Une fois que j'ai réussi à ne plus assimiler Memphis qu'à la soul (ce ne fut pas chose aisée tant le style siège solidement dans mes entrailles musicales), j'ai été en mesure de me pencher convenablement sur
Shards of Humanity, combo venu au monde dans cette grande ville du Tennessee en 2009. Leur premier album, "Fractured Frequencies", sort sur un tout petit label, Unspeakable
Axe Recors, plus jeune encore que le groupe car créé l'an dernier seulement. Et sur la seule base de cette galette "fracturée" par les Memphisois (on les appellerait certainement comme ça en France) on peut lui souhaiter un avenir ensoleillé...
En effet,
Shards of Humanity livre un opus mature qui réussit à allier de manière équilibrée les différents genres dans lesquels la formation pioche : thrash, death des origines style
Possessed, voire même doom sur "Species
Ensnared" à partir de sa troisième minute, bien que dans ce disque aux vocaux peu présents, la touche dominante reste néanmoins thrash.
Un thrash puisant ses sources dans celui des 80's, lourdaud, rapide, agressif à la
Kreator ("Aphoticism") nourri de riffs tantôt musclés ("
Shards of Humanity") tantôt groovys ("
Internal Rot", digne de
Pantera) qui donne de quoi pogoter et headbanger sans que cela ne soit décérébré ou linéaire pour autant.
Car le groupe fait preuve d'une solide énergie créative empêchant l'auditeur de s'ennuyer et sachant surprendre. La diversité des motifs composés (un vrai vivier !) permettent des morceaux à tiroirs cohérents comme "
Suspicion", piste finale de sept minutes prouvant l'intelligence du trio dans la gestion et la reprise des phrases musicales sans impression de répétition. Un talent dans la construction et une créativité qui sont notamment palpables dans l'utilisation des solos de guitares, imaginatifs et volontiers frondeurs mais sachant s'arrêter quand il le faut (le solo de "
Astral Agony" est sur ce point parfait).
Très bon commencement pour
Shards of Humanity, plus qu'encourageant, de ceux qui font attendre avec attention un second full-length et une éventuelle date de concert en France ! En attendant, on analysera la pochette invoquant à la fois la sculpture romaine antique, les planches anatomiques, et Giorgio de Chirico si on pousse un peu.
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