Paru en 1989, soit en plein avènement du deathmetal,
Rigor Mortis sort chez MetalBlade/Roadrunner records son E.P. "
Freaks" qui accélère encore le tempo général, cédant à la mode du E.P. qui sera très utilisée au début de la décennie suivante (
Entombed en fut un bon adepte). La bande à Mike Scaccia (R.I.P. au passage) enfonce donc le clou de son album éponyme sorti en 1988, battant ainsi le fer rougi par les sorties thrashmetal de qualité de cette année là ("Dreamweaver", "Handle With Care", "Alice
In Hell" -
Sabbat,
Nuclear Assault,
Annihilator).
La pochette, déjà, interpelle, incarnant parfaitement l'oeuvre cinématographique de
Tod Browning et son "
Freaks, la monstrueuse parade", sorti en 1932. Noir et blanc, personnages difformes, on est loin du cliché thrashmetal classique. Ça donne envie.
Enregistré (fort bien) par Bill Metoyer, le E.P. déploie le style survitaminé qui sied si bien au groupe découvert sur l'album éponyme. Le tempo a accéléré encore, se rapprochant par exemple d'un "
Eternal Nightmare" (
Vio-lence) avec qui les similitudes sont assez apparentes. Même énergie, vocaux dans le même ton quoique plus typés hardcore, construction des morceaux assez similaires, quoique plus courtes. On flirte donc avec le thrashcore pour ce qui est de la rapidité, tel que le pratiquait
Wehrmacht, par exemple, sur son terrible "Biermacht".
"
Freaks" ouvre le bal des monstres, avec un tempo très rapide, virevoltant, avec solo, break, et rythme vraiment échevelé. Du tout bon, dans le lignée de l'album précédent !
"Cattle
Mutilation" et "
Chained In The
Attic" suivent ainsi le même schéma avec refrains scandés à l'arrache et pied au plancher, soli débridés, et batterie de Harden Harrisson à Mach3. Le débit du chanteur,
Doyle Bright, est très rapide, et plaira sans aucun doute aux fans du
Dark Angel de "
Darkness Descends" ou "Leave Scars" par exemple.
"
The Haunted" et son solo introductif, légèrement plus mélodique, fait plus penser à du jeune
Slayer (période "Show No
Mercy" donc). Le morceau en lui-même est moins flamboyant, tout en restant intéressant. Comment ne pas souligner le travail phénoménal du guitariste Mike Scaccia, tant celui-ci amène réellement les morceaux avec dextérité et classe ?
Nous retrouvons sur la doublette "
Six Feet Under/
Worms Of The Earth" cette qualité rythmique, qui fait réellement concurrence à Tommy de
Coroner sur la première partie, instrumentale, de ce diptyque haut de gamme. On sent bien la composition centrée autour de ces riffs uniques, tournoyants, qui réellement sont la marque de fabrique du groupe. Refrain excellent, couplets à toute vitesse dans une composition de grande qualité. Une chanson terrible !
Fort de ses 25 minutes qui passent très (trop) vite, il est dommage que le groupe n'ait pas, avec le recul, pris le temps de faire un vrai album, loupant peut-être ainsi l'accession vers une reconnaissance plus étendue. Les emprunts de noms de groupes envers les titres de cet enregistrement en témoignent,
Rigor Mortis fut néanmoins très respecté en son temps par toute la scène thrashmetal des années 80 et au-delà, à juste titre.
16/20
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