir la dragée haute à ses challengers, toujours plus nombreux à affluer ?
Plus encore, les 45 minutes du ruban auditif de la galette seraient-elles à même de propulser dès lors nos acolytes parmi les sérieux espoirs de ce registre metal ?
Dans ce dessein, nos deux maîtres d'oeuvre ont savamment conjugué les talents de : Frank Herold (feu-
Saidian) à la basse, Bernd Heining (
Skull And Crossbones, Goblins Blade, ex-
Ivanhoe... ) à la batterie et Daniel Galmarini (feu-Mecury Falling) aux claviers. Avec la participation, pour l'occasion, de Steve Dittrich aux claviers et de Michelle
Darkness (
End Of Green, guest chez
Crematory,
Elis,
Powerwolf,
Veil Of Mist,
Savn...) au chant, le groupe ainsi constitué nous immerge au sein d'un univers metal mélodico-symphonique gothique à la fois racé, rayonnant, empreint de délicatesse et de légèreté, dans la lignée coalisée de
Leaves' Eyes (première période),
Theatre Of Tragedy,
Savn,
Elis,
Darkwell,
Xandria et
Sirenia, la petite touche personnelle en prime.
Un soin particulier été apporté à la production d'ensemble : à l'instar de Black
And Damned,
Dark Side Of Me ou encore de
Holy Mother, cet opus jouit d'un mixage et d'un mastering dispensés par le guitariste/claviériste Stefan Leibing (ex-
Primal Fear) ; les lignes de chant, quant à elles, ont été enregistrées par le vocaliste Roland Seidel (Black
And Damned, Ihresgleichen...). En découle une péréquation de l'espace sonore entre instrumentation et sentes oratoires doublée d'une belle profondeur de champ acoustique et de finitions passées au crible. Des conditions d'écoute quasi optimales, incitatives à une traversée au long cours dans cette mer limpide à la profonde agitation intérieure, que l'on espère ponctuée de quelque terre d'abondance...
Et c'est sur une cadence mesurée que s'effectue le plus clair de la croisière, non sans laisser quelques traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon. Ce qu'atteste, en premier lieu, «
Silence in Darkness », mid tempo aux riffs crochetés à mi-chemin entre
Theatre Of Tragedy et
Elis. Pourvu de couplets finement ciselés mis en exergue par les célestes ondulations de la sirène et d'enchaînements intra-piste ultra sécurisés, l'entraînant effort ne se quittera qu'à regret. Dans cette énergie s'inscrit également l'énigmatique «
Secret » qui, voguant sur une mélodicité toute de fines nuances cousue et doté d'un fringant solo de guitare, ne saurait davantage être éludé. On retiendra, enfin, l'enivrant et ''xandrien'' mid tempo « White & Holy » au regard de son refrain empreint de sensualité et de ses insoupçonnées et grisantes variations atmosphériques.
Dans une même dynamique, nos acolytes se sont attaqués au délicat exercice des duos mixtes en voix de contraste. Bien leur en a pris. Ainsi, eu égard à une radieuse rivière mélodique et aux joutes oratoires unissant les growls glaçants de Michelle
Darkness et les cristallines oscillations de la belle, et non sans renvoyer à
Savn, c'est sans ambages que le troublant «
Luminus » nous prendra dans ses filets. Mais le magicien aurait encore d'autres tours dans sa manche, et des meilleurs...
Quand il tempère encore davantage le rythme de ses frappes, le collectif trouve là encore matière à nous retenir plus que de raison. Ce qu'illustre, tout d'abord, «
Stygma », chavirant low tempo dans la veine d'un
Leaves' Eyes des premiers émois ; recelant de sémillantes rampes de claviers signées Steve Dittrich ainsi qu'un refrain immersif à souhait mis en habits de soie par les fluides impulsions de la maîtresse de cérémonie, le félin méfait poussera assurément à une remise en selle sitôt l'ultime mesure évanouie. Sur un même modus operandi, on retiendra encore «
Emphasis » comme « Mantragon », low/mid tempi au carrefour entre
Darkwell et
Xandria, pour leurs truculents arpèges d'accords et leur fin legato à la lead guitare. Enfin, pourtant en proie à quelque linéarité mélodique, l'intrigant «
Heart of Gold » incitera néanmoins le chaland à un headbang subreptice.
Au moment où ils nous mènent en d'intimistes territoires, nos compères se muent en de véritables bourreaux des cœurs en bataille. Ce que révèle «
Parhelion », ballade atmosphérique d'une sensibilité à fleur de peau, que n'auraient sans doute reniée ni
Xandria ni
Theatre Of Tragedy. Pourvu d'un fondant refrain encensé par les limpides et pénétrantes volutes de la déesse et de deux seyants soli de guitare, l'instant privilégié comblera assurément le féru de soyeux espaces.
Lorsqu'elle en vient à diversifier ses phases rythmiques à l'envi, le troupe semble se transcender. Aussi en profite-t-elle pour nous livrer une pièce d'orfèvre. Ainsi, à la lumière de l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre, le polyrythmique « Firelight » happera prestement le tympan du chaland ; au confluent de
Savn et de
Sirenia, cette petite fresque romanesque s'enorgueillit parallèlement de soudaines et grisantes accélérations tout en libérant des portées savamment sculptées et des plus enveloppantes. A la diva, eu égard à ses chatoyantes modulations, d'achever de nous convaincre de se trouver aux prises avec le masterpiece de la rondelle.
On ressort de l'écoute de la goûteuse galette interpelé par la faculté du combo à accoucher de ces séries de notes aptes à nous retenir, un peu malgré nous. Varié sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal, ce premier élan fait également montre d'une palette élargie en matière d'exercices de style. D'aucuns, pour se sustenter, auraient sans doute espéré un propos un poil plus incisif qu'il n'apparaît, quelques prises de risques supplémentaires ainsi que des sources d'influence plus secrètement convoquées. Carences restant à dépasser, il est vrai, que le collectif compense toutefois par une ingénierie du son quasi rutilante, une technicité instrumentale bien rodée mais nullement ostentatoire, des sentes mélodiques délicatement ciselées et engageantes, le plus souvent, et par une signature oratoire aisément identifiable et des plus liantes. Autant de points de force permettant à la formation teutonne d'espérer rejoindre dès lors les sérieux espoirs de cet espace metal. Pour une première incursion en terre d'abondance...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire