La chronique du jour nous emmène dans une ville qui ne nous dépaysera guère puisqu’il s’agit de « la surdouée », plus connu sous le nom de Montpellier. C’est là-bas qu’est né en 2015 un sextuor du nom d’
Opprobre. Bien qu’étiqueté en tant que groupe de black atmosphérique, nos français se voient être comme un croisement entre black metal, post-rock et metal progressif.
L’histoire de la formation commence en 2016 avec une première démo nommée
Abysses sortie en autoproduction. Un an plus tard, les musiciens sortent leur premier opus
Le Naufrage sous le label
Endless Decrepitude Productions. Cette production fut très inégale avec des alternations entre passages virulents et moments plus atmosphériques, une prestation vocale très maladroite et un mixage approximatif. Néanmoins, les Montpellierains ont réussi à travers certains travaux tels que le duo L’Inconnue ou Danse Catatonique, dont les influences d’
Opeth sont marquantes, à nous convaincre et surtout à les encourager.
Quatre ans plus tard, le sextuor français a subi quelques changements : Cyril Maelstrom fut remplacé par François Arbogast (
All The Shelters) à la basse tandis que Zhand laissa sa place à Vincent Causse à la batterie. Pour la maison de disques, c’est également un changement puisque nos musiciens signent sur le label français Klonosphere dont on doit notamment les dernières sorties de
Scarred, Exanimis ou plus récemment Muddles. C’est à cette date-ci que les Montpellierains publient leur deuxième toile du nom de
Fragments de Destinées.
Ce qui nous frappe d’entrée sur cette seconde parution se situe sur la production. Alors que
Le Naufrage proposait un son oppressant, sale et assourdi,
Fragments de Destinées affiche une vision bien plus moderne et limpide. On est au départ un peu gêné mais on finit par s’y faire rapidement. A l’inverse de son prédécesseur, cet album est nettement moins virulent et joue clairement les cartes aérienne, poétique et surtout émotionnelle. Le chant clair prend plus d’ampleur et on retrouve l’attrait post-rock tant chéri par nos français. De même, ce même travail vocal vient clairement contraster avec un instrumental et une ambiance mélancolique.
L’œuvre démarre avec Vertige Pt.1 et Pt.2. Le premier morceau est une subtile introduction parsemée de notes de clavier. Le second titre est beaucoup plus profond et provocateur avec un chant hurlé tourmenté, désolant entremêlé par un chant clair et des chœurs bienveillants et accommodants. Absence signe la composition la plus marquante du disque. Si l’alternance entre esprit âpre et caractère plus planant demeure présente, c’est surtout sur les parties instrumentales que l’on note le plus gros accomplissement du sextuor. Le balancement entre morosité et luminosité est somptueux et démontre du savoir-faire de nos français.
Le lyrique est quant à lui toujours en français, ce qui permet aussi à nos musiciens de se détacher de certains de ses homonymes. La qualité d’écriture est au rendez-vous avec un registre horrifiant. Certains petits détails apportent leur lot de surprises. Ainsi, l’insertion d’un violon pour un côté plus mélodieux et léger sur Steppes ou la démonstration du clavier sur
Cendres sont d’autant de fulgurances bienvenues qu’elles nous invitent à une nouveau paysage de la part d’
Opprobre. L’évolution est tout aussi notable sur les percussions où les blastbeats et la double pédale sont désormais au cœur des mélodies.
Cependant, on regrettera plusieurs aspects qui viendront altérer notre écoute. La première est la durée total de l’album. Avec pas moins de soixante-dix minutes au compteur, une sensation de longueur se fait vivement ressentir, une étendue qui ne se justifie pas vraiment. On en vient au second défaut de l’album située dans les compositions en elles-mêmes.
Outre les longues durées des titres Indifférence et
Cendres qui font vingt-cinq minutes à eux deux, L’Epreuve est un morceau dispensable puisqu’il se montrera au final assez redondant dans son schéma. La troisième et dernière faiblesse de cet opus tire son origine du chant. Les passages parlés convainquent rarement et le chant clair demeure encore imprécis, même si on remarque du progrès.
Fragments de Destinées n’est pas encore la pépite tant attendu du sextuor français mais a l’immense mérite d’être unique en son genre et surtout d’être sincère. Même si les sonorités contemporaines peuvent déstabiliser, même si l’on relève quelques remplissages, même si le chant clair manque encore de maitrise, cette seconde offrande se montre plaisante et intéressante. Il ne fait aucun doute qu’avec le temps,
Opprobre pourrait se faire une petite place dans la scène metal française et pourquoi pas même dans la scène internationale. Affaire à suivre !
Belle chronique qui me donne envie d'y jeter une oreille. Sinon, ils viennent de sortir un chouette clip pour le morceau "Absence", ça pourrait illustrer encore mieux ;-)
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