Parfois, l'histoire d'une formation artistique est loin de s'assimiler à un long fleuve tranquille, dont celle de ce groupe italo-germanique fondé à Munich en 2020. En effet, né d'une idée originale de trois ex-membres du groupe de stoner progressif Mold, Mindivide officie, lui, dans un metal mélodique progressif, un brin atmosphérique et moderne, soit à quelques encâblures de leurs fondamentaux stylistiques. Sur ces nouvelles bases, quelques mois plus tard, l'auteure/mélodiste et chanteuse Rosanna Taormina, de concert avec les compositeurs et guitaristes Stefano Mancarella et Vito Taormina, entameront l'élaboration de leur premier album studio, «
Fragments » ; une galette de neuf pistes égrainées sur un ruban auditif de 53 minutes, signée chez le puissant label italien My
Kingdom Music. Indice révélateur d'une sérieuse envie d'en découdre de la part du combo teuton...
Pour les premiers enregistrements, réalisés début 2021, seront appelés en renfort deux musiciens professionnels, à savoir : Romina Denaro, à la basse, et Toti Denaro, à la batterie. Au fil du temps et des enregistrements, ce sera au bassiste Markus Kollmannsberger de devenir membre officiel du groupe, participant alors à deux des neuf compositions de l'opus ; enfin, ce sera au tour du batteur Alex Schulz de venir compléter le line-up. Avec le concours de Friedrich W. Kopp, aux growls, sur l'un des titres de la rondelle.
De cette fraîche collaboration, naîtra, un an plus tard, un propos rock'n'metal mélodique progressif et atmosphérique à la fois enivrant, complexe, un poil éthéré, dans le sillage mélodique de
Oceans Of Slumber,
Lacuna Coil,
The Gathering,
Within Temptation,
Autumn et Vuur, et à l'architecture progressive inspirée par
Opeth. Mixé au Mobsound Studios par Alessandro Caneva et mastérisé au Eleven Mastering Studio par Bernie Andrea De Bernardi, le méfait jouit d'une production d'ensemble de bonne facture. Mais montons sans plus attendre à bord du vaisseau amiral, en quête de pépites intimement enfouies dans ses entrailles...
C'est à l'aune de ses passages atmosphériques à la graduelle couverture instrumentale que le combo marque ses premiers points. Ainsi, à mi-chemin entre
Oceans Of Slumber et
Opeth, «
Fragment 28 » se pose tel un mid tempo syncopé et progressif aux riffs épais, pourvu d'un refrain finement esquissé, mis en exergue par les claires inflexions de la sirène, et d'un break opportun assorti d'un fin picking à la guitare acoustique. Dans cette veine s'inscrivent également « Timeless Spaces » tout comme « Timeless Spaces », low tempi progressifs à la fois aériens, un brin éthérés, et essaimant tous deux une insoupçonnée et grisante montée en régime du dispositif instrumental. Mais le magicien aurait encore d'autres tours dans sa manche...
Lorsqu'il en vient à varier davantage ses phases rythmiques, en dépit de la complexité de l'exercice, le collectif parvient néanmoins à nous retenir, parfois un peu malgré nous. Aussi, pourra-t-on se laisser happer tant par la polyrythmie que par les troublantes séquences d'accords jaillissant des entrailles des ''opethiens'' « At Your Whim » et «
Children of Nonsense ». Dans cette dynamique, si l'''automnienne'' fresque « D.I.D. » livre ses quasi 7 minutes d'une traversée aussi riche en variations rythmiques qu'en péripéties, elle se cale toutefois sur une sente mélodique en proie à d'incompressibles linéarités.
Quand la cadence du convoi orchestral se fait plus mesurée, nos acolytes trouvent à nouveau les clés pour nous assigner à résidence. Ce qu'atteste, d'une part, «
Skull », mid tempo metal mélodique au carrefour entre
The Gathering et un
Within Temptation de la première heure. Doté de poignants couplets mis en habits de lumière par les limpides volutes de la déesse, dont le léger vibrato pourra rappeler celui d'une Sharon den Adel à ses débuts, l'enivrant effort ne se quittera qu'à regret. On retiendra, d'autre part, « Reign of Mediocrity » et «
Home », mid tempi dans le sillage atmosphérique de Vuur, pour leurs enchaînement intra piste des plus sécurisants.
Au final, la troupe nous octroie une œuvre aussi troublante que complexe, qui ne se domptera qu'au fil des écoutes. Varié sur le plan rythmique, le propos l'est en revanche bien moins quant à ses ambiances, au moment où les exercices de style tendent à se répéter, duos, instrumentaux et autres ballades manquant à l'appel. Jouissant néanmoins d'une ingénierie du son plutôt soignée, d'une technicité instrumentale et vocale dores et déjà maîtrisée, et témoignant de quelques prises de risques, cet introductif effort pourra interpeller un tympan déjà accoutumé aux travaux de leurs maîtres inspirateurs. Et ce, même si les lignes mélodiques, au demeurant agréables, ne s'avèrent pas des plus inoubliables. Bref, un premier essai à la fois luxuriant et grisant mais encore taillé dans la roche...
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